Affiche française
DELIVERY | DELIVERY | 2006
Affiche originale
DELIVERY | DELIVERY | 2006
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oui

Delivery

Delivery

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la vie de Montgomery Goth n'est pas ce qu'il y a de plus paradisiaque. Livreur de pizzas et sans ambition particulière, Monty, comme on l'appelle, vit une vie de débauche et ne cesse de se faire martyriser et engueuler par les gens qui l'entourent.

Toutes ces agressions envers sa personne s'accumulent au fil du temps jusqu'à ce jour où il rencontre Bibi, une jeune artiste peintre avec qui il va connaitre son premier vrai amour. Mais la vie est particulièrement cruelle avec Monty : alors que notre cher livreur de pizzas pouvait enfin connaitre un peu le bonheur, voilà que le frère de Bibi s'intercale dans leur petite vie, celui-ci ne désirant pas que sa sœur sorte avec un raté sans charisme et sans ambition. C'en est trop pour Monty : toutes ces agressions verbales qu'il vit au quotidien, son passé mouvementé marqué par le suicide de son père qui refait souvent surface, et maintenant cet amour mis à mal par un jeune trou du cul sans cervelle… Monty explose et un beau soir il décide de se venger de tous ceux qui l'ont martyrisé, insulté, blessé et tout simplement ceux qui l'ont fait chier! Ce soir ça va saigner!

DELIVERY | DELIVERY | 2006

Sorti en dvd en tout début d'année 2009, "delivery" est un petit film méconnu mettant en scène un être mentalement déstabilisé et fragile qui va, suite à l'accumulation de malheurs dans sa vie privée et professionnelle, péter un plomb et se transformer en meurtrier sanguinaire.

Oui, je ne vous le cache pas, voilà un scénario assez proche de celui de "chute libre" de Joel Schumacher où notre cher Michael Douglas n'arrive plus à contenir une pression engendrée par divers facteurs extérieurs négatifs et pète un plomb un jour de pleine canicule dans un embouteillage, un pétage de plomb qui va alors s'accentuer tout au long du film.
Dans "delivery", l'idée de base reste la même que dans "chute libre" (une accumulation de malheurs et un stress grandissant qui vont perturber l'équilibre mental déjà peu stable d'un homme fragile qui va alors péter un plomb) à la différence que José Zambrano Cassella préfèrera privilégier et approfondir le pourquoi de cette folie. Une montée en stress et ces divers facteurs qui vont précipiter lentement mais sûrement notre pauvre Monty au fond d'un gouffre où morosité, dépression et haine ne font qu'un et dont seules une rage dévastatrice et une vengeance salvatrice pourront l'en sortir.

"Delivery" possède un scénario très simple en fait (ce qui n'est pas forcément un mal, soit dit en passant), une histoire qui pourrait faire des étincelles dans les yeux des fans de films violents et pourquoi pas de scènes de sauvagerie saignantes et autres séquences trash comme nous en réservent parfois de bons petits direct-to-dvd… Mais oubliez ce que je viens de vous dire à l'instant (hé oui séchez vos babines tout juste mouillées!) car "delivery" est tout sauf un bon film…

Souvent lente et parsemée de dialogues creux, la première partie (qui nous plonge dans le quotidien de Monty jusqu'à cette fameuse goutte d'eau qui va lui faire péter un plomb) souffre cruellement de profondeur et s'enlise dans des détails minimes trop mis en avant et des flashs back pompeux et parfois mal foutus sur l'enfance de Monty en veux-tu en voilà.

Les personnages eux-mêmes ne sont pas très intéressants. Seul le personnage principal retiendra notre attention, les autres étant assez peu travaillés malgré que certains soient assez jouissifs (une patronne de la fourrière intransigeante et gripsou, des gamins qui insultent sans cesse Monty…) avec leurs traits de caractères exagérés.

L'acteur interprétant Monty a l'allure qui colle parfaitement au personnage. Imposant (ce qui nous laisse suggérer que s'il s'énerve, et ça va être le cas, ça peut faire mal…), négligé (il ne fait pas très propre, mange comme un cochon… bref, c'est ce à quoi on s'attendait : un prince charmant, le tip top des beaux gosses, n'aurait probablement pas une vie misérable comme Monty) et tourmenté, mal dans sa peau, instable mentalement (les vieux démons de son enfance marquée par le suicide de son père l'obsèdent, sans oublier les agressions verbales dont il est victime tous les jours dans son milieu professionnel…) : il est LE personnage que l'on veut voir péter un plomb et rentrer dans une folie vengeresse (même si on l'aurait préféré un peu plus causant et énergique mais bon ça fait partie de son personnage un peu perdu dans sa tête). Le personnage de Monty est certainement le point fort du film (le seul d'ailleurs…).

Pour finir sur les personnages du film, nous aurons même droit à plusieurs scènes se passant dans une maison où de très jolies lesbiennes, bisexuelles et allumeuses vivent nues (ou au pire en sous-vêtements) : des passages totalement déconnectés, mettant radicalement un terme à la crédibilité de l'histoire et servant surtout d'anti-somnifère pour ceux ayant du mal à lutter devant certaines séquences mollassonnes.

