Affiche française
Dr. Jekyll et les femmes | Dr. Jekyll et les Femmes | 1981
Affiche originale
Dr. Jekyll et les femmes | Dr. Jekyll et les Femmes | 1981
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Dr. Jekyll et les Femmes

Dr. Jekyll et les Femmes

Alors qu'une fillette vient d'être sauvagement assassinée dans les ruelles de Londres, de nombreux invités se rendent au manoir du docteur Jekyll, afin de fêter les noces de ce dernier avec la belle Fanny Osbourne. Durant la soirée, une des invitées, la jeune Victoria qui s'était retirée dans une chambre pour se reposer, est agressée par un mystérieux inconnu. La panique règne au manoir, les femmes se calfeutrant dans les chambres quand les hommes tentent de mettre la main sur l'agresseur. Cherchant son époux, Fanny découvre un terrible secret le concernant...

Dr. Jekyll et les femmes | Dr. Jekyll et les Femmes | 1981

L'AVIS :

On ne le cite quasiment jamais mais Udo Kier n'a pas seulement interprété deux figures majeures du cinéma fantastique, à savoir le comte Dracula et le Baron Frankenstein. L'acteur allemand a également joué le personnage du tout aussi célèbre Dr. Jekyll et ce, dans ce curieux film du réalisateur d'origine polonaise Walerian Borowczyk, qui s'est exilé en France dans les années 60 et qui y a vécu jusqu'à la fin de sa vie, en 2006. Principalement connu pour ses œuvres fantasmagoriques et érotiques telles Contes Immoraux (1973), La Bête (1975) ou Intérieur d'un couvent (1978), Borowczyk a d'abord été réticent à l'idée d'adapter le récit de Robert Louis Stevenson écrit en 1886 car il ne voulait en aucun cas réaliser un simple remake, l'histoire ayant déjà eu de nombreuses adaptations cinématographiques et ce, dès l'époque du cinéma muet. Ayant eu vent de l'histoire apparemment véridique dans laquelle la propre femme de Stevenson, Fanny Osbourne, aurait rejeté le premier jet de L'étrange cas du Dr. Jekyll et Mr. Hyde, trouvant ce dernier beaucoup trop violent et inconvenant, Borowczyk décide d'adapter le récit à sa manière, en prenant toutes les libertés possibles et en intégrant le personnage de Fanny Osbourne au scénario.

Pour interpréter le docteur Jekyll, il faut donc appelle à Udo Kier. Il confie à la belle Marina Pierro, qui est devenue sa muse depuis Intérieur d'un Couvent, le rôle de Fanny. Parm iles autres membres du casting, on trouve Patrick Magee, célèbre acteur dont la prestation dans Orange Mécanique, entre autres, a marqué les esprits mais aussi l'un des chouchous de Jess Franco, à savoir Howard Vernon. Fait étonnant, Udo Kier n'interprète pas le vil Hyde ici alors que dans la majorité des adaptations, c'est le même acteur, grimé et maquillé, qui joue les deux rôles. La tâche est confiée à un acteur au faciès déstabilisant et inquiétant, Gérard Zalcberg, que les fans de Jess Franco ou du cinéma horrifique connaissent pour avoir été le tueur fou au côté de Brigitte Lahaie dans Les Prédateurs de la Nuit en 1987. Au départ, Borowczyk souhaite appeler son film L'étrange cas du Dr. Jekyll et de Miss Osbourne, cette dernière étant réellement le personnage principal du film. Les distributeurs en ont décidé autrement et le film sortit sous le titre peu inspiré de Dr. Jekyll et les Femmes, peut-être pour faire croire qu'il s'agissait d'un nouveau film érotique du réalisateur. Si l'érotisme n'est pas absent du film, il reste tout de même très léger et ce n'est guère sa raison d'être. D'ailleurs, selon Marina Pierro, ce re-titrage sauvage n'a pas été du goût du cinéaste, Qu'en est-il donc du film ?

