Affiche française
Incantations | Hagazussa | 2017
Affiche originale
Incantations | Hagazussa | 2017
Un film de
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oui
Musique de

Incantations

Hagazussa - A Gothic Folk Tale

Au 15ème siècle, la petite Alburn vit seule avec sa mère, dans une petite hutte isolée, perdue dans le massif alpin. Les villageois ne les apprécient pas beaucoup, la mère d'Alburn étant considéré comme étant une sorcière. Au décès de cette dernière, suite aux ravages de la peste, Alburn grandit seule. Devenue une femme, elle s'occupe de Martha, son jeune bébé. Une villageoise, Swinda, lui rend visite de temps à autre. Mais la solitude semble avoir raison de la santé mentale d'Alburn...

Incantations | Hagazussa | 2017

L'AVIS :

Alors, première chose : ne vous laissez pas aveugler par le visuel moderne de l'édition française de Hagazussa, qui ne correspond en rien à ce que vous allez voir. Car pour son premier long-métrage, le réalisateur Lukas Feigelfeld n'a pas choisit la facilité ni l'option "grand public". Il est évident qu'avec le visuel français, le spectateur ne pourra qu'être déçu, voir même en colère de s'être fait rouler comme ça. Soyons bien clair : Hagazussa, dont le sous-titre A Gothic Folk Tale lui correspond parfaitement, pourra être rangé au côté de "The VVitch" de Robert Egers, quand bien même il se montre encore plus hermétique, lent et étrange que ce dernier. Le réalisateur nous emmène dans un curieux voyage, quasiment sans parole la plupart du temps, où la contemplation règne en maître tout comme l'inaction. Tout l'inverse de ce que le visuel français laisse imaginer.

La première partie du film, nous dévoilant la vie de la petite Alburn et de sa mère, que les villageois considère comme une sorcière, est peut-être la partie du film la plus fluide et compréhensible. Le récit se déroule chronologiquement, et Lukas Feigelfeld peut débuter la mise en place de son ambiance, de par sa mise en scène épurée, ses plans fixes, souvent de toute beauté visuellement, et une bande sonore très expérimentale, composée de sons étranges et non musicaux. On découvre que la mère est atteinte de la peste et on attend qu'il se passe quelque chose dans cet univers réaliste mais totalement contemplatif comme déjà dit. La mort de la mère s'accompagne d'une ellipse temporelle et on retrouve Alburn devenue femme, vivant toujours seule dans sa cabane en bois et s'occupant d'un jeune bébé. Et c'est là que les choses se compliquent. On a très souvent la désagréable sensation de ne rien comprendre au film, on se pose plusieurs questions sur les images présentées, qui ne semble pas toujours avoir de logique. Notre réflexion est mise à rude épreuve, on tente de donner un sens à tout ça, on cherche à savoir si le film nous raconte vraiment une histoire et on est souvent en peine de donner une réponse positive à nos interrogations.

Plus le film avance, plus on en arrive à penser que les scènes ne sont pas proposées de façon chronologique en fait, ce qui pourrait expliquer pas mal de choses, à commencer par le fait que Alburn laisse son enfant de longues heures sans surveillance, quittant la maison pour aller se promener par exemple avec sa nouvelle amie Swinda. Une amie qui lui réserve une drôle de preuve d'amitié et, quand on y réfléchit, cet événement dramatique pourrait expliquer la présence du bébé chez Alburn, tout comme la scène de l'étang marécageux, assez intense, peut être un indice s'il est remis dans l'ordre du récit. La structure du film se montre très complexe à mon avis et il faudrait revoir le film après mûre réflexion pour l'analyser et lui donner sens. Pas de jump-scares, pas de scènes d'horreur, tout est dans le suggéré, les allusions et plusieurs interprétations sont possibles. La sorcellerie est bien présente mais pas de manière frontale, elle donne plutôt dans la métaphore, à nous de lui donner sens encore une fois. Le film est divisé en quatre parties, baptisées Ombre, Corne, Sang et Feu. Réaliste tout en étant parfois onirique et fantasmagorique, Hagazussa nous plonge également dans la psyché de son héroïne, à travers des scènes qui mettent mal à l'aise, telle la traite de la chèvre qui s'accompagne d'allusions sexuelles troublantes.

La monotonie de sa vie, son isolement également, son passé aussi, et les croyances mystiques de ce siècle, jouant très certainement sur son étrange comportement. Il faut donc faire un réel effort pour visionner Hagazussa, pour s'en imprégner et découvrir où veut nous emmener le réalisateur et que nous raconte son histoire. La plupart des spectateurs finiront par sombrer dans l'ennui le plus total à mon avis, complètement laissés de côté par la nature même du film. Les autres se laisseront bercer par les images et une fois le générique de fin se mettant à défiler, ils repenseront à ce qu'ils viennent de voir et mettront tout en oeuvre pour décortiquer tout ça, quitte à y revenir un peu plus tard pour mettre en lumière tous ces éléments qui semblent n'avoir, à priori, ni queue ni tête. Ce qui n'est sûrement pas le cas évidemment. En tout cas, la forme est bien là, les images sont superbes et ceux qui apprécient Lynch, Tarkovski et le film de Robert Egers ne manqueront pas de s'y frotter, pour vivre une expérience filmique difficile certes, mais certainement intéressante une fois qu'on aura fait place nette dans notre esprit. A noter quelques séquences malsaines de par ce qu'elle laisse suggérer.

Incantations | Hagazussa | 2017
Incantations | Hagazussa | 2017
Incantations | Hagazussa | 2017

* Disponible chez Condor Entertainement et en Blu-Ray chez Arrow Vidéo

Bande-annonce
Note
3
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Stéphane Erbisti