Guinea pig 3 : he never dies
Za ginipiggu 3 : senritsu ! shinanai otoko
Travail routinier et ennuyeux, collègues non appréciables, patron irrespectueux : Hideshi ne supporte pas sa vie d'homme de bureau dans une société implantée à Tokyo. Méprisé, cible de critiques diverses et variées, bête noire de son directeur, le jeune homme décide de ne plus venir travailler et s'absente durant quatre jours.
Pendant cette courte période, Hideshi va rester cloîtré entre ses quatre murs, passant son temps à faire des singeries devant la télévision, à fumer et à manger des chips dans un appartement qui semble s'être transformé en décharge publique pour l'occasion.
C'est en voulant mettre fin à cette triste existence qu'Hideshi va se taillader les veines et va s'apercevoir avec stupeur que le sang ne coule qu'un très faible instant et, pire, qu'il ne ressent aucune douleur… Immortel ? C'est ce que le jeune homme va tenter d'approfondir en commençant à se mutiler diverses parties du corps. Commence alors un véritable carnage perpétré sur sa propre personne, des automutilations plus sadiques les unes que les autres.
"He never dies" est le troisième opus de la saga culte des Guinea Pig, célèbre pour ses excès sanguinolents et pour le sadisme à toute épreuve qui émerge de ses films, principalement les deux premiers volets, "devil's experiment" et "flower of flesh and blood".
Cependant, là où les deux premiers opus étaient des œuvres ayant pour but de montrer un pseudo snuff tout en essayant de conserver un maximum de réalisme et de sérieux, ce troisième épisode est totalement différent, celui-ci préférant jouer la carte de l'humour grandguignolesque. Partant sur le concept de l'immortalité, "he never dies" est un véritable défouloir pour des petits génies des effets spéciaux sanglants et trashs où s'enchaînent les mutilations les plus perverses et les plus sadiques possible, toujours dans la joie et la bonne humeur.
Introduit par une séquence nous représentant un présentateur de documentaire télévisuel, le film est annoncé comme étant une histoire vraie tirée de faits réels (il n'en est rien vous vous en doutez bien évidemment). Une sorte de clin d'œil du réalisateur aux deux premiers épisodes qui avaient profité de leur réalisme à toute épreuve pour faire croire à de vraies vidéos. D'emblée, cet opus de la saga des Guinea Pig montre son côté kitch, amateur et distrayant au possible en nous donnant un générique sur fond de musique punk asiatique qui nous montre que nous ne sommes plus dans l'univers glauque des opus précédents mais bien dans un Guinea Pig totalement différent, proche du cartoon.
Voilà bien le premier Guinea Pig pourvu d'un scénario, même si celui-ci, reconnaissons-le, n'est pas très recherché (mais possède toutefois son petit lot de surprises et de retournements de situation), laissant la part belle aux effets spéciaux et aux situations burlesques du film. Car des franches rigolades, il y a de quoi en avoir en regardant cet opus complètement dingue (référence notamment à cette scène où Hideshi se coupe la main et se dit d'un air embêté et gêné "Que va dire mon père ?" ou encore cette séquence où le jeune homme, désireux de mettre fin à sa vie, compose le numéro des urgences pour dire à son interlocuteur "Je ne peux pas mourir : je me suis tranché les veines et je ne saigne plus" et celui-ci lui répond alors "C'est bon signe").
Outre ses excentricités, "he never dies" est une satire de la société japonaise qui nous compare le fonctionnement d'une entreprise nippone à une sorte d'esclavage où les salariés sont de véritables fourmis obéissant à un chef sans pitié. Le présentateur le dit ouvertement lorsqu'il nous présente Hideshi : "cet homme est affecté physiquement et mentalement", renforçant ainsi ce sentiment d'infériorité et d'impuissance qui s'empare progressivement d'Hideshi, las de son travail ennuyeux et laborieux mais également vexé par les réprimandes de son chef et méprisé par bon nombre de ses collègues de travail. Ce troisième opus des Guinea Pig traite donc en parallèle d'un phénomène de société encore contemporain (pour s'en rendre facilement compte, il suffit d'écouter les informations qui divulguent chaque année le nombre de suicides au Japon dus à l'intensité de la scolarisation ou à la cadence infernale que mènent bon nombre de salariés en entreprise sous la pression de la hiérarchie).
Surmené, las de sa vie de simple pion et oublié de tous, Hideshi décide de ne plus quitter son appartement, tout d'abord pour voir si quelqu'un se soucierait de son absence prolongée puis par simple débauche, préférant passer ses journées à se détendre, rigoler tout seul, fumer, manger des cochonneries tout en restant vêtu de son pyjama, trainant les pieds dans son appartement dont le sol et les meubles sont jonchés de détritus. Une façon très efficace que choisit le réalisateur Masayuki Kusumi pour nous montrer ce sentiment de détresse qui émane de l'attitude et du comportement d'Hideshi, en proie à la folie.