Honnêtement, j'ai été un peu désarçonné lors de sa vision. Hormis la première séquence qui montre l'agression d'une fillette dans des rues sombres, tout le reste du film va se dérouler dans le manoir de Jekyll et devenir une sorte de huis-clos, sans aucune autre scène tournée en extérieur. Qui plus est, le jeu de nombreux acteurs, dont Patrick Magee en premier lieu, se révèle très théâtral, voire totalement surjoué, ce qui est déstabilisant pour le spectateur. Le rythme est de plus très posé, il y a de nombreuses scènes de dialogues, comme lors du repas où les protagonistes dissertent sur diverses théories mises en avant par notre efficient médecin, ce qui n'est guère passionnant avouons-le. Plus étonnant seront les sortes de flash nous montrant des éclats de violence, sans qu'on comprenne ce que ça veut dire. L'apparition de Hyde au manoir va dynamiser un peu le rythme, sans toutefois nous transporter. On reste pour le moment sur une impression mitigé de voir du théâtre filmé, avec toutefois quelques séquences un brin perturbante, comme celle dans laquelle Hyde ligote le personnage joué par Magee et va baiser la fille de ce dernier devant lui, celle-ci se montrant parfaitement consentante, comme si elle connaissait déjà Hyde et était attirée par son côté sombre et machiste. Le meurtre d'un autre invité, masculin, commis de façon homosexuelle dirons-nous, vu l'endroit choisi, participe aussi à créer une ambiance un peu malsaine. Plus le film avance, plus il prend une nouvelle dimension et se montre intrigant. Ici, Jekyll a inventé un sérum pour devenir Hyde mais il ne l'absorbe pas. Il verse le produit dans une baignoire et prend donc un bain pour se métamorphoser. C'est l’absorption d'un contre-sérum qui lui permet de redevenir Jekyll. La séquence de la baignoire est très réussie car elle est vécue par les yeux de Fanny, qui cachée dans la pièce derrière une armoire, peut tout observer.

La thématique du Bien et du Mal est bien sûr présente et elle est mise en valeur par Jekyll mais surtout par Fanny. En effet, la jeune femme, nouvellement mariée, vit dans une société fait de privation et de règles morales qu'elle ne semble pas supporter. En désir d'émancipation, elle trouve dans la transformation de son mari en ignoble Hyde la solution pour mener la vie qu'elle désire, sans se soucier des codes, des tabous. Il semble d'ailleurs en être de même pour Jekyll, qui passe plus de temps sous sa maléfique apparence que sous celle du gentil docteur, pouvant ainsi commettre agressions, viols et meurtres, choses que la société réprime. Le final est très bien pensé et fait surgir tout l'attrait érotique de Marina Pierro, qui choisit, en toute connaissance de cause, de plonger elle aussi dans la baignoire contenant le sérum de transformation, tout en sachant qu'il n'existe plus de dose d'anti-sérum. L'actrice devient une véritable femme fatale, ses yeux deviennent rouges, comme le désir, et elle ne va faire qu'un avec Hyde. La prestation de Gérard Zaclberg est bonne et Hyde se montre sans moralité aucune, respectant bien ce personnage emblématique. Curieux film donc que Dr. Jekyll et les Femmes, dont la vision mérite un petit effort et de la patience pour qu'il vous prenne par la main et vous embarque avec lui. En tout cas, il y a de bonnes trouvailles scénaristiques et effectivement, ce n'est en rien un remake mais bel et bien une nouvelle approche de l'oeuvre de Stevenson par un réalisateur talentueux et à l'univers bien défini.

Dr. Jekyll et les femmes | Dr. Jekyll et les Femmes | 1981
Dr. Jekyll et les femmes | Dr. Jekyll et les Femmes | 1981
Dr. Jekyll et les femmes | Dr. Jekyll et les Femmes | 1981

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ARROW VIDEO - Brand new 2K restoration, scanned from the original camera negative and supervised by cinematographer Noël Véry
- High Definition Blu-ray (1080p) and Standard Definition DVD presentation of the film, released on both formats for the first time anywhere in the world
- English and French soundtracks in LPCM 1.0
- Optional English and English SDH subtitles
- Appreciation by critic and long-term Borowczyk fan Michael Brooke
- Audio commentary featuring archival interviews with Walerian Borowczyk and new interviews with cinematographer Noël Véry, editor Khadicha Bariha, assistant Michael Levy and filmmaker Noël Simsolo, moderated by Daniel Bird
- Brand new interview with Udo Kier
- Brand new interview with Marina Pierro
- Himorogi (2012), a short film by Marina and Alessio Pierro, made in homage to Borowczyk
- Interview with artist and filmmaker Alessio Pierro
- Phantasmagoria of the Interior, a video essay on Borowczyk’s Dr Jekyll by Adrian Martin and Cristina Álvarez López
- Eyes That Listen, a featurette on Borowczyk’s collaborations with electro-acoustic composer Bernard Parmegiani
- Happy Toy (1979), a short film by Borowczyk inspired by Charles-Émile Reynaud’s praxinoscope
- Introduction to Happy Toy by production assistant Sarah Mallinson
- Returning to Méliès: Borowczyk and Early Cinema, a featurette by Daniel Bird
- Reversible sleeve with artwork based on Borowczyk’s own poster design
https://www.arrowfilms.com/blu-ray/the-strange-case-of-dr-jekyll-and-mi…

Bande-annonce
Note
3
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Stéphane Erbisti