A cela s'ajoute un manque total de crédibilité dans la façon de nous faire vivre l'horrible quotidien de Monty : le réalisateur/scénariste décide de mettre la dose pour assommer son personnage principal en accumulant les agressions verbales injustifiées dont est victime Monty (par les clients, le boss, la patronne de la fourrière et même des gamins qui le traitent sans raison…). Toutes ces manifestations de haine à l'encontre de notre malheureux livreur de pizzas sont cependant bien trop nombreuses et exagérées pour rendre le tout crédible. Au final, on surprendra plus le spectateur à rire de ses situations débiles (un gosse qui demande à Monty pourquoi il est si gros, un autre qui le traite de gros phoque alors qu'il ne le connait pas, sans parler de la scène avec la grand-mère qui se sent agressée…) qu'à vraiment ressentir de la peine pour notre pauvre et mal-aimé Monty…

Autre chose : alors que l'amour naissant entre Monty et la jeune Bibi devait être justement un point à développer et à accentuer, notre cher réalisateur (qui en est déjà à pas loin d'une heure de film, mince le temps passe vite…) décide au contraire de passer très rapidement ce moment qui se devait être la transition entre la vie morose et dure de Monty et cette lueur d'espoir. Un passage qu'il ne fallait surtout pas amputer ou faire à la va-vite (or, ça se fait bien trop rapidement pour être crédible, d'autant plus que Monty est loin d'être le prince charmant aussi bien mentalement que physiquement : dur de croire au coup de foudre de Bibi). En effet, plus cet amour aurait été progressif, long et intense (le but aurait dû être de montrer un amour fort entre les deux tourtereaux et un radical changement dans la vie de Monty) et plus dure aurait été alors la chute (la descente aux enfers pour Monty, la fameuse goutte d'eau) quand cet amour aurait quelques temps après fini par se détruire, la faute au frère de Bibi qui refuse cet union. Au final, le spectateur n'a même pas le temps de savoir si Monty est heureux dans cette nouvelle vie qui s'offre à lui que déjà les ennuis commencent : difficile alors de se rendre compte si Monty tient à sa copine et par conséquent si la chute est aussi pénible pour lui que ce que l'on aurait pu imaginer…

Une première partie donc très mitigée : d'un côté on suit avec intérêt le quotidien pénible et dure de Monty mais d'un autre côté on a du mal à y croire, les scènes étant bien trop exagérées pour que l'on puisse ressentir de la peine pour Monty (la preuve, on rit plus que l'on ne le plaint).

Hé bien figurez-vous que finalement cette première partie est bien meilleure que la deuxième (qui, elle, va nous plonger dans la vengeance de Monty et ses folies meurtrières)…

Alors que l'on aurait pu pourquoi pas s'attendre à des scènes de violence gratuite, des scènes saignantes, cruelles de réalisme et de sauvagerie, cette vengeance salvatrice fait finalement l'effet d'un pétard mouillé… Ennuyeuse et présentant des scènes de meurtres sans grand intérêt (même si certaines idées étaient là, elles sont mal exploitées et/ou réalisées), cette seconde partie s'avère être l'une des plus ridicules que j'ai pu voir dans un film de ce genre (slasher, tueur fou…).

Pourtant, tout nous laissait porter à croire que nous allions voir une accumulation de meurtres à l'écran, Monty ayant au final beaucoup d'ennemis (tous présentés durant la première longue partie du film) : ceux lui pourrissant sa vie professionnelle (son patron et son collègue qui n'est autre que le frère de Bibi…), ceux nuisant à son couple (le frère de Bibi et sa copine peut-être…), ceux s'étant moqué de lui (les bisexuelles aguicheuses), ceux l'ayant insulté (la plupart de ses clients) ou encore ceux l'ayant frappé (la bande de jeunes fréquentant les jolies jeunes filles dénudées). Avec toute cette galerie de potentiels ennemis, ça ne pouvait que finir en véritable tuerie! Hé bien oui et non, on a bien une tuerie mais faut voir la tête de la tuerie…

Car c'est également là que le film s'enfonce encore un peu plus. Les scènes de meurtres sont souvent assez décevantes, le grand prix de la médiocrité revenant à une scène surréaliste où notre cher Monty réussit quand même à provoquer une électrocution collective à l'aide d'une batterie (et faut voir l'esthétisme des arcs électriques : odieux!), trop fort notre livreur de pizzas! On regrettera aussi cette scène de tranchage de tête hors plan…

Mais le film réserve toutefois 3 petites surprises en fin de métrage (histoire de remonter sensiblement la pente) : la confection d'une pizza avec comme garniture des boyaux fraichement prélevés sur une victime de notre sadique (pizza dont il fera d'ailleurs avaler une part à sa future victime : une scène que l'on aurait préférée toutefois plus dégueulasse et réaliste, les viscères n'étant pas très bien faits, roses fluo…) suivie de deux scènes de meurtres à la perceuse (dont l'une est filmée de près et représente le moment le plus saignant du film) qui, certes, ne montrent rien d'original (on se surprend à penser à "frayeurs", "driller killer"…) mais demeurent de sympathiques petites scènes qui relèvent un tout petit peu le niveau de cette seconde partie bien décevante en tout point.

Au final, "delivery" n'est pas le film que nous promet la jaquette du dvd (une jaquette qui raconte des salades? C'est pas vrai!?) et s'avère être au final un film médiocre dont la seule chose que l'on retiendra est son personnage principal, un être tourmenté et dont l'accumulation de malheurs va lui faire péter les plombs et le faire rentrer dans une vengeance dévastatrice.
Sinon, au menu des réjouissances : lenteurs, dialogues creux, personnages et situations non crédibles, passages jugés importants abrégés, scènes de meurtres décevantes (mis à part le passage de la perceuse). Régalez-vous! Moi, perso, les pizzas, j'ai eu ma dose…

DELIVERY | DELIVERY | 2006
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Note : Le film a reçu 2 prix au Screamfest Festival : meilleur film et meilleur acteur

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David Maurice