Affiche française
HIGH SPIRITS |  | 1988
Affiche originale
HIGH SPIRITS |  | 1988
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High spirits

C'est dans la vaste lande irlandaise que Peter Plunkett s'occupe du château familial qu'on lui a légué. Mais le pauvre homme est endetté jusqu'au cou et ne songe qu'à une chose : le suicide. Avec l'aide de quelques cousins et amis, il trouve une solution miraculeuse pour résoudre ses problèmes d'argent : transformer le château en hôtel (faussement) hanté ! Idée farfelue certes, ce qui ne l'empêche pas de mettre en place des fausses apparitions de spectres et de remplir la bâtisse de pièges et diverses illusions. Lorsque les premiers clients américains arrivent, c'est la catastrophe ! Le bus est victime d'un accident ubuesque et plonge directement dans le lac des environs. Humides et furieux, les clients ne sont pas au bout de leurs surprises… et nous non plus !

HIGH SPIRITS |  | 1988

Surtout réputé dans le domaine cinématographique pour ses drames et ses comédies dramatiques, Neil Jordan s'est cependant attelé brillamment au fantastique, non pas à l'horreur gore ou grand guignolesque mais plutôt à une nouvelle vision du genre, empruntant aux légendes et aux contes, et surtout aux créatures les plus fascinantes (et les plus vieilles) du répertoire surnaturel : les loups-garous avec "La compagnie des loups", les vampires avec "Entretien avec un vampire" et les fantômes avec "High Spirits".

Seulement ce ne sont pas les fantômes tout droits sortis de "Amytiville la maison du diable" ou de la Hell House de "La maison du diable", encore moins ceux de "Poltergeist", mais de pur fantômes anglais, errant dans les vieux châteaux poussiéreux de la vieille Ecosse ou de l'Irlande, devenant actuellement l'argument touristique premier de certaines régions d'Angleterre.

Ce genre de spectres-là, aussi intéressant soit-il, reste assez rare au cinéma, et Jordan peut enfin offrir un film dédié à leur gloire, en versant certes dans la comédie, mais aussi en insufflant une bonne dose de fantasmagorie plus sérieuse.

Le film ne connaitra aucun succès malgré les moyens mis en œuvres et sa qualité générale, et se fera vite détrôné par d'autres comédies fantastiques comme "Sos Fantômes 2" ou "Beetlejuice", réalisés eux aussi à la fin des années 80. Le concept du film, savoureux, rejoint celui de "La nuit de tous les mystères" mais dans son sens inverse : un hôtel truffé de faux fantômes se révèle rapidement réellement hanté. Mais là où Jordan aurait pu profiter d'un humour gras et d'une réalisation fade, il y préfère un grand soin aux décors, au son et aux effets spéciaux, et un humour savamment dosé, assez présent il est vrai, mais qui épargne certaines scènes et plus particulièrement le personnage fascinant de Daryl Hannah, sans doute ce que le film nous apporte de mieux.

Le château, immense et souvent en ruine, a été principalement fignolé par Anton Furst, qui travailla également sur "Batman" (Oscar des meilleurs décors d'ailleurs) et sur "La compagnie des loups". Le travail de Furst pour "High Spirits" ne sent jamais le toc, et se montre comme un véritable régal pour les yeux (à savoir : certaines séquences furent tournées dans un véritable château irlandais). Les yeux justement, pourront se régaler de nouveau puisque c'est Alex Thompson (présent sur "Excalibur", "Legend", "Léviathan" ou "Alien 3", pfiou !) qui se retrouve de nouveau à la barre de chef opérateur. Tout est mis en œuvre techniquement pour que le film de Jordan fonctionne, même au niveau sonore avec une partition musicale littéralement bondissante (et envoûtante) signée George Fenton.

