Dark floors

Dark floors

Alors qu'un père s'apprêtait à retirer sa fille autiste d'un hôpital, ce dernier se retrouve emprisonné entre les murs de l'établissement avec quatre autres personnes. Alors que le temps semble s'être arrêté et que l'hôpital parait désert, nos amis vont être confrontés à des créatures sorties tout droit des Enfers. Fantômes, monstres et zombies : tous ont pris possession des lieux et traquent les malheureux qui errent encore dans les couloirs de l'hôpital. Le but n'est à présent plus uniquement de sortir de l'établissement, mais surtout d'en sortir vivant.

DARK FLOORS | DARK FLOORS | 2008

"Dark floors" : encore un film méconnu du grand public mais ayant pourtant fait parler de lui dans le monde du cinéma de genre. La raison? La présence dans le casting du fameux groupe Lordi dans son intégralité. En effet, le fameux groupe de heavy métal qui avait représenté la Finlande lors de l'Eurovision 2006 et avait permis au pays scandinave de remporter son premier titre (au détriment de nombreuses polémiques dues au fait que les membres du groupe étaient déguisés en monstres, leurs fameux costumes de scène, et chantaient une chanson intitulée "hard rock hallelujah") décida de se lancer dans l'aventure cinématographique, réalisant ainsi un vieux rêve du leader du groupe, Mr Lordi.

Lordi ne sont cependant pas les premiers (et ne seront pas les derniers) artistes de la scène rock et métal à se lancer dans le cinéma de genre. On pense bien-entendu à Alice Cooper ("la fin de Freddy", "le prince des ténèbres"…), à Dani Filth ("cradle of fear") ou encore à Rob Zombie ("la maison des mille morts", "the devils rejects", "halloween 2007"…), alors pourquoi ne pas voir le fameux quintette finlandais dans une production horrifique, le groupe étant alors en pleine gloire après leur succès à l'Eurovision et ayant largement montré leur attirance pour l'horreur de part leurs costumes de scène.

Alors, gros four ou bonne surprise? Gros coup médiatique ou réelles bonnes intentions? Pour vous faire une première idée, je vous invite à lire les quelques paragraphes qui suivent. Attention cependant aux deux spoilers qui sont faits en tout début de critique (dévoilés entre parenthèses et précédés du mot "SPOILER"), cette dernière étant bien plus explicite et parlante en dévoilant quelques éléments du film (libre à vous de lire le contenu de ces parenthèses).

Esthétiquement parlant, nous ne pouvons pas reprocher grand-chose au film de Pete Riski (un ami d'enfance du leader du groupe Lordi, pour qui il a fait de nombreux clips depuis les débuts du groupe) : comme nous le verrons quelques lignes plus bas, le visuel est propre, soigné, les décors sont de bonne facture et les effets spéciaux, certes parfois simplistes et vus et revus, rendent plutôt bien à l'écran.

Par contre, là où le film prêche beaucoup trop, et reconnaissons-le d'emblée, c'est sur son scénario et son casting. "Dark floors" est l'exemple même qu'un beau film n'est pas forcément un bon film. Explications :

Doté d'un scénario original à la base (SPOILER : la vision d'un monde parallèle qui est en fait un monde vu par quelqu'un d'autiste, un perpétuel présent dans lequel de nombreux dysfonctionnements temporels et physiques s'entremêlent de telle sorte que l'on a l'impression de vivre dans un monde mystérieux et bancal où tout se dévoile d'aval en amont par le biais d'indices laissés par-ci par-là), "dark floors" finit malheureusement par s'emmêler les pinceaux, le film exploitant de façon bien souvent maladroite et hasardeuse ce qui était de bonnes idées au départ et étant désireux de jouer sur beaucoup trop de tableaux à la fois (film de fantômes, de monstres et de zombies à la croisée entre le paranormal, le fantastique et le thriller… Rien que ça!), formant ainsi un grand fourre-tout un peu bordélique.
Ainsi, nous avons là un film "touche-à-tout" dont le contenu reste au final assez confus (SPOILER : la fin notamment en rebutera plus d'un, cette dernière laissant libre cours à votre imagination) et où quelques incohérences viennent s'ajouter (comme par exemple cette scène où notre héros fait plusieurs centaines de mètres dans un parking sans jamais tourner, un peu à la façon d'un "Olive et Tom" où l'on avait bien du mal à arriver au bout du terrain de football…), même si celles-ci s'avèrent au final justifiées quand on apprend le fin mot de l'histoire.

Malgré quelques bonnes scènes efficaces (je pense notamment à ce passage où nos héros traversent un couloir au sol jonché de cadavres qui vont, soudainement, revenir à la vie et leur sauter dessus), il faut bien avouer que certains passages manquent cruellement de rythme, la faute à des ralentis pénibles dans certaines scènes d'action et surtout à des vides scénaristiques, aussi bien en termes d'action pure et dure (on se ballade de couloirs en couloirs à la manière d'un "death tunnel" ou d'un "silent hill", même si ce dernier est bien mieux maîtrisé) que de dialogues, ces derniers étant peu développés, tout comme les personnages du film en fait.

