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HONEYMOON (2015) | LUNA DE MIEL | 2015
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HONEYMOON (2015) | LUNA DE MIEL | 2015
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Honeymoon (2015)

Luna de miel

Voilà quelques temps maintenant que Jorge Toledo épie Isabel Herrera, une jeune joggeuse qui court chaque matin dans son quartier avant de prendre une boisson dans l’épicerie d’en bas et de disparaître au coin d’une rue.. Un rituel journalier que notre homme a bien remarqué, lui qui va essayer à plusieurs reprises de croiser le regard de cette belle jeune femme.
Mais voilà, Jorge Toledo ne semble pas faire le poids avec le prince charmant de la belle et ce dernier va alors décider de la kidnapper en pleine rue pour la séquestrer dans l’unique but d’en faire sa compagne, à l’abri des regards...

HONEYMOON (2015) | LUNA DE MIEL | 2015

L'AVIS:

Présenté en avant-première mondiale en 2015 au BIFFF (Festival International du Film Fantastique de Bruxelles), "Luna de miel" (titré "Honeymoon (2015)" chez les anglophones mais également sur notre territoire, à ne pas confondre avec le "honeymoon" sorti l’année précédente et réalisé par Leigh Janiak) avait fait son petit effet, lui qui était alors attendu comme l’un des titres phares de cette 33ème édition du festival belge.

Disponible chez Zeno Pictures et Uncut Movie, ce n’est que trois ans plus tard que je découvris ce titre qui, avec notamment "atroz", "mexico barbaro" ou encore "all men are bastards" (tous sortis entre 2014 et 2015), signait là une véritable explosion du cinéma fantastique et déviant mexicain.

Ville réputée pour ses kidnappings parmi d’autres joyeusetés diverses et variées (prostitution, trafic de drogues, trafic d’armes...), Mexico est le siège ici d’un kidnapping pas comme les autres. En effet, exit les demandes de rançon et autres rapts dans l’unique but sadique de torturer et abuser d’une jeune femme, notre ravisseur cherche vraisemblablement dans "honeymoon (2015)" à faire chavirer le cœur de sa victime et à en faire sa compagne.

Thriller, film de tueur fou, torture porn... Tant de sous-genres horrifiques pour tenter de qualifier cette œuvre en provenance d’Amérique du Nord qui nous dépeint un rapt et plus particulièrement les relations entre un ravisseur et sa proie.

Car si "honeymoon (2015)" parvient à rester dans les mémoires de nombreux cinéphiles, c’est bien pour l’originalité de son scénario et plus particulièrement cette façon qu’il a d’aborder la relation entre le kidnappeur et sa victime.

Dès les premières minutes du film, nous comprenons que nous avons affaire à un ravisseur méthodique (tout est chronométré dans les faits et gestes de sa future victime), réfléchi (nous suivons les achats de gadgets qui serviront pour la séquestration de la malheureuse jeune femme), ne laissant aucunement la place au hasard ou au doute (il va lui-même essayer sur lui un collier pour chiens anti-aboiement délivrant des décharges électriques) et surtout déterminé (le kidnapping se fait en pleine rue, la jeune femme étant endormie et balancée dans le coffre d’une voiture).

Quinze minutes auront suffi pour nous retrouver dans l’antre de ce kidnappeur de Jorge Toledo, bien décidé à parvenir à ses fins dans cet appartement sombre aux murs défraîchis, endroit parfait pour nous dépeindre une atmosphère anxiogène et glauque à la fois. Car passées deux-trois petites touches d’humour (des tentatives d’approche manquées par notre maladroit et timide Jorge, sans oublier les fameux essais du collier pour chiens durant lesquels il se prend de bonnes décharges...) rapidement gommées par une noirceur du script à toute épreuve, il ne sera plus question de prêter à sourire devant "honeymoon (2015)", le film de Diego Cohen virant dans l’horreur pure où un sentiment d’enfermement et d’impuissance se fait cruellement ressentir chez le spectateur.

