Benny t'aime très fort

Benny loves you

Alors qu’il vivait jusque là avec ses parents, Jack se retrouve soudain seul suite à leurs décès et décide enfin de tourner la page, quitter cette vie d’éternel adolescent dans laquelle il s’était enfermé. A 36 ans, il est en effet temps de se séparer de ses vieux jouets et surtout de ses vieux doudous d’enfance, dont un certain Benny que sa mère lui avait offert étant jeune pour le protéger de ses cauchemars nocturnes.
Mais, contre toute attente, ce fameux Benny va prendre vie et continuer d’aider son ami : armé d’un couteau, il va s’en prendre à tous ceux qui n’apprécient pas son grand copain Jack…

Benny t'aime très fort | Benny loves you | 2019

L'AVIS:

Après avoir réalisé en 2006 un court-métrage intitulé "Eddie loves you" qui mettait en scène un jouet tueur, Karl Holt décide de se lancer sept ans plus dans le long-métrage avec "Benny loves you" (renommé chez nous "Benny t’aime très fort").

Un long-métrage qui est passé par quelques sympathiques festivals tels que Sitges, Frightfest mais également notre cher Festival de l’Alpe d’Huez en 2021. Car peut-être ne le savez-vous pas pour ce dernier mais chaque année les festivaliers sont invités à découvrir une comédie d’horreur durant ce qui est appelé la « séance de minuit » et cette année c’était Karl Holt qui était choisi pour amuser et faire frissonner le public.

Et ce que l’on peut dire c’est que notre homme porte le film sur ses épaules : à la fois producteur, scénariste, monteur et réalisateur, ce dernier y joue également le rôle principal (Jack) et signe les effets spéciaux et la musique du long-métrage. Et quand nous voyons le résultat final, nous pouvons dire qu’il s’agit là d’un beau défi relevé. Sans être exceptionnel et dépourvu de défauts, ce dernier s’avère très plaisant à visionner comme nous allons le voir dans ces quelques paragraphes qui suivent.

Impossible de ne pas penser à des films tels que "Ted", "Chucky" ou autres "Dolls" et "Puppet master" quand nous regardons "Benny t’aime très fort" (même si nous relevons de très nombreux autres clins d’œil : "Les griffes de la nuit", "Matrix", "Evil Dead", "Gremlins" ou encore "Toy Story 3" et "Maman j’ai raté l’avion"…). La catégorie que nous appelons ici chez horreur.com « les Jouets meurtriers » comporte en effet son petit lot de bonnes surprises et le film de Karl Holt ne déroge pas à la règle.

Amusements et frissons au programme, voici ce que réserve ce "Benny loves you". Avec ses personnages un brin décalés pour la plupart, son personnage principal qui se donne enfin une vie d’adulte à 36 ans et bien évidemment notre cher Benny, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer devant ce petit film au rythme de bonne facture et à l’humour bien présent et faisant très souvent mouche.

Du côté des personnages, comment ne pas s’amuser devant ce duo de policiers totalement barré qui semblent bien plus intéressés par les petits gâteaux crémeux au fond du meuble mural de la cuisine de Jack que par ce qui motive chacune de leurs visites. Des représentants des Forces de l’Ordre aux dialogues bêtes au possible mais tellement savoureux que nous ne pouvons nous empêcher de sourire à la moindre de leur apparition, certains que nous allons de nouveau avoir droit à de petits moments de débilité bienvenus.
Mais ce n’est pas tout bien évidemment, à ces deux personnages décalés vous pourrez rajouter un banquier aussi tordu que profiteur, un collègue totalement perché et fan incontesté de Prince qui saura également bien vous faire marrer avec ses mimiques, ou encore un patron peu sympathique mais amoureux fou de son chien (forcément il va lui arriver quelque chose, on le devine aisément, à la manière d’un "Mary à tout prix" mais à la sauce gore) et quelque peu gaga quand il se retrouve avec ses filles.

