Conjuring : sous l'emprise du Diable
Conjuring: the Devil made me do it, the
Dans cette affaire issue de leurs dossiers secrets – l'une des plus spectaculaires – , Ed et Lorrain commencent par se battre pour protéger l'âme d'un petit garçon, puis basculent dans un monde radicalement inconnu. Ce sera la première fois dans l'histoire des États-Unis qu'un homme soupçonné de meurtre plaide la possession démoniaque comme ligne de défense.
L'AVIS >
Huitième volet de l’univers cinématographique Conjuring, Sous l’emprise du Diable nous permet de retrouver, 5 ans après "Le Cas Enfield", le couple Warren. Entre temps, l’univers s’est enrichi de nouveaux films consacrés à la poupée Annabelle ("La Création du mal" puis "La Maison du mal"), au démon Valak dans "La Nonne", et à la Llorona dans "La Malédiction de la Dame Blanche". C’est d’ailleurs au réalisateur de ce dernier, Michael Chaves, que revient la lourde tâche de succéder à James Wan, ce dernier se contentant de produire et de participer au scénario.
Comme pour les précédents épisodes, Conjuring 3 est inspiré de faits réels, ce qui signifie qu’il se base vaguement sur des histoires à la véracité douteuse relayées par des personnes ayant tendance à déformer la réalité. Cette fois, le scénario aborde l’histoire de Arne Cheyenne Johnson, qui après avoir tué son propriétaire, tenta de plaider la possession démoniaque pour expliquer son geste. Sans succès. L’histoire va permettre à la saga d’explorer de nouveaux horizons, entre malédiction et sorcellerie, en privilégiant son côté « enquête » - qui a toujours été, à mes yeux, l’élément le plus réussi de la saga.
On n’échappera malheureusement pas aux insupportables clichés que le genre nous vomit à la tronche depuis trop longtemps. Refusant d’installer une quelconque ambiance, le film ne se construit qu’autour de jump-scares stéréotypés et sans surprise, tente de donner le change en faisant beaucoup, beaucoup de bruit, et nous gratifie une nouvelle fois des éternelles séances de contorsionnisme diabolique pour illustrer la possession. On a parfois l’impression que, paniqué à l’idée d’avoir montré un élément un peu plus subtil, Conjuring se met à hurler et à trembler pour vite reprendre les rails de l’épouvante inoffensive grand public.
Et si la réalisation de Chaves évite le côté « m’as-tu vu » dans lequel s’enfermait parfois Wan (pas de travelling à 360° à cloche-pied les yeux bandés ici), c’est pour mieux insister sur ses références, le film reprenant par exemple le plan iconique de L’Exorciste, ou pour mieux tuer dans l’oeuf tout élément de surprise. Absolument rien ne dépasse, c’est propre, c’est carré, c’est lisse… c’est l’univers cinématographique Conjuring, et apparemment, c’est ce que veut voir le public, qui se rue en salles à chaque épisode.
Si le film n’essaie plus de faire peur, il tente en revanche d’apporter un peu de substance à son scénario. Il faut bien avouer que cela fonctionne plutôt bien, à l’image de ce que proposait par moments Le Cas Enfield. Rien qui viendra renouveler le genre, mais le mystère est assez efficace pour donner envie de suivre l’enquête. Dommage que ça se termine en eau de boudin, entre révélation bancale et vite expédiée, mais c’est sans doute dans cette direction que la saga devrait creuser pour ses inévitables futurs épisodes.
De l’épouvante prémâchée, sans saveur, et qui ressemble à tous les films d’épouvante de ces dernières années : Conjuring : sous l’emprise du Diable remplit sans doute parfaitement sa fonction de gentil blockbuster horrifique estival pour adolescent. On passera plus de temps à secouer la tête de dépit qu’à frissonner…