Fairytale
The haunting of Helena
Sophia, une mère divorcée depuis peu part vivre avec sa fille Helena à Latina dans le sud de l'Italie avec l'espoir de démarrer une nouvelle vie. Elles emménagent donc dans une vieille demeure où elles trouvent une armoire mystérieuse… A la suite d’un accident de voiture malheureux au cours duquel elles sortent quasi indemnes physiquement, la petite fille perd sa première dent de lait, mais commence à raconter qu'elle reçoit les visites nocturnes d’une étrange femme qui prétend être la fée des dents. Helena se met alors à collecter les dents de lait de ses camarades de classe en échange de pièces de monnaie antédiluviennes dont on ignore la provenance, ce qui inquiète sa maman qui pense qu’elle est devenue folle. Mais l’est-elle vraiment ?
Fairytale, long-métrage d’horreur italien aussi titré « The haunting of Helena » dans certains pays est sorti en Turquie en 2012 (sous le titre « Kabus », c'est-à-dire « Cauchemar »), dans quelques contrées en 2013 et directement en DVD chez nous la même année. Ce parcours assez singulier pour un film transalpin témoigne de la difficulté actuelle de cette nation, considérée autrefois comme le Landerneau du film de genre, à nous sortir de petits bijoux innovants. Je vous l’annonce de but en blanc, le métrage de Christian Bisceglia et Ascanio Malgarini qui n’ont rien réalisé de notable jusqu’alors, ne dérogera pas à cette tendance. Fairytale recycle l’intrigue de "Dark Water" de Nakata ou du récent "Babycall" de Sletaune à celle de "Nuits de terreur" (aka « Darkness Falls ») de Liebesman, d’origines différentes (franco-japonaise, norvégienne et australo-américaine pour être précis) ce qui sied bien finalement à la genèse d’un film à vocation internationale. Ici, il est question d’une femme fraîchement divorcée qui emménage dans un nouveau logement avec sa fille lorsque d’étranges phénomènes commencent à s’y produire. Ces derniers seraient liés au passé trouble des anciens propriétaires de la demeure sur fond de légende urbaine ancienne à savoir la fameuse « Tooth Fairy » (que l’on traduirait par « fée des dents ») si chère aux américains, qu’on connaît chez nous sous l’appellation de « Petite Souris », moins effrayant, je vous le concède. On aura le droit par la suite à quelque chose de finalement très stéréotypé puisque l’on devine sans peine que la mère et la fille vont devenir les cibles d'une fée vengeresse et devront percer le mystère de ce qui s'est passé avant dans leur habitation et qui a dû être terrible. Pas très inédit, avouons-le, ce qui nous éloigne d’un Argento séminal.
Pourtant, considérant le manque d'originalité dans la structure de l'histoire, j'ai été surpris de la façon dont le film est relativement efficace, particulièrement grâce à l'ambiance créée : la musique de ton bas, les visuels nuageux et sombres, l’atmosphère globale lourde et dépressive, c'est quelque chose à voir et à ressentir plutôt qu’à expliquer. De plus, il est devenu rare de voir un film de fantôme sans avoir de longs cheveux noirs qui dégoulinent devant le visage, des astuces musicales comme de grands bruits perçants destinés à faire peur alors que rien de frappant ne se passe à l’écran et autres jump scares. Non, vous n’aurez rien de tout cela ici. Tout ou presque est dans le climax. Par ailleurs, trouver de nos jours un film d'horreur avec une bonne fin est devenu chose ardue, alors en trouver un avec une fin inattendue est une véritable rareté. Ce qui sera le cas ici avec le double twist final ô combien surprenant et qui nous permet de comprendre toute l'horreur et les actions commises auparavant par certains protagonistes…
Alors oui, c’est vrai que le casting n’est pas extraordinaire, pas nul hein, mais pas suffisamment impliqué selon moi pour susciter une quelconque once d’empathie. Exception faite toutefois de l’actrice principale (Harriett MacMasters-Green) qui donne beaucoup de sa personne, même si elle à la larme un peu trop facile à mon goût. Il est manifeste également que les effets numériques sont parfois ridicules et font bas de gamme, notamment les morts liées aux nuées d’insectes (rappelant un "Candyman" de pacotille) qui sont ridicules à souhait étant donné que les victimes semblent juste rester immobiles et se laissent dévorer sur place sans réagir ! Si l’on excepte une pluie de dents du plus bel effet, il n’y a pas, dans Fairytale, assez de SFX efficaces. Le rythme est, de même, assez inégal entre des passages où la mère, soit avec sa fille, soit avec son ex mari, échange des banalités et puis des moments de grandes frayeurs très intenses. C’est assez déstabilisant, mais globalement la tension reste relativement bien soutenue et va crescendo. Enfin, des questions sont laissées sans réponse, ou plutôt traduisent un problème de cohérence du film : quel est le véritable travail du personnage principal et pourquoi l’héroïne parle-t-elle anglais à ses étudiants italiens alors qu’on est dans une université transalpine ?
Ainsi, Fairytale est une œuvre qui se consomme. Certes, pas inoubliable, mais de facture honnête. L’ensemble est correctement emballé et le décor principal (une vieille bâtisse en pierres de taille de la vieille Italie fasciste) pourrait rappeler celui du cinéma originel de Dario Argento, ce qui est, esthétiquement parlant, un sacré gage de qualité. Pourtant, il pèche partout ailleurs : un casting mou du genou, une trame assez classique, un rythme assez lent et des effets spéciaux pitoyables. Malgré cela, je l'ai trouvé regardable. Il y a une ambiance pesante assez bonne, quelques grands moments de terreur lors desquels on peut sursauter et surtout un twist final tellement imprévisible que je ne peux que lui mettre la moyenne !