Dead shadows
Dead shadows
Après avoir vu son père massacrer sa mère lors du passage de la comète de Halley alors qu'il n'était qu'un enfant, le jeune Chris souffre désormais d'une phobie maladive du noir, laissant sans cesse les lumières allumées dans son appartement. Timide et complexé, il aimerait beaucoup faire connaissance avec Claire, sa voisine d'en face, qui, par pur hasard, l'invite à une soirée "apocalypse", la fameuse comète refaisant un passage près de la Terre cette nuit. Une nuit qui s'annonce mouvementée, le comportement des gens se faisant de plus en plus violent. Est-ce du à l'influence néfaste de la comète ou à autre chose de plus insidieux ?
Le cinéma de genre en France n'a jamais connu son heure de gloire, notre pays étant bien trop cartésien pour laisser aller son imagination, la majorité des réalisateurs préférant mettre en scène des comédies lourdingues ou des faits divers qu'on voit sans cesse au journal télévisé. Une poignée d'irréductibles tentent toutefois de ne pas se laisser brider et oeuvre pour un cinéma différent, marginal. On pense bien sur au regretté Jean Rollin, à Julien Richard-Thomson mais aussi aux "petits nouveaux" comme Alexandre Aja, Pascal Laugier, Xavier Gens, Jean-Marc Vincent, Alexandre Bustillo, Julien Maury, Thierry Paya, Romain Basset, Antoine Blossier, Yann Gozlan, David Morley, Quentin Dupieux, François Gaillard, Olivier Abbou, Cédric Dupuis ou Benjamin Rocher par exemple.
Principal problème rencontré par tous ces talentueux réalisateurs : le financement de leur projet. Faire un film demande un investissement financier et peu de producteurs mettent la main au panier, surtout quand le projet est un "film de genre", et encore plus quand il s'agit du genre horreur/fantastique/science-fiction, le succès en salles n'étant quasiment jamais assuré sur notre territoire. Heureusement, il reste les ventes à l'étranger où le cinéma de genre hexagonal cartonne bien plus que chez nous et rencontre un réel succès. C'est d'ailleurs grâce aux préventes à l'étranger que David Cholewa a pu assurer le tournage de Dead Shadows. Prévu au départ comme un court-métrage, ce jeune metteur en scène passionné de cinéma de genre a vendu son projet à l'export via une belle affiche, un scénario et un teaser avant même que le film soit tourné ! Avec un budget microscopique avoisinant les 150 000 euros, Dead Shadows a donc pu voir le jour, avec 20 jours de tournage et plus d'un an de post-production.
Si la manque d'argent se fait ressentir, si le film n'est pas exempt de nombreux défauts (passée l'excellente scène d'introduction, les quarante minutes suivantes m'ont paru interminable, le casting et les dialogues m'ont donné la désagréable impression de regarder un sitcom français 90's, avec des scènes pas vraiment utiles, qui nous font, certes, faire plus ample connaissance avec le héros et sa phobie du noir mais qui au final, ne servent pas à grand-chose si ce n'est plomber un rythme déjà peu soutenu et allonger la durée du métrage), on sent un réel investissement de la part du réalisateur et de son équipe. La première séquence mettant en scène les fameuses tentacules lovecraftiennes est juste énorme et verse dans une ambiance érotico-horrifique et un mauvais goût assumé qui risque de marquer les esprits. Une fois les quarante premières minutes plus que laborieuses derrière nous, Dead Shadows prend ses marques et gagne en rythme, en intensité, en intérêt. L'action se fait plus énergique, les bastons à grand coup de batte de Baseball ou de fusil à pompe se font légions, le côté fun et décomplexé de l'entreprise fonctionne à plein régime.
Les effets de maquillage sont superbes, dus encore une fois à David Scherer, et les mutants sanguinolents, purulents et liquéfiants assurent le spectacle. Les effets numériques ne sont pas en reste et s'associent parfaitement bien avec les acteurs de chair et d'os : une main tentaculaire se forme sur le bras de Rurik Sallé (excellent dans son rôle de truand de quartier ringard), le héros se retrouve enlacé par une femme arachnide de toute beauté qui nous évoque l'univers des jeux -vidéos Silent Hill ou de Evil Within plus récemment, des tentacules sortent des bouches d’égouts. On s'amuse enfin autant que les acteurs et on se dit qu'au final, Dead Shadows aurait certainement bien mieux fonctionné en tant que court ou moyen-métrage et que ce format long métrage de 74 minutes ne lui convient en fait pas vraiment, l'impression de visionner un film fait entre potes se faisant bien trop ressentir. Dommage.
* Disponible en DVD et BR chez RIMINI EDITIONS