Car oui, l'un des autres soucis de ce fameux "dark floors" réside dans le traitement de ses personnages. Nous avons là une galerie ultra stéréotypée (ce qui n'est pas forcément un mal en soi : j'aime voir les bons gros enfoirés parmi les "gentils" qui, comme toujours, finissent par se faire trucider!) qui demeure au final bien fade. En effet, peu d'explications sont données sur chacun des personnages, leur traitement (attitude comportementale, psychologique…) reste très basique et les relations entre eux demeurent simplistes au possible, peu travaillées (un papa qui ferait tout pour venir en aide à sa fille autiste, une infirmière distillant la bonne parole et les sages conseils, un médecin prêt à tout pour sauver sa peau et n'hésitant pas à fausser compagnie à ses compères, un clochard un peu olé olé que tout le monde semble vouloir éviter et enfin le black costaud de la sécurité qui sert de protecteur à tout ce petit monde).
Mis à part l'agent de sécurité et le "vilain" médecin, les autres personnages sont au final peu intéressants, pas assez mis en valeur ou tout simplement mal interprétés (c'est le cas notamment de la jeune autiste, assez peu présente finalement à l'écran et véritable tête à claques : ce qui plutôt dommage car elle demeure le personnage central, le pilier de l'histoire…).

Du côté des "vilains méchants pas beaux", on retrouve notre fameux groupe Lordi dans leurs beaux costumes scéniques auxquels le grand public s'est familiarisé suite au succès finlandais sans appel à l'Eurovision 2006. Là encore, je ne comprends pas ce choix (mis à part bien-entendu l'effet médiatique) : mettre dans la peau de ces créatures démoniaques des personnes que nous avons déjà vues (et voyons encore) à plusieurs reprises dans les médias (notamment lors de l'Eurovision ou tout simplement sur Youtube) enlève une certaine crédibilité au film et surtout une grosse dose de terreur (au revoir l'effet de surprise, la routine s'installe lors des apparitions de nos chers fanfarons finlandais).

Cependant, tout n'est pas que noir et, comme dit d'emblée dans ma critique, là où "dark floors" marque des points, c'est dans son traitement visuel (même si vous en conviendrez comme moi : ce n'est pas que cela qui fait un bon film).

Malgré la simplicité de certains effets spéciaux, il faut reconnaitre que la plupart rendent très bien à l'écran (le fantôme, les explosions de murs…). Les maquillages des cadavres sont de très bonne facture également, certains gros plans étant vraiment réalistes.

Par contre, on pourra peut-être reprocher ce trop grand nombre de meurtres hors-champs ou tout simplement peu sanglants (mis à part une extirpation de cœur…), la faute à un budget serré ou tout simplement à cette volonté de nous pousser à la suggestion et à l'imagination.

Concernant les décors, même si ceux-ci sont très loin d'un "fragile" par exemple (avec ces nombreux éléments de décors délabrés) et demeurent parfois assez vides, on retiendra toutefois quelques bonnes idées renforçant cette ambiance pesante, glauque et mortuaire telles que ce plan nous montrant des escaliers jonchés de cadavres entassés les uns sur les autres ou encore cette perte de luminosité avec en parallèle une nette augmentation du nombre de cadavres dans les couloirs de l'hôpital au fur et à mesure que l'on s'approche de la scène finale du film (une véritable descente aux Enfers, un peu comme un certain "l'au-delà" de Fulci, même si les deux films n'ont strictement rien à voir entre eux).

Au final, ce fameux "dark floors" est une petite déception. Déception car ce dernier possède de nombreuses lacunes dans son scénario (trop confus malgré un matériau de base original), dans son rythme (certains passages sont vite lassants) et également dans son casting (des personnages peu travaillés, décevants pour beaucoup, et surtout le fait d'avoir choisi les membres de Lordi pour incarner des créatures qui finalement perdent énormément de leur crédibilité et rabaissent la tension du film de manière non négligeable).
Par contre, pour ce qui est du visuel, c'est propre. Pas impeccable ni transcendant mais ça répond amplement au cahier des charges (même si certains pourront reprocher au film de ne pas verser un peu plus dans l'hémoglobine plutôt que de faire dans le suggestif).

Un film à voir un jour de pluie pour vous faire une idée et pour le plaisir de revoir notre cher quintette finlandais de heavy metal ailleurs que sur scène. C'est tout…

DARK FLOORS | DARK FLOORS | 2008
DARK FLOORS | DARK FLOORS | 2008
DARK FLOORS | DARK FLOORS | 2008
Note
2
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David Maurice