Avec peu de dialogues (nous évitons les tirades à rallonge inutiles comme nous pouvons souvent en voir dans les films axés survival notamment) et une musique presque poétique par moments, renforçant parfois même le côté énigmatique/mystérieux de la situation dans laquelle se trouve la malheureuse Isabel, "honeymoon (2015)" réussit le pari de nous faire vivre cette expérience quelque peu hors du commun dans laquelle les relations entre captive et geôlier sont clairement au cœur de l’intrigue et évoluent de façon parfois inattendues, attisant la curiosité d’un spectateur impatient de savoir comment tout cela va se finir.

Alors que Jorge se montre au départ serein, calme, posé et attentionné (il prépare des petits plats faits-maison, confectionne une garde-robes...) vis-à-vis d’Isabel, cette dernière au contraire (et logiquement me direz-vous) est révoltée (les insultes et menaces fusent), hurle et se débat pour essayer d’intimider et faire renoncer son ravisseur.

Des excès verbaux et des tentatives de s’échapper qui poussent Jorge à sévir. Tout d’abord à l’aide d’injections de tranquillisants et de petites décharges électriques, puis par des tortures/punitions (qu’il nomme « des petites leçons ») : acide administré par voie orale de force par pulvérisations, retrait de la peau sur plusieurs doigts, écartèlements... Le pourtant si calme et si amoureux Jorge n’y va pas de main morte avec sa « dulcinée » (un paradoxe des plus étonnants), les séquences choc certes peut-être pas nombreuses marquent cependant les esprits pour chacune d’entre elles !

Très vite, la jeune femme comprend qu’elle n’aura pas aussi facilement le dessus dans cette relation à deux et n’a pas le choix que de subir (une séquence de viol pointera notamment le bout de son nez), cette dernière étant par ailleurs devenue très docile à force de se voir injecter des seringues de tranquillisants.
Des séquence de rêves ou de pensées avec son amoureux montrent ici la seule façon qu’elle a de s’échapper de cet enfer (un peu à la manière d’un "ghostland" de Pascal Laugier) dans lequel son ravisseur fait en sorte de lui faire oublier son passé (tout commence par son alliance jetée dans les toilettes, puis un mariage forcé peu ordinaire, pour ensuite lui demander de ne plus faire allusion à sa vie passée).

Isabel voit pourtant clair dans le jeu de son ravisseur : ce dernier est fou amoureux d’elle, c’est une évidence, et il aimerait assurément provoquer en elle un syndrome de Stockholm.
Isabel se rend compte progressivement de la « non-méchanceté » de son ravisseur, malgré quelques moments durs (« Ne t’avise plus d’évoquer ton passé » lui lance-t-il sèchement) et des méthodes très brutales pour se faire entendre et écouter. Elle va alors essayer de l’attendrir (elle demande à ne pas rester attachée, à avoir un peu de liberté, peut-être même à voir l’extérieur...) et de l’affronter sur le plan émotionnel (« je veux voir tes yeux quand je te parle » lui lance-t-elle alors en pleine détresse) : elle connait la corde sensible de son ravisseur et va tenter de l’amadouer, de jouer avec ses sentiments... Une phase de répulsion/révolte qui va donc donner lieu ensuite à une phase de séduction pour essayer de se libérer de son geôlier...
Mais stop : n’en disons pas plus et laissons les derniers actes vous surprendre un petit peu quand-même hein !

Belle petite surprise que ce "honeymoon (2015)" alias "luna de miel" qui vient compléter la petite collection de films déviants mexicains que nous propose l’un de nos éditeurs favoris Uncut Movies ! Angoissant et anxiogène pour ne pas dire étouffant (cette sensation d’emprisonnement et d’impuissance est très bien rendue), rude et cru par moments, ce petit film nous plongeant au cœur d’un kidnapping peu ordinaire mérite amplement un visionnage.

[Amusant quand on sait que votre rédacteur bientôt marié souhaite justement aller au Mexique pour son voyage de noces...]

HONEYMOON (2015) | LUNA DE MIEL | 2015
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Note
4
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David Maurice