Desosseur de cadavres - le
The tingler
Le Dr Chapin a découvert le "Tingler", une nouvelle espèce de parasite vivant dans les vertébrés et se nourrissant de leurs peurs. Tandis qu'il s'aperçoit que ces créatures peuvent être contrôlées par les cris, son cobaye meurt de terreur et le "Tingler" s'échappe...
Curieusement renommé en France "Le Désosseur de cadavres", The Tingler est l’exemple typique de ce que pouvait être le cinéma à cette époque : un divertissement sincère, imaginatif, d’abord destiné à amuser le spectateur plutôt qu’à s’enrichir. A ce jeu là, William Castle était sans doute l’un des producteurs et réalisateurs les plus doués. Ainsi, il n’hésitait par exemple pas à proposer aux spectateurs de "Macabre" une assurance en cas de décès pendant le film, ou faisait descendre sur le public de "La Nuit de tous les mystères" un squelette factice. Une inventivité que l’on retrouve dans The Tingler, avec le fameux Percepto.
Le Percepto consistait en un appareil faisant vibrer le siège du spectateur afin de l’effrayer et de l’encourager à crier. Un cri qui, comme l’indique William Castle lui-même en ouverture du film, peut sauver la vie. En effet, Le Désosseur de cadavres nous fait découvrir une créature effrayante, cachée dans la colonne vertébrale, et qui se nourrit de la peur, jusqu’à briser le dos de la victime horrifiée. Seule solution : crier, hurler ! Voilà qui permet d’astucieusement faire participer le spectateur à la séance, d’autant que le final renforce encore ce procédé en mettant en scène le Tingler se promenant dans une salle de cinéma, pendant que l’image saute et que Vincent Price encourage le public à hurler afin de préserver leurs vies. Et pour finir, William Castle engageait de faux spectateurs pour hurler et simuler des évanouissements puis être pris en charge par de fausses infirmières !
Le film est quant à lui assez classique dans son déroulement, même si l’on appréciera l’ambiguïté des personnages. Ainsi, le docteur Chaplin, interprété par le monument Vincent Price, a-t-il peu de scrupules à vérifier sa théorie sur une femme incapable de crier, jusqu’à provoquer sa mort. Son épouse ne laisse quant à elle planer aucun doute sur sa volonté d’assassiner son mari, et l’époux de la défunte, gérant d’un cinéma muet, n’est pas en reste. La victime muette ayant la phobie du sang, cela permettra à William Castle d’encore faire parler son sens pratique pour la scène la plus célèbre du film : en effet, alors que le métrage est en noir et blanc, du sang d’un rouge intense se met à couler dans le lavabo, puis remplit une baignoire. Pour cet effet saisissant, la scène a été tournée en couleur, les décors peints en noir, blanc et gris et l’actrice maquillée en gris afin de donner l’illusion du noir et blanc !
Le reste du film est marqué par d’autres passages très réussis, comme ce trip au LSD de Vincent Price désirant à tout prix étudier sa propre peur. On regrettera néanmoins que le fameux Tingler soit plutôt raté, peu crédible et très mal manipulé. L’un des rares bémols d’un film qui respire la créativité et la générosité, et dont la vision fait un bien fou en ces temps où l’interaction entre le film et le spectateur n’existe presque plus...