Death tunnel

Death tunnel

Aux Etats-Unis, dans l'Etat du Kentucky, une petite ville nommée Waverly Hills est restée dans les mémoires de bon nombre d'américains pour son sanatorium et ce qui s'y est passé au milieu du siècle passé. Des milliers de victimes de la peste blanche ont été acheminées vers le sanatorium où elles étaient mises en quarantaine et recevaient des soins et des traitements. Mais les décès devenaient de plus en plus fréquents et se perpétraient les uns après les autres, de telle sorte qu'il n'y eut bientôt plus assez de place dans l'établissement hospitalier pour y accueillir de nouveaux patients. Les médecins eurent alors l'idée de construire un long tunnel dans lequel ils entreposeraient les cadavres, tunnel que les gens du coin appelaient "le tunnel de la mort". Selon les estimations, 60 000 victimes de la peste blanche décédèrent dans le sanatorium de Waverly Hills...

DEATH TUNNEL | DEATH TUNNEL | 2005

C'est en partant de ce fait réel que le réalisateur Philip Adrian BOOTH, encore inconnu du public européen, décide de faire son long-métrage intitulé "death tunnel". Ce film, à classer dans le genre paranormal, nous plonge dans une énorme bâtisse vieille d'un siècle où se mêlent spectres et ambiance malsaine. Au cours d'une fête organisée pour la rentrée des classes, 5 filles sont sélectionnées pour recevoir un bizutage : Heather, Tori, Ashley, Devon et Elizabeth. Chacune va se retrouver à l'un des 5 étages du sanatorium de Waverly Hills et vont devoir partir à la découverte des lieux lugubres du bâtiment pendant 5 longues heures. Cependant, les jeunes femmes ne sont pas au courant du passé de cet endroit et certains esprits n'aiment pas être dérangés…

Les sorties direct-to-DVD peuvent parfois receler de véritables petites perles du cinéma fantastique…ou pas! "death tunnel" fera malheureusement partie de la deuxième catégorie, la faute à une réalisation médiocre et à un casting trop décevant. Voulant surfer incontestablement sur le succès de deux perles du cinéma horrifique, à savoir "saw" et "dark water", le long-métrage de Philip Adrian BOOTH n'arrive à la cheville d'aucun des deux et s'avère même être un navet amer.
Depuis quelques temps, le cinéma de tension revient sur les écrans, grâce notamment à la vague déferlante de films asiatiques durant la fin du siècle passé ("ring", "dark water", "ju-on", "phone", "face"…). Cependant, force est de constater que sur les continents américain et européen, les réalisateurs semblent souffrir de la comparaison avec les pays de l'Extrême-Orient dans la confection de films de tension ces derniers temps, ceux-ci alternant remakes et films assez faiblards (pour exemple un bien fade remake de "the fog", un soporifique remake de "terreur sur la ligne", un "ils" français rafraîchissant mais peu terrifiant au final…). Restent ces dernières années, tout de même un brillant "l'échine du diable" en 2001 de DEL TORO, un effrayant "Fragile" espagnol en 2005, un bon remake de "ju-on" avec en vedette surprise la belle Sarah Michelle GELLAR ou encore un passable "silent hill"… C'est dans cet espoir de trouver un petit bijou dans le domaine du film de tension que je me jette sur le DVD dans une brocante (pour 3 euros au lieu de 15 en magasin, on ne peut passer à côté me direz-vous!).

Rentrons à présent dans une analyse de "death tunnel" plus en profondeur. Concernant le casting, inutile de chercher bien loin les stars du grand écran, il n'y en a pas : seules deux actrices ont déjà participé à des long métrages. La première est Mélanie LEWIS (alias Devon) que l'on a pu voir dans "bye bye love" en 2002 avec Ewan Mc GREGOR et dans "amours troubles" en 2003 avec Ben AFFLECK (jalouses mesdemoiselles?) et Jennifer LOPEZ (jaloux messieurs?). La deuxième, Steffany HUCKABY (alias Heather), a joué dans le film "scarecrow gone wild" en 2004, opus de la saga des "Scarecrow". Il faut bien l'avouer, l'une des grosses déceptions de ce film est sans aucun doute son casting très douteux constitué de jeunes gens un brin trop puérils à mon goût et ne véhiculant quasi aucune émotion crédible. La médaille d'or revenant sans conteste à notre chère blonde Kristin NOVAK (alias Ashley) qui essaie en vain de se montrer terrorisée devant la caméra : elle crie (d'ailleurs elle ne fait que cela) et est littéralement effondrée en voyant le corps de sa copine sur le sol, et deux minutes plus tard la voilà en train de se chamailler et de jouer l'idiote avec son petit ami et l'héroïne du film, Heather. Kristin aurait-elle la mémoire courte pour ne plus être terrifiée et en larmes? Ne parlons pas de ses deux copines, Elizabeth et Devon, deux filles grossières et jouant les starlettes qui tapent sur les nerfs du téléspectateur dès les premières minutes du film… Vous l'aurez compris aisément, ne vous attendez pas à des dialogues minutieux, vous n'aurez que des piaillements et des cris d'effroi ici.

