Flic ou zombie
Dead heat
Les inspecteurs Mortis et Bigelow sont à la poursuite de malfrats ayant acquis le surnom de Gang des suicidaires, commettant des hold-ups un peu partout dans Los Angeles sans aucun égard pour leur propre vie. Lorsqu'ils en abattent deux, ils apprennent par la légiste que non seulement les truands étaient déjà morts mais surtout, qu'elle les avait autopsiés elle-même une semaine auparavant. Leurs recherches les mènent au laboratoires Dante où Bigelow se fait agresser par un zombie monstrueux et Mortis perd la vie dans un sas pressurisé. La légiste découvre une machine capable de le ramener à la vie, mais cet avantage a également son inconvénient : il ne restera que douze heures à Mortis avant de se décomposer entièrement.
Je vous rassure, je ne vous ai raconté que les premières quinze minutes du film, et encore. Et si cela vous paraît comme un mélange savoureux d'Arme fatale, Re-Animator et autre film de zombie de votre choix, c'est parce que ça l'est. Bon, ces titres font bien sûr figure de chefs d'œuvres à côté, c'est certain, mais on passe malgré tout un très bon moment avec cette série B-voire-C.
Treat Williams joue le rôle du flic-devenu-zombie Roger Mortis (rigor mortis – admirez le joli jeu de mots…), un rôle qu'il incarne avec tout le sérieux du monde. On l'aura vu dans de nombreux téléfilm et aussi le très bon Un cri dans l'océan (1999, dont on préférera largement le titre en vo, Deep Rising). Mais son sang-froid au début du film sera mis à rude épreuve lorsqu'il apprendra qu'il ne lui reste qu'à peine une demie journée pour "vivre" et trouver les responsables de son état. Il est sans cesse rappelé du temps qui passe et malgré quelques moments un peu appuyés, Williams fait bien passer le sentiment de désespoir que cela occasionne.
Son coéquipier Doug Bigelow est incarné par un Joe Piscopo habitué de rôles comico-foireux dans rien que vous ayez vu, mais ici, il s'en sort pas trop mal, débitant des one-liners qui vous feront rire si vous regardez ce film vers 1h du matin et que votre cerveau est au repos. L'alchimie entre les deux fonctionnant à merveille, on ne s'attardera donc pas trop sur l'histoire somme toute classique, mais ce film réserve malgré tout de très bonnes surprises.
Lors des recherches au laboratoires Dante (le nom n'est pas une coïncidence, plusieurs acteurs du film étant des habitués des films de Joe), une Randi James ressemblant étrangement à la légiste Becky Smithers va leur révéler l'existence d'un produit au nom imprononçable capable de ressusciter les morts, acheté en grande quantité par un certain Professeur Thule habitant Chinatown. Et dans la cuisine de son restaurant, nous avons droit à une séquence des plus hallucinantes où nos héros improbables vont se faire attaquer par des poulets débités, des canards laqués, un porc caramélisé et même un bœuf entier sans tête revenus à la vie. Non, je vous assure, passé la première surprise, c'est à se tordre de rire !
Malheureusement, les attaques se font rares dans le reste du film, se limitant à un zombie par-ci par-là, ma foi pas trop mal faits, ainsi qu'une scène de décomposition rapide fort peu ragoûtante. Enfin, ceux qui ne prient que devant l'autel Fulci risquent d'être déçus, quand même.
On ne va pas louer les talents de réalisateur de Mark Goldblatt qui s'en sort bien mieux en tant que monteur (Terminator I et II, Cabal, Armageddon, Showgirls – eh oui, c'est lui. Qui a dit "Pas que des références" ?). Il réussit pourtant quelques scènes d'action drôlement efficaces (la scène du restaurant sus-mentionnée, des cascades concernant une ambulance et une moto), mais sans doute a-t-il été aidé par son assistant réalisateur, Mike Topoozian (Tremors, Con Air, Panic Room…) ?
Les effets spéciaux sont de Steve Johnson, qu'on ne présente plus. Il va sans dire que le budget alloué devait être assez mince, et cela se voit dans le fait que ses talents n'ont pu être lâchés que pour quelques séquences rares. Malgré cela, on se régale, bien que les effets numériques auraient dû être évités.
Pour ceux qui ont remarqué le nom de l'immortel Vincent Price au générique, je vous préviens, son rôle est minuscule. Mais son apparition en costume blanc éthéré à la fin du film nous fait oublier la platitude du final prévisible à des lieues et son statut d'icône dans notre esprit ne pourra jamais entacher n'importe quel rôle de méchant lui ayant été accordé.
Au final, on s'amuse beaucoup dans ce buddy cop-zombie movie où l'humour est assez bien intégré pour ne pas être de trop et l'action présente. On ne peut qu'aimer un film où deux zombies se mitraillent pendant cinq minutes sans se soucier du nombre de balles qu'ils prennent, et où la volaille se retrouve en haut de la chaîne alimentaire, prenant une revanche bien méritée sur l'espèce humaine.