Affiche française
FLOWERS | FLOWERS | 2015
Affiche originale
FLOWERS | FLOWERS | 2015
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Flowers

Flowers

Six jeunes femmes se réveillent dans des espaces sanitaires sales et sordides. Ces derniers se trouvent sous la maison d'un tueur. Elles découvriront peu à peu les causes qui les ont conduites dans ce cauchemar...

FLOWERS | FLOWERS | 2015

Les films obscurs ne cessent de s'accumuler dans le cinéma d'horreur underground, certains jouent sur un niveau de violence illimité et d'autres sur le gore pour le plaisir des yeux. Pour ce qui est de l'artiste Phil Stevens, auteur d'œuvres d'art surréalistes et horrifiques, il ne s'écarte pas de son domaine pour livrer un film tel que "Flowers".

Annonçant directement l'absence totale de dialogue et le penchant pour l'onirisme afin de rendre le métrage purement expérimental, l'artiste décalé profite de son savoir-faire pour soigner les images et l'ambiance qui seront les deux principaux avantages du film. Sans indices de repérage, nous sommes plongés dans une espèce de purgatoire où nous suivons le trajet de six jeunes femmes après leur réveil dans des lieux crades reflétant la mort et la saleté.

Même si quelques minutes laisseront à peine apercevoir le tueur responsable de leur situation, nous n'aurons droit au dénouement (prévisible) qu'à la fin après un long parcours morbide de chacune des protagonistes. Comme promis dans l'attirant trailer, la photographie est constamment soignée, contrastée et d'une teinte idéale pour ressortir les décors sordides qui n'arrêtent pas d'empoisonner l'écran de notre télévision dans le bon sens du terme.

La présence de cadavres putréfiés ne semble évidemment pas signifier la gaieté et il est préférable que le visionnage du film se fasse avant ou après un repas ne serait-ce que pour supporter voir une des actrices ramper dans une espèce de conduit crasseux remplis de pourriture et de restes humains. L'atmosphère claustrophobe est très oppressante et se tient dans un silence peu rassurant, Phil Stevens arrive à parfaire l'ambiance en respectant une excellente stylisation des plans de caméra rendant les séquences captivantes.

En terme de gore, les mort de faim seront servis mais là n'est pas le but de ce long-métrage transgressif. Etre avant tout sensoriel et artistique est le but premier de ce cher artiste fasciné par les peintures morbides. "Flowers" pourrait être considéré comme un véritable tableau macabre animé pendant plus de 1h20. Une durée qui paraîtra pour certains comme un gros défaut enlevant tout ressenti avant de tomber légèrement dans l'ennui. En effet, certaines séquences sont beaucoup trop longues et le rythme zéro du film n'aidera pas le spectateur à rester éveillé si ce dernier se retire petit à petit de l'ambiance malsaine et cauchemardesque.

Phil Stevens laisse trop traîner ces scènes bien qu'elles soient souvent jolies et glauques; au point qu'une bonne vingtaine de minutes auraient pu être retirées pour réduire ce très long voyage silencieux.
Mais la beauté de certaines images émerveillera les amoureux de l'art transgressif et déviant. Sans oublier cette fameuse séquence dans la salle de bain ou baigne un cadavre quasiment « squelettisé » dans une bouillie de sa chair morte, la scène de dégustation de nourriture avariée en présence d'un cochon assis à la table, ou encore le dernier quart d'heure où la dernière protagoniste découvre l'intérieur d'elle-même devant un miroir et laissant apparaître une sublime touche de poésie gore.

Ce film est construit comme un huis clos installant un climat sombre respirant le désespoir mêlé à de somptueuses images dignes d'apparaître dans un musée d'art exposant des peintures horrifiques, mais a tendance à ralentir l'enthousiasme de celui ou celle qui s'impatientera de passer à la séquence suivante après avoir régalé ses yeux. L'artiste aurait dû s'en tenir au moyen métrage pour rendre son œuvre plus accessible et où la submersion aurait été constante de la première à la dernière image. Hors, le mystère omniprésent a de quoi intensifier le surréalisme de la situation dès lors où nous remarquons les étranges et énormes sutures en "Y" des six jeunes prostituées pouvant nous éclaircir les causes de leur souffrance psychologique dans ces pièces fermées et isolées. Un film ne jouant que sur la forme et son aspect visuel et non sur sa profondeur qui avait, cependant, le potentiel pour être riche et symbolique.

L'esthétisme est donc irréprochable et cet exercice de style atteint très bien son but en arrivant à donner l'illusion d'un montage de plusieurs œuvres macabres assemblées l'une à l'autre pour former une animation cohérente et sensationnelle.

Malheureusement, le vide scénaristique et l'absence de dynamisme gâchent toute la saveur voulue pour finalement en laisser qu'une partie plutôt agréable mais se goûtant avec beaucoup trop de lenteur.
Une sympathique découverte d'un film cauchemardesque, dépressif, sombre, sale et original, s'écartant des films gore underground aux ingrédients semblables et restant avant tout dans une optique artistique avant d'être dans celle du divertissement, mais réduit par ses grosses maladresses empêchant l'hypnose de faire entièrement son effet sur nous.

Les avis seront partagés.

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Note
3
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Nicolas Beaudeux