Affiche française
ENTERRE LES VIVANT - J | I BURY THE LIVING | 1958
Affiche originale
ENTERRE LES VIVANT - J | I BURY THE LIVING | 1958
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Musique de

Enterre les vivant - j

I bury the living

Réalisateur peu prolifique et pourtant touche à tout sans jamais se fixer sur aucun genre en particulier – commençant par le western avec "Young Guns", il officiera également dans le drame, le péplum ou le fantastique avec "Ghoulies 2" -, Albert Band était un petit faiseur de série B. Sa notoriété vaut surtout comme géniteur de Charles Band, producteur de la firme "Empire Pictures", et de Richard Band, célèbre compositeur de musique de film dans le genre qui nous intéresse. "I bury the living", curiosité de 1958 vantée par Stephen King et qui préfigure, dit-on, la série "La quatrième dimension", était son deuxième film. Rien malheureusement qui puisse déclencher des cris d'enthousiasme, d'autant que l'édition zone 2 de Bach Films présente un défaut technique majeur, devant lequel seuls les spectateurs les plus irréductibles garderont leur calme.

ENTERRE LES VIVANT - J | I BURY THE LIVING | 1958

Robert Kraft, directeur aisé d'un commerce familial, hérite par tradition de la gestion du cimetière communal joliment nommé "Les Collines Immortelles". Peu intéressé par cette charge supplémentaire, il fait néanmoins la connaissance du croque-mort, qui lui présente le petit bureau du cimetière. Une carte y figure toutes les concessions de la ville : celles qui sont occupées par les défunts sont marquées par des épingles noires, tandis que celles qui sont réservées par les habitants encore vivants le sont par des épingles blanches. Mais voilà que, par négligence, Robert Kraft plante des épingles noires sur l'emplacement réservé aux Drexel, jeune couple venant tout juste de se marier. Le lendemain même, il apprend qu'ils ont péri dans un accident de voiture. Coïncidence ?

Un souvenir lointain peut accorder à "J'enterre les vivants" la faveur de se concentrer sur son idée principale, comme on la formulerait d'une phrase sur le papier, oubliant les détails. Idée simple, séduisante, et qui ne pouvait que gagner l'affection d'un écrivain comme Stephen King. Une carte pouvant modifier la destinée des gens qu'elle représente, et dont l'action serait éveillée par un individu d'ailleurs tout à fait innocent. Très bien… Mais à se confronter devant l'œuvre elle-même dans sa durée, qui n'est pourtant pas bien grande (1h17), les choses se gâtent.

Albert Band, pour tout dire, n'est pas un réalisateur inoubliable, ni son scénariste bien roué. Là où, par exemple, un Richard Matheson aurait su dramatiser les événements avec intérêt dans une gradation impeccable, ici la situation de Robert Kraft a beau empirer, la réalisation, les rapports entre les personnages, le jeu des acteurs restent imperturbablement les mêmes. A l'image de Richard Boone, acteur monolithique ne possédant guère qu'une expression faciale (rappelons que même Ben Affleck en possède deux), "I bury the living" est d'une fastidieuse monotonie.

La construction, bien ordonnée, est celle d'un B-A-BA du genre : l'obscurité et le trouble sont croissants, les effets fantastiques sont jolis et expressifs, l'intrigue ne s'éparpille pas. Mais tout est rempli jusqu'à saturation de convenu et de convenances. Les êtres sont lisses et bienséants, on s'éternise sur ce qui pourrait être abrégé (plans multiples et ennuyeux sur un Kraft bourrelé d'angoisse, la sueur au front…), et on se lasse vite devant la répétition des mêmes mécanismes. On effleure le miracle lorsque Kraft pense pouvoir inverser le cours de la malédiction. Enfin une variation ! On voit même des tombes remuer… Mais ce ne sera pas, hélas, pour voir émerger une main pâle et décharnée, car voilà que le rationnel au ras des pâquerettes (ou des pissenlits, si on reste dans le contexte) reprend le dessus. Un rationnel pas très affirmé d'ailleurs, mi-figue mi-raisin, qui ravira les inconditionnels de l'incertitude à la Todorov… et qui achèvera d'endormir les autres.

Terminons en parlant de l'édition Bach Films. Elle est loin d'être correcte. La bande-son est décalée, de même que le sous-titrage : le personnage parle, puis on entend sa voix, puis on lit la traduction ; ou bien, l'inverse ; ou alors dans n'importe quel ordre, selon les moments du film. Au point que vous finissez par guettez la coïncidence de ces trois paramètres comme vous surveilleriez du haut des gradins la remontée progressive d'un cheval sur le peloton de tête, un cheval sur lequel vous auriez misé. Seulement voilà, vous perdez.

Si on recherchait le divertissement et l'émerveillement, autant jeter sur "I bury the living" une bonne pelletée de terre. La comparaison avec la série "La quatrième dimension" étant surtout d'ordre général, il intéressera plutôt, comme un épisode mineur, les amateurs d'histoire du fantastique ; et ce encore, à condition de passer de préférence par le DVD zone 1 !…

ENTERRE LES VIVANT - J | I BURY THE LIVING | 1958
ENTERRE LES VIVANT - J | I BURY THE LIVING | 1958
ENTERRE LES VIVANT - J | I BURY THE LIVING | 1958
Note
1
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Stéphane Jolivet