Affiche française
Barbare | Barbarian | 2022
Affiche originale
Barbare | Barbarian | 2022
Un film de
Scénario
Date de sortie
Pays
Couleur ?
oui
Musique de

Barbare

Barbarian

Tess se rend loin de chez elle pour un entretien d’embauche. Arrivée à son Air B’n’B, elle se rend compte que sa location est déjà occupée par un certain Keith, homme affable (voir trop), prêt à l’accueillir. Malgré ses craintes et n’ayant pas d’autres choix, la jeune femme va accepter de cohabiter avec cet étranger. C’est le début d’une descente aux enfers pleine de surprises…

Barbare | Barbarian | 2022

L'AVIS :

Bonne nouvelle : entre deux films d’horreur calibrés pour le public adolescent et autres « marvelleries » copiées/collées, le cinéma de genre peut encore arriver à nous surprendre. Preuve en est, ce "Barbare" réalisé par Zach Cregger. La première surprise vient d’ailleurs du réalisateur en question. Souvenons-nous qu’il est le co-responsable de la teen-comédie "Miss March" en 2009, dans lequel un jeune homme (joué par Zach, himself) part à la recherche de son ex-copine devenue égérie du magazine Playboy. Si le film n’avait rien de honteux (Queue-de-cheval-méga-bite restera à jamais dans nos cœurs), avouons que le grand écart avec « Barbare », film d’horreur à l’état pur, est digne de celui d’un Jean-Claude Van Damme de la grande époque.

Autre surprise, si le titre peut laisser croire aux aventures d’un héros musculeux portant une épée autant qu’à un torture-porn bas du front, le résultat final est pourtant loin de tout ça. D’ailleurs, mieux vaut avoir vu le film avant de lire les lignes qui suivent, tant il est compliqué de parler du film sans le spoiler. Surtout, le plaisir de le découvrir vierge de toute information rend la chose plus intense.

Maintenant que c’est dit et que vous êtes prévenus, rentrons dans le vif du sujet : Le film se découpe en plusieurs parties liées entre elles, mais aux tonalités différentes. Les ruptures de tons, sont d’ailleurs perturbantes et diminuent parfois la tension, notamment à la fin d’une première heure captivante et tendue dans laquelle une jeune femme se retrouve à devoir cohabiter avec un illustre inconnu suite à une hypothétique erreur de l’agence de location. Tess (Georgina Campbell, impeccable), la jeune femme en question, va donc passer une nuit avec le charismatique, mais énigmatique et un peu flippant, Keith (Bill Skarsgard, impeccable, lui aussi). Si le film semble, de prime abord, suivre la trajectoire de ces deux personnages, le scénario va donc prendre un virage à 90° lorsque (attention, spoiler de chez spoiler) Keith va se faire massacrer par un troisième résidant à l’aspect difforme.

Suite à ce premier twist, le film va nous présenter un nouveau « héros » en la personne de A.J, comédien qui trempe dans une sale affaire de viol, et qui doit se rendre dans la maison du drame (dont il n’a pas connaissance) pour tenter de la vendre afin de payer ses frais d’avocat. Si Georgina Campbell et Bill Skarsgard sont impeccables (oui, j’insiste), c’est un réel plaisir de retrouver Justin Long dans un rôle (celui d’A.J) aussi ambiguë et angoissant (son meilleur depuis "Tusk" de Kevin Smith). Finalement, pas étonnant que Zach Cregger ait décidé de le recruter tant la direction du réalisateur ressemble, à un certain niveau, à celle de Smith, réalisateur de comédies ("Clerks"…) et de films d’horreur barrés et dérangeants ("Red State", "Tusk"…).

A partir de là, le film ne va jamais retrouver son atmosphère oppressante du début, mais proposer quelques bons moments de flippes et de malaises à partir du moment où A.J va découvrir Tess dans les souterrains de la maison. Le sous-sol, lieu de toutes les horreurs, est sordide comme il faut et les péripéties haletantes. Si certains effets (empruntés à "Rec" ou "Le sous-sol de la peur" et à mille autres films du genre) manquent d’originalité, le tout tient la route et arrive à nous transporter dans son atmosphère glauque.

Dans les semi-déceptions, on peut regretter qu’une fois le « monstre » dévoilé, à la mort de Keith, ses apparitions n’ont plus la même saveur angoissante. Les autres points qui peuvent faire tiquer sont certaines invraisemblances scénaristiques (le film est parfois too much, notamment dans sa manière d’isoler les personnages), ainsi que les réactions étranges de plusieurs protagonistes face à la menace. Si celles de Tess sont plutôt bien amenées, transformant ses choix stupides en décisions courageuses ou altruistes de manière convaincante, celles des personnages masculins sont, elles, beaucoup moins compréhensibles. Leurs choix étant dictés par la curiosité, potentiellement logique, mais loin d’un certain bon sens.

Toutefois, rien qui viendrait gâcher la fête d’un spectacle éprouvant dont je m’abstiendrais de dévoiler la teneur profonde (en me retenant de vous parler plus en détail du monstre et de ses motivations profondes) et qui, au-delà du roller-coaster horrifique, nous propose une caractérisation de personnages très réussie conduisant à une morale jubilatoire que n’aurait pas renié un épisode de la fameuse série "Les Contes de la Crypte".

Enfin, si le film perd de sa tension à mi-parcours, difficile de lui reprocher tant les choix surprenants et originaux l’emportent sur ce qui aurait pu être un simple home invasion inversé. Il faut parfois faire des sacrifices et il est difficile de gagner à tous les niveaux quand on veut sortir des chemins trop souvent balisés de l’horreur moderne. Et loin de l’avoir fait comme un petit malin prenant son public de haut, on peut dire que Cregger a réalisé une démonstration de force tout en montrant un grand respect au genre.

Barbare | Barbarian | 2022
Barbare | Barbarian | 2022
Barbare | Barbarian | 2022
Bande-annonce
Note
4
Average: 4 (1 vote)
Sylvain Gib