Le contexte est posé et l'équipe du film peut alors passer aux choses sérieuses : les effets sanglants. Déraisonné, Hideshi va se taillader le poignet à l'aide d'un cutter. Un premier effet très convaincant, filmé en gros plan, montrant la fine lame du cutter trancher doucement la peau et laissant couler le sang le long du poignet. C'est à ce moment que le malheureux va se rendre compte que quelques secondes plus tard la plaie ne saigne déjà plus et pire encore que le fait de se trancher le poignet ne lui a fait ressentir aucune douleur, pas même passagère.
Animé par cette volonté de savoir s'il est immortel (ce qui reflète une fois de plus sa folie aigue), Hideshi va alors s'adonner à diverses mutilations : stylo qui transperce le bras, main coupée à l'aide d'un couteau de boucher, tranchage de cou (avec en prime un joli flot de sang jaillissant de sa bouche qui n'est pas s'en rappeler une séquence de "flower of flesh and blood", le deuxième opus de la saga)… Les scènes d'automutilation sont assez réalistes, même si l'on sait dès le départ que tout n'est qu'illusion, contrairement aux deux premiers épisodes des Guinea Pig où le doute pouvait toutefois subsister à l'époque de la découverte des vidéos. Sanglantes et désopilantes à la fois (il faut le voir en train de se couper la main et ensuite la rattraper pour finalement se dire "pffff, à quoi elle me servirait maintenant !"), les scènes d'automutilation demeurent réalistes, le réalisateur ne cherchant pas à faire jaillir des hectolitres de sang comme bon nombre de films gores au sens cinématographique du terme (gore = bonne dose d'humour + hémoglobine ou scènes trashs) mais préférant plutôt se focaliser sur son personnage hilarant dans ses tentatives de se prouver par A+B qu'il est immortel, chose totalement absurde et fruit d'un esprit malade.
C'est alors que Masayuki Kusumi a une idée tout simplement géniale. Suite à cette première série d'automutilations, il décide de faire culpabiliser son personnage : celui-ci se rend compte qu'il ne peut pas mourir mais a soudain peur de devoir finir sa vie dans ce corps affreusement mutilé ! ("je n'ai plus rien d'un être humain" déclare-t-il). Mais Hideshi pense alors à son patron, cet immonde personnage pour lequel il ne voudrait plus travailler pour rien au monde. Il s'imagine également l'un de ses collègues de bureau qui lui dit qu'il en chie peut-être au boulot mais que lui au moins sera libéré de cet esclavagisme une fois mort, alors que ce pauvre Hideshi n'a même pas le droit de mourir lui !
S'ensuit alors une deuxième série de tortures ayant pour but clair et net cette fois-ci de montrer qu'il peut mourir et qu'il ne vivra pas dans ce corps immonde (qu'il s'est lui-même fait : comble du drame) pour l'éternité (je vous aurais prévenu, c'est tout simplement dingue comme scénario) : strangulation, équerre dans le crâne, hache plantée en pleine tête… Afin de se venger du monde ingrat qui l'entoure, et ayant compris qu'il ne pouvait mourir, il va décider de tirer profit de la situation pour tétaniser l'un de ses collègues de travail qu'il fera venir chez lui en pleine nuit. Et là encore, le réalisateur ne lésine pas sur le gore : Hideshi prend un malin plaisir à s'éventrer (en gros plan toujours) devant son collègue pour ensuite lui balancer en plein visage intestins, estomac, vessie et autres organes (séquence clin d'œil du réalisateur pour nous rappeler une fois de plus que nous sommes dans la saga des Guinea Pig malgré le côté délirant du film : cette séquence, tournée au ralenti et de manière floutée par moments, rappelle sans ambiguïté la scène du lâcher d'entrailles du premier opus "devil's experiment").
Afin d'éviter tout spoiler, je ne parlerai pas de la fin du film qui contient elle aussi son petit lot de surprises. Mais quoiqu'il en soit, ce petit film de 40 minutes qu'est "he never dies" se doit d'être vu au moins une fois, ne serait-ce que pour ce côté gore à 100% et ce scénario tout simplement dingo, parsemé de rebondissements (malgré la faible durée du film), même si celui-ci ne casse pas des briques au final il faut bien l'avouer.
Ne parlons pas des acteurs qui sont des amateurs purs et durs mais qui jouent de manière honnête, du moins tel qu'on l'attend quand on s'apprête à regarder ce genre de film complètement déjanté, à l'image par exemple d'un "bad taste" ou d'un "evil Ed".
Au final, "he never dies" fait sans conteste partie des bons opus de la saga, au même titre que les épisodes 1, 2 et 4 même si celui-ci, à l'inverse des trois autres, se différencie nettement par cet esprit très cartoon rafraîchissant. Avec un rythme fort soutenu (on ne s'ennuie pas une seconde), des situations burlesques, des effets très trashs et saignants à la fois, ce troisième opus de la saga des Guinea Pig marque, certes, un tournant radical de la saga vers la comédie (chemin que ne suivra pas le quatrième volet mais que reprendra le sixième par exemple) mais le fait de manière on ne peut plus honnête. On regrettera peut-être que certaines situations ne vont pas assez loin dans le trash et que certaines séquences auraient pu être montrées (la décapitation par exemple) mais bon ne chipotons pas et apprécions ce petit film comme il se doit.