Mais s'il y a bien une chose qui représente bien la mauvaise qualité de "death tunnel", c'est sa médiocre réalisation. Le déroulement du film est un véritable chaos : Philip Adrian BOOTH ne cesse d'utiliser un procédé bien connu de nous tous : le flash back! Il en ressort une histoire chamboulée par des retours en arrière enchaînés les uns derrière les autres : au bout de 10 minutes de film, on en vient presque à se demander où l'on en est concrètement dans l'histoire alors que le scénario est pourtant fort simple… Ne parlons pas également des nombreuses coupures à des moments clés du film. A cela, ajoutons un autre procédé dont BOOTH semble très friand également : le ralenti. En effet, tous les passages comprenant la moindre scène rythmée (une course à pieds, des coups…) se retrouvent agrémentés d'un ralenti, ce qui discrédite à la fois l'action et l'effroi qu'auraient pu susciter certains segments du film !

Passons à présent à l'image en commençant tout d'abord par les décors et en finissant sur les effets spéciaux. Voilà sans aucun doute le point fort de "death tunnel"! Les décors sont magnifiques et réussissent, malgré une réalisation ternie par des procédés cinématographiques à répétition, à créer cette ambiance lugubre et malsaine que tout amateur de films de tension aime retrouver. Le sanatorium est réellement bien conçu, les murs sont sales et délabrés, les chambres sont en désordre, les meubles et ustensiles rongés par le temps… La poussière et l'humidité semblent avoir pris possession des lieux depuis un bon moment et on peut même remarquer des coulées d'une sorte de liquide visqueux le long d'une lampe au début du film (beurk!). Du côté des décors, "death tunnel" n'aurait donc pas grand chose à envier à "Fragile" ou "dark water" (version asiatique), même si l'ambiance est tout de même moins flippante que dans ces deux films précédemment cités… Je lève donc mon pouce vers le haut pour les décors intérieurs du bâtiment!
En ce qui concerne les effets spéciaux, malgré deux/trois belles choses (des corps suspendus et rongés par la maladie sont très crédibles, quelques fantômes sont bien conçus…), j'avoue que je reste un peu sur ma faim. Certes, les spectres rendent bien à l'écran mais leurs apparitions sont beaucoup trop brèves (après avoir visionné le film, je suis revenu sur certaines scènes pour faire "pause" afin de voir maints détails non visibles sur le coup), tandis que l'espèce de fantôme de fossoyeur qui se balade dans les couloirs à la recherche de cadavres n'est pas vraiment effrayant. Il est donc assez amusant, dans le making of du DVD, d'entendre dire de la part d'une personne à l'équipe de "death tunnel" que "ce film d'horreur est très intéressant, les effets spéciaux sont incroyables". Mouais…

Enfin, concernant la musique du film, là aussi ce n'est pas du haut de gamme que l'on nous sert. De la musique, il y en a, certes, mais elle est mal maîtrisée : je pense notamment à un moment du film (au bout de 1h et 3min précisément) où l'ambiance était silencieuse, limite lugubre, et où on nous balance tout à coup de la techno bien lourde dans les oreilles, le réalisateur profitant de l'un des rares moments où il y a une course sans trop de ralenti pour le gâcher par cette musique de barbare! Gardons également à l'esprit le bon petit morceau de métal dans le générique de fin et quelques mélodies douces durant certains passages, rien d'inoubliable donc.
Toujours dans le registre du son, notons quelques imperfections : du verre qui se brise sans que l'on entende le moindre bruit, un passage où Ashley parle mais aucune de ses lèvres ne bouge (la faute à la version française du film)…

Je voulais également, avant de terminer, faire un petit aparté concernant la jaquette du DVD français. Une jaquette inadmissible où le mensonge est roi : on peut en effet y lire "plongez dans une terreur sanglante" ou "découvrez la nouvelle référence du 100 pour sang horreur" alors que le film ne contient qu'une scène sanglante et encore… Est également écrit "Vous pensiez avoir eu peur avec "saw"? Bienvenue dans la cour des grands" : pour être franc, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur tellement le film est coupé et parsemé de ralentis… Et pour la comparaison avec le film de James Wan, je ne vois pas le rapport : comparer un film de tension avec un thriller horrifique, c'est très bête…
Mais je pense que là où la jaquette fait très fort, c'est en nous montrant une scène semblant être bien gore (un chirurgien ouvre le corps d'un patient avec une scie) alors qu'elle ne figure même pas dans le film!

Au final, "death tunnel" est très loin de rattraper l'élite en terme de films de tension et de spectres, la réalisation étant trop poussée aux extrêmes (trop de ralentis, trop de coupures, trop de flash backs…) et le casting n'étant pas assez performant pour rendre crédibles les situations dramatiques et les scènes chocs. N'oublions pas que nous sommes au 21ème siècle quand même!

Un film dont l'on peut donc allègrement se passer…

DEATH TUNNEL | DEATH TUNNEL | 2005
DEATH TUNNEL | DEATH TUNNEL | 2005
DEATH TUNNEL | DEATH TUNNEL | 2005
Note
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David Maurice