Affiche française
Cannibal | Cannibal | 2006
Affiche originale
Cannibal | Cannibal | 2006
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oui
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Cannibal

Cannibal

Un homme utilise internet pour passer des petites annonces et tenter de trouver quelqu'un qui pourra satisfaire son désir. Un désir particulier puisque l'homme veut assouvir ses pulsions cannibales. Lorsqu'il reçoit une réponse positive, l'homme s'en va rencontrer celui qui accepte de se voir être dévoré. Les deux hommes vont entretenir une relation passionnée, fusionnelle, parsemée de doute, de frustration, d'interrogation, de plaisir, avant que n'arrive l'heure du festin...

Cannibal | Cannibal | 2006

L'AVIS :

Adaptation du fait divers bien glauque qui s'est déroulé en 2001 en Allemagne, avec celui qu'on a surnommé le cannibale de Rothenburg, qui est toujours en prison à l'heure actuelle, "Cannibal" va reconstituer de manière fort précise toutes les étapes de cette journée qui a conduit un homme à accepter d'être mangé par un homme ayant des penchants cannibales. Ce film extrême est l'oeuvre de Marian Dora, réalisateur allemand bien connu des fans du circuit underground, qui est d'une discrétion absolu, utilisant un pseudonyme et floutant toujours son visage lors d'interviews. "Cannibal" est d'ailleurs son premier long métrage, qu'il a réalisé en 2006. Sans budget, avec beaucoup de système D, cumulant les fonctions (réalisateur, scénariste, producteur, musicien, monteur, directeur de la photographie, décorateur...), Marian Dora ne cherche pas dans ses films à faire du divertissement. Il s'intéresse à la vie, à la mort, à la poésie, au corps humain, à la philosophie, autant d'éléments qu'on retrouve dans sa filmographie et dans "Cannibal". Je vous préviens de suite, le cinéma de Marian Dora n'est pas, comme déjà dit, un cinéma de divertissement, un cinéma de masse. "Cannibal" risque de déstabiliser le spectateur lambda, et même l'amateur chevronné de cinéma d'horreur, qui s'attend à voir une série B fun et bien gore. Gore, oui. Fun, certainement pas.

Avec ses teintes verdâtres ou blafardes, l'image de "Cannibal" renforce l'aspect réaliste, quasi documentaire, de l'histoire. Les effets-spéciaux sont ainsi parfaitement intégrés et dissimulés, au point où l'on se demande certaine fois si on n'assiste pas à un vrai meurtre. Mais avant de voir notre cannibale en action, il faut tenir. Car la première partie du film, qui dure trois bon quart-d'heure je pense, nous présente la vie de tous les jours de cet homme instable, dont le goût au cannibalisme a peut-être été provoqué par les contes pour enfants que sa mère lui lisait étant petit, ce qui est suggéré par la séquence introductive. Nous suivons ensuite ses recherches de son "dîner", via internet. La rencontre avec ledit "dîner" va presque verser dans une sorte de cinéma d'auteur, avec le début d'une liaison homosexuel entre la future victime consentante et son bourreau. Marian Dora filme avec crudité cette relation, les deux acteurs se mettent totalement à nu, au propre comme au figuré. Toutefois, la jolie musique qui accompagne les images nous fait prendre conscience que cette relation va s'avérer plus forte qu'une histoire d'amour traditionnelle.

Alors oui, cette première partie du film, je l'ai trouvé assez ennuyeuse, pour ne pas dire chiante. Quasiment sans aucune parole, il ne se passe pas grand chose à l'écran il faut bien le reconnaître. Mais elle est essentielle pour la suite. Pour nous faire comprendre que cette relation n'est pas aussi belle qu'on le pense. Que notre cannibale (Carsten Frank, un acteur récurrent chez Dora) n'est pas en position de force, qu'il a des doutes, qu'il s'aperçoit que ce n'est pas si facile que ça de "manger" quelqu'un. Que le "dîner" (Victor Brandl) dirige les opérations en fait et qu'il domine totalement le cannibale, le conspuant, l'insultant, le traitant de "faible" quand ce dernier n'arrive pas à croquer son pénis. Il faut donc s'accrocher, se dire que le meilleur reste à venir. Et effectivement, la partie finale du film va combler les attentes en matière d'horreur visuelle. Toujours sous l'angle du réalisme et du malsain. Avec des images chocs d'une grande intensité, parfois vomitive, Cannibal nous fait voir l'horreur de ce fait divers sans jamais détourner le regard de sa caméra.

Le "dîner" avait dit au cannibale qu'il voulait qu'il ne reste plus rien de lui. Ce sera effectivement le cas, après une longue, très longue séquence d’équarrissage qui aurait pu être filmée chez le boucher du coin. Tout y passe, castration, éviscération, démembrement, décapitation, mains plongés dans les entrailles, corps suspendu par les pieds, comme le cadavre retrouvé dans la grange d'Ed Gein, un trou béant à la place du ventre, et j'en passe. Avec quelques parties qui finiront donc dans la poêle du cannibale, la victime assistant d'ailleurs au festin, sa tête coupée trônant fièrement en face de notre dévoreur de chair humaine. Un final réellement atroce, paroxystique, à ne pas mettre devant tous les yeux. Il est difficile de dire qu'on a pris du plaisir à visionner "Cannibal". C'est une oeuvre extrême auteurisante, difficile d'accès, qui demande un minimum d'investissement. Et un cœur solidement accroché.

Cannibal | Cannibal | 2006
Cannibal | Cannibal | 2006
Cannibal | Cannibal | 2006

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Bande-annonce
Note
3
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Stéphane Erbisti