Affiche française
COMBAT SHOCK | COMBAT SHOCK | 1986
Affiche originale
COMBAT SHOCK | COMBAT SHOCK | 1986
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Combat Shock

Combat Shock

Combat Shock suit le parcours absolument effroyable de Franckie revenant du Viêtnam transformé par les horreurs qu’il a vécu sur le champ de bataille. Mais son retour est plus compliqué car il retrouve un monde où il n’a plus sa place et où le caractère sordide de ce qu’il vit au quotidien va lui faire perdre complétement pied...

COMBAT SHOCK | COMBAT SHOCK | 1986

Ce film sorti par la Troma (éminente société de production indépendante spécialisée dans tout un tas de séries b géniales ou moisies avec une énergie qui force le respect) est le seul drame de la liste. Pour être honnête le drame à plutôt des allures de tragédie et reste encore aujourd’hui un film à découvrir et il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, si "Combat shock" reste un film à part, c’est pour le caractère agressif du message qu’il véhicule qui le sort du carcan du simple film d’exploitation dans lequel il est vendu. Oui, Combat Shock est une œuvre fortement politisée. En effet, le film est une réponse à la colère ressentie face à un constat effrayant : lors du conflit contre le Viêt Nam, les États-Unis ont envoyé des soldats qui sont revenus pour la plupart mutilés, fous et ou drogués. Le retour de ces vétérans a donc été catastrophique d’autant plus que l’administration américaine de l’époque ne s’en est pas vraiment occupée. Bref, le message du réalisateur devient alors clair, c’est une charge évidente contre l’administration de l’époque et pour cela il choisit de montrer de façon quasi documentaire les errances de ces hommes soldats revenus de la mort dans une société qui les considère comme des fantômes.

La puissance du message reste encore de nos jours intact malgré des défauts évidents qui sont pour la plupart à mettre sur le budget, qui comme vous le devinez se réduit à peau de chagrin.

Les défauts sont légions mais le parti pris du réalisateur prédomine ainsi que son goût pour les expérimentations de mise en scène. En effet, la structure elle-même étonne et en même temps apporte une pointe de cohérence supplémentaire. Combat Shock est linéaire tout en étant éclaté, c’est que si les péripéties sont pauvres dans la pauvre vie de Frankie, son passé horrible fait aussi partie de son présent et par moment dans des moments de solitude ou d’incompréhensions il se fait envahir. Cela se traduit à l’image par des répétitions insérées de façon quasi épileptique ainsi que par la répétition de paroles et de sons de mitraillettes. Et c’est toutes ces expérimentations qui font de ce film un vrai bon film, sans ça, les défauts techniques très nombreux aurait pu le rendre kitsch avec le temps, mais là non, ce n’est pas vraiment le cas.

Troisième point important: le souci du détail. Le sordide, le glauque des cités urbaines délabrées collent parfaitement à l’extrême précarité des personnages présentés ici souvent comme des marginaux. À commencer par Franckie, qui vit avec sa femme dans un appart aux allures de squat sans quasi aucune nourriture avec en plus un enfant difforme malade à cause des émanations de « l’agent orange » qui est un gaz mortel qu’a reniflé notre héros durant les combats. Ses collègues errent dans des sinistres décors urbains à la recherche d’argent de toute manière de façon à se camer. Bref, ici tout est poisseux et sans espoir. Il faut savoir que ces lieux ont réellement existés dans la section de Staten Island et plus précisément à Port Richmond. Nombreux ont salué la représentation crue du centre-ville qui était à l’époque un endroit où les abandonnés du système erraient.

Enfin, le dernier point de cette chronique autour de ce film culte est incontestablement la puissance de la scène finale que je m’abstiendrai d’évoquer ici. Toutefois le nihilisme grimpant tout au long de la projection ne pouvait qu’aboutir à une impasse horrible.
Mais ici, c’est le discours qui accompagne le geste de Franckie qui effraie autant qu’il touche.

Combat Shock reste donc une œuvre indéniablement à part et toujours aussi forte pour peu qu’on laisse de côtés ses défauts techniques pour s’abandonner dans ces abysses de désespoir sans fin pourtant bien réelles.
À noter que Giovinazzo est un réalisateur qui avec peu de film à son actif, mais il est revenu dernièrement sur le devant de la scène avec un sketch absolument admirable dans" The Theatre Bizarre".

COMBAT SHOCK | COMBAT SHOCK | 1986
COMBAT SHOCK | COMBAT SHOCK | 1986
COMBAT SHOCK | COMBAT SHOCK | 1986
Note
5
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Romain Deshayes