CHOSE DERRIERE LA PORTE - LA
CHOSE DERRIERE LA PORTE - LA
1914. La Guerre a commencé dans la campagne française. Jean est parti combattre les Allemands mais n’est pas revenu au foyer, mort dans les terribles et suffocantes tranchées, laissant seule la malheureuse Adèle.
Mais un jour, alors que la guerre continue de faire rage dans les campagnes avoisinantes, la jeune femme découvre un vieux grimoire non loin de chez elle, dans des vestiges en pleine forêt, et comprend au travers des illustrations du livre qu’elle peut faire revenir à la vie son cher Jean tombé au front...
L'AVIS:
Fabrice Blin est un passionné de cinéma depuis toujours. D’ailleurs c’est lui qui, à 16 ans seulement, remporte le Grand Prix et le Prix du Public avec son premier court-métrage lors du 4ème Festival du Super 8 Fantastique de Paris organisé par le magazine Mad Movies.
Puis, après avoir exercé différentes activités (chargé de production sur des séries télévisées d’animation ou rédacteur pour le magazine AnimeLand qui est spécialisé dans le manga et l’animation), il revient à la réalisation au tout début des années 2000. Il signe alors les courts métrages "Lobotoman", "Monsieur Méchant" puis "Mandragore" et met en scène plusieurs vidéoclips et bonus DVD.
En 2014, il coécrit et réalise le documentaire de long métrage "Super 8 Madness" que certains doivent bien connaître.
Parallèlement à son activité de réalisateur, il est également l’auteur de deux ouvrages : "Les Mondes Fantastiques de René Laloux" (une biographie du réalisateur René Laloux) et "Renaissance, le livre du film" (livre making-of du film "Renaissance" de Christian Volckman).
En 2023, il achève la réalisation de son premier long métrage de fiction intitulé "La chose derrière la porte". Film qui sera d’ailleurs projeté lors de l’édition 2023 du Bloody Week-End mais que je n’avais malheureusement pas pu voir faute de temps lors de la fameuse convention de Loïc Bugnon.
Une erreur rattrapée en cette fin d’année 2023 et il est donc temps à présent de vous parler de ce premier long-métrage de fiction de notre compatriote !
"La chose derrière la porte" pose rapidement le cadre avec son introduction soignée qui nous plonge en plein XVème siècle en compagnie d’un Homme d’Eglise et d’une jeune femme qui va subir un violent et mortel accouchement, fruit visiblement de ce vieux grimoire que tient notre homme dans ses mains tremblantes avant d’être attaqué par quelque chose… Une introduction réussie qui nous invite ensuite à parcourir, en guise de générique, des dessins qui seront finalement le déroulé de notre histoire qui se passe 500 ans plus tard approximativement.
« Un film de sorcellerie ? » peut-on alors assez facilement se demander à la fin de cette introduction/générique. Oui, tout à fait : ce premier long-métrage de Fabrice Blin est bien un film de sorcellerie, de Diable et démons et tout ce qui se rapporte à ce sous-genre fantastique ô combien représenté dans le cinéma de genre que nous aimons tant.
Alors que beaucoup de réalisateurs aujourd’hui se cassent les dents sur ce sous-genre ou ne proposent rien de bien neuf à ce que nous connaissons déjà, Fabrice Blin va quant à lui transposer de la sorcellerie en pleine guerre mondiale en faisant revenir des tranchées le défunt mari d’une jeune française interprétée par une Séverine Ferrer resplendissante et véritablement bonne actrice.
Et cela fonctionne : l’équipe du film parvient sans aucun mal à permettre une parfaite immersion dans ce contexte historique en nous plongeant en pleine campagne de l’Est de la France dévastée (nous voyons et entendons les détonations au loin, les attaques d’avions…), plus particulièrement dans cette bâtisse rustique où vit Adèle et qui sera plus tard le théâtre de phénomènes démoniaques, après que la jeune femme ait pratiqué une incantation issue de ce vieux grimoire trouvé non loin de là.