Vieil homme fatigué et suicidaire, Peter Plunkett se retrouve incarné par un Peter O'Toole quelque peu âgé mais en très grande forme, qui ne sera cependant pas le héros de l'histoire, contrairement à ce qu'on pourrait croire. Maladroit, hystérique et bouillonnant d'idées (enfin, quand il veut), Peter Plunkett déverse dans son château/hôtel une flopée d'ectoplasmes factices, joués pour la plupart par ses camarades d'infortune : momie qui danse, spectre féminin volant, lit tourbillonnant, chevalier spectral… Rien ne marche face aux clients américains, dubitatifs et outrés, cherchant à présent à s'en aller au plus vite. Mais pendant cette soirée ô combien longue et bruyante, un touriste américain, Jack, déambule dans le château complètement saoul et aperçoit un couple de fantômes s'adonnant à un rituel malsain depuis la nuit de leur décès : le mari assassine la femme, puis disparaît. Décidément agité, Jack brise le rituel et libère la très belle Mary Plunkett, une ancêtre de Peter cherchant en vain la paix.

Au moment du départ définitif, les fantômes de la demeure se déchaînent et envoient valdinguer la voiture des touristes, à présent bloqués avec les véritables spectres. L'occasion d'assister à de nombreux quiproquos entre le couple de fantômes Mary/Martin et celui humain (mais dépressif) Jack/Sharon. Les manifestations se font violentes ou discrètes selon les moments, mais le pire est à craindre : la nuit de la Toussaint, les fantômes sont libres et prennent une forme bien distincte pour aller terroriser du vivant.

En plus des personnages déjà bien frappés (un jeune prêtre tenté par une délicieuse créature, une famille dont le père analyse les phénomènes paranormaux, un fantôme vicelard incarné par Liam Neesson (!!), une épouse insupportable accro au Valium…), Jordan nous balance une superbe galerie de fantômes allant du plus classique (Poltergeist, couple d'ectoplasmes frappé d'une tragique malédiction…) au plus farfelu (morts-vivants emmurés, squelette volant, cheval qui parle, tempête frappadingue, théâtre de carton pâte, nonnes maléfiques…). Mijotés avec amour, les SFX se regardent avec un grand plaisir et se montrent définitivement tapageurs lorsque les esprits se déchaînent (la scène des marécages avec cette subite invasion d'apparitions spectrales). C'est dans le pétillant casting qu'on trouvera une certaine Jennifer Tilly (30 ans au compteur déjà), en splendide tentatrice (dévoilant d'ailleurs furtivement un sein… oh ça va je sais très bien que vous n'attendez que ça, petits cochons !!), ainsi que le piètre Steve Gutenberg, qui évite heureusement de faire crouler le film sous ses vannes et ses habituelles pitreries. Tant mieux…

C'est dans une atmosphère fantomatique du plus bel effet que "High Spirits" dévoile aussi un fantastique soigné et inquiétant, dégagé avant tout par de magnifiques plans et la présence de Daryl Hannah en jolie fantomette irlandaise. Un personnage sobre, beau, teinté d'érotisme et qui transpire ces histoires de fantômes à la destinée tragique, attendant désespérément leur vengeance ou l'impossible retour d'un(e) bien aimé(e), dans une forêt lugubre teintée de brouillard, un château en ruine ou une demeure abandonnée dans la lande. Une sorte de cliché trop rare dans le cinéma fantastique, et que Jordan réussit enfin à matérialiser sur grand écran. Superbe, fragile et livide, Daryl Hannah sera pourtant nominée (par des idiots…) aux Razzie Awards pour sa performance pourtant si touchante. Une bien belle (re)découverte que ce "High Spirits", bien plus malin que certaines comédies fantastiques (lourdaudes) des années 80/90.

HIGH SPIRITS |  | 1988
HIGH SPIRITS |  | 1988
HIGH SPIRITS |  | 1988

- Le film a fait l'ouverture du festival d'Avoriaz de 1989.

- Le dvd zone 1 avec sous-titres français est disponible chez MGM.

Note
5
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Jérémie Marchetti