Face à tous ces personnages hauts en couleur, nous retrouvons ce cher Jack, en proie à toutes ces personnes qui lui mènent la vie dure. Un banquier qui le ruine, un patron qui le rétrograde et un collègue qui s’avère être un concurrent déloyal : il en faut peu pour Benny qui s’est donné pour mission d’aider son ami et donc de se débarrasser de toutes ces menaces. Et même si cela facilitait la vie de Jack au départ, cette accumulation de cadavres va commencer à être un sacré problème pour notre malheureux éternel ado en pleine reconversion qui va devoir à présent affronter des policiers qui lui tournent de plus en plus autour tout en cachant la cruelle vérité à cette belle femme qui lui fait de l’œil depuis quelques temps.

[Spoiler] Le problème est qu’outre le fait d’aider son ami en dézinguant ses ennemis, Benny veut également retrouver sa place de numéro 1 dans le cœur de Jack, lui qui avait été jeté à la poubelle en début de long-métrage. Et le voilà donc, comme nous pouvions nous y attendre alors, en compétition avec cette belle collègue de travail qui tourne autour de son meilleur ami… [Fin du spoiler]

Comment parler de "Benny t’aime très fort" sans dire un mot de notre star du film ? Avec ses gros yeux ronds donnant un air d’ahuri, Benny a tout de la peluche sympathique et rigolote à la fois. Sa façon de déambuler (des effets spéciaux quelque peu loupés mais cela donne un ton comique bienvenu), ses « tadaaaam » après chaque meurtre perpétré ou encore ses sauts à répétition façon ninja amusent beaucoup la galerie quand ce dernier ne décide pas de faire gicler l’hémoglobine sur la caméra.

Car oui, derrière cette image juvénile et sympathique que dégage Benny se cache un véritable tueur sans pitié ! Coups de couteau en pagaille, éviscérations, décapitation, empalement (avec le piquet du panneau « Maison à vendre »), égorgements, veines tailladées… Notre ami-peluche ne fait pas dans la dentelle, massacre humains comme animaux et nous offrira même une tuerie de masse assez jubilatoire il faut l’avouer.
Dans les meilleurs moments du film, je retiens notamment cette scène dans laquelle Jack découvre toutes ses peluches « tuées », Benny les ayant décapitées ou simplement abîmées tout en les aspergeant de spaghettis à la bolognaise pour donner l’impression de viscères et autres abats extirpés ! Sans oublier un de ses jouets préférés qui finit dans l’eau bouillante…

Alors oui, nous pourrions reprocher pas mal de petites chose à "Benny t’aime très fort", à commencer par quelques effets spéciaux fort moyens (budget oblige, certains effets numériques sont moins bons que d’autres), cette bagarre entre Benny et un robot qui s’avère un brin trop longue (d’ailleurs le final vire un peu trop au grand n’importe quoi alors que l’humour était mieux distillé jusque là) ou encore ce petit côté "Maman j’ai raté l’avion" (on confectionne des pièges contre Benny dans ce film qui tourne un peu au home invasion) qui est un peu « le truc de trop » qui pourra déplaire à certains.
Mais n’allons pas bouder notre plaisir, les défauts sont toutefois mineurs et ne gênent en rien la bonne lecture du film et surtout le plaisir procuré quand nous le visionnons : nous avons quand-même passé un moment fort plaisant en la présence de Karl Holt !

Alors oui, "Benny t’aime très fort" sera probablement oublié dans quelques mois/années mais nous avons visionné là un film au capital sympathie indéniable. Drôle, gore et dynamique, le film de Karl Holt est une belle prouesse pour cet homme qui a presque tout fait sur son long-métrage.
Un film que je recommande sans grande hésitation et rien que pour ce travail de titan pour son géniteur, ce côté humoristique bienvenu et cette peluche si attachante, je n’hésite pas à mettre un joli 4/5 pour clôturer cette critique.

[NDLR : Restez jusqu’au bout du générique de fin pour découvrir ce qu’est devenu un personnage dont nous avions perdu la trace pendant le film]

Benny t'aime très fort | Benny loves you | 2019
Benny t'aime très fort | Benny loves you | 2019
Benny t'aime très fort | Benny loves you | 2019
Bande-annonce
Note
4
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David Maurice