Avec des jeux de lumières réussis et un travail minutieux sur les sons et bruitages, nous avons là parfois un travail d’orfèvre de la part de l’équipe du film qui a tenu à produire une belle enveloppe à cette histoire de Fabrice Blin, trompant son petit monde sur le montant du budget du film qui est bien moins important que ce qu’il peut paraitre lors du visionnage de "La chose derrière la porte".
Et avec son histoire de grimoire et d’incantation, ce pacte avec le Diable clairement annoncé par un Jean revenu d’entre les morts, l’arrivée cauchemardesque des démons ou encore ce final sous forme de poésie macabre bienvenue mettant en évidence une belle mandragore (je n’en dirai pas plus), impossible de passer à côté de tous ces éléments propres à la sorcellerie qui sont parfaitement distillée/parsemée tout au long de ce récit qui nous est conté par Fabrice Blin.
Un récit qui va durer approximativement 1h10. Et pourtant certain(e)s, peu habitué(e)s ou n’appréciant tout simplement pas ce type de narration/réalisation misant beaucoup sur l’immersion, les émotions et le contemplatif (les asiatiques sont d’ailleurs des spécialistes en la matière), vont peut-être trouver parfois le temps long devant "La chose derrière la porte". Car oui, les personnages sont peu nombreux (Adèle sera seule pendant une bonne partie du film), les dialogues réduits au strict minimum et les rebondissements rares (on notera l’intrusion d’un soldat allemand à deux reprises et l’arrivée des démons) mais pour ma part je ne me suis pas ennuyé une seule fois devant le film de Fabrice Blin.
Le soin apporté par le biais de l’imagerie, des sons/bruitages ou encore des maquillages a suffi à permettre une immersion totale dans cet univers mêlant guerre et sorcellerie avec tout ce qu’il faut comme touche de drame et d’amour pour suivre cette histoire d’une jeune femme concluant sans le savoir un pacte avec le Diable pour ramener son époux à la vie et donner naissance à cet enfant qu’ils désiraient plus que tout. Une belle histoire d’amour qui… (je laisse alors la parole à Catherine Ringer des Rita Mitsouko).
Et cette idée de mêler du Fulci (ces corps démoniaques aux maquillages réussis – un mélange de toile, de terre, d’herbe et de slime translucide formant les composants de leurs cocons est encore collé à leurs peaux - qui déambulent à la façon de ceux dans "L’au-delà" ou "L’enfer des zombies") et du Lovecraft à un contexte de Première Guerre Mondiale, c’est fichtrement original et on a bien besoin de ce type de prise de risque dans notre cinéma de genre made in France !
Seuls véritables bémols selon moi : le côté un peu répétitif sur la dernière partie dans les altercations entre Séverine Ferrer et les démons ainsi que les hors-champs lors des cassages de jambes ou de crânes qui, s’ils avaient été plus visuels, auraient rajouté son petit lot d’adrénaline bienvenu dans ces confrontations musclées (une histoire de budget indéniablement). Un dernier chapitre cauchemardesque sous forme d’invasion soudaine (limite « fin du Monde ») qui m’a fortement rappelé des films comme "L’au-delà", "La nuit des morts vivants", "La sentinelle des maudits" ou plus récemment le très bon et encore peu connu "The elderly", mais qui malheureusement ne parvient pas suffisamment à nous angoisser en raison de ces petits couacs cités juste avant. Dommage.
Avec son travail sur l’image, les sons/bruitages, les maquillages ou encore les décors, l’immersion est totale dans "La chose derrière la porte" et nous embarquons sans grande difficulté dans cette histoire campée durant la Première Guerre Mondiale, en pleine campagne française meurtrie par les Allemands, à laquelle le Diable se mêle.
Bravo Fabrice pour ce premier long-métrage dans la fiