Bad brains
Bad Brains
Davide et sa fiancée Alice kidnappent et assassinent leurs proies dans un but précis : ils cherchent quelque chose dans les cadavres et s'assurent avant les meurtres que leurs victimes ressentent la sensation de peur. Leur petit monde macabre va être perturbé lorsqu'un certain Mirco fait irruption dans leur maison de l'horreur. Ce dernier ne semble pas ressentir la moindre peur à leur contact et semble en savoir beaucoup sur eux et sur leur passé...
L'AVIS :
Passionné par les récits de H.P. Lovecraft, le réalisateur italien Ivan Zuccon s'est lancé dans une série d'adaptation dès les années 2000, avec des titres tels "The Darkness Beyond", "Unknown Beyond" ou "The Shunned House". Des films à petits budgets, réalisés en vidéo, avec les moyens du bord mais surtout de la passion. En 2006, il tente de s'éloigner de son maître à penser avec "Bad Brains", tout en lui faisant un clin d'oeil à travers la vision à de multiples reprises d'un ouvrage du maître de Providence. Toujours filmé au format vidéo, "Bad Brains" nous emmène à la suite de Davide et Alice, deux tueurs en série qui ne font pas dans la dentelle et massacrent à tour de bras de nombreuses victimes. Si de prime abord, les meurtres semblent gratuits, il n'en est rien car Davide semble chercher quelque chose de bien précis à l'intérieur des nombreux cadavres qui s'entassent dans leur maison isolée, transformée en véritable refuge de l'horreur dans lequel seul un esprit totalement dérangé pourrait vivre.
Ça tombe bien, Davide semble totalement cinglé et il en va de même pour sa fiancée Alice, qui n'est autre que sa sœur ! Un couple incestueux et fusionnel, dont les nombreux flashback nous font comprendre que leur folie meurtrière ne date pas d'aujourd'hui, puisque, à l'époque où ils n'étaient que des enfants, ils ont déjà manier du couteau en assassinant leur père et leur mère, tout comme il semblerait qu'ils aient fait mu-muse avec une poussette et son petit occupant, en la poussant dans les escaliers. Sympa ! La question qui nous interroge ici est donc de savoir ce que cherche Davide dans les corps qu'ils charcutent sans remords aucun. Il apparaît clairement que cette quête est le fait de Davide et qu'Alice ne fait que l'aider à trouver ce mystérieux graal, ce qui ne retire en rien la folie qui habite également la jeune femme. Cette dernière garde en effet une femme prisonnière dans cette lugubre maison, femme qu'elle considère comme sa poupée et à qui elle témoigne une légère affection.
Ce portrait des deux psychopathes et cette recherche dont nous sommes les témoins nous rappellent parfois Martyrs de Pascal Laugier, Davide insistant fortement sur le fait qu'avant de tuer une victime, il faut que celle-ci ressente la peur, la vraie sinon, il ne faut pas encore la tuer. Étrange et intrigant. Si cet aspect quelque peu métaphysique donne son intérêt à "Bad Brains", ce n'est pas le seul point positif à mettre à son crédit. Même si le format vidéo peut dérouter et donner une impression d'amateurisme au film, on sent qu'Ivan Zuccon se donne du mal pour apporter de l'ampleur à sa mise en scène, avec de nombreux mouvements de caméra, travelling et autre techniques propres à la réalisation. Le montage est également à mettre en avant, ne respectant pour une traditionnelle linéarité mais faisant de perpétuels aller-retour entre le présent et le passé.
L'arrivée du mystérieux Mirco apporte également une nouvelle source de questionnement car il semble en savoir beaucoup sur les deux tueurs et annonce ouvertement être connecté à Davide, proclamant même à Alice que si il meurt, Davide mourra également ! Comment, pourquoi, qui est-il réellement, pourquoi semble-t-il avoir des stigmates au creux des mains ? Autant de questions qui trouveront bien sûr une résolution à la fin du film. Niveau casting, les acteurs font le job correctement pour ce type de petites productions, notamment Emanuele Cerman qui joue Davide. Valeria Sannino se montre également à l'aise avec le personnage d'Alice, sombrant parfois dans une certaine théâtralité mais rien de dommageable. Bad Brains se montre assez violent et sanglant, et il bénéficie d'effets-spéciaux assez réussis et bien travaillés. Le décor de la maison, son intérieur délabré et bariolé d'effusions sanguinolentes, apporte une touche malsaine bienvenue. Le film est aussi bardé d'éléments symboliques et le scénario est bien plus complexe qu'il n'y paraît, bien plus tortueux, bien plus psychologique, un peu comme les récits de Lovecraft ! Bref, "Bad Brains" se montre intéressant à bien des égards et pour son quatrième film, Ivan Zuccon nous offre un bon film d'horreur italien et prouve qu'il a des choses à raconter. Si vous suivez ce réalisateur, impossible de nier qu'il progresse film après film et qu'il est un de ces nouveaux réalisateurs sur qui il faut compter dans le paysage du cinéma bis horrifique italien.
* Disponible en DVD chez ->DIGIT MOVIES <- (vendu en France via Uncut Movies, avec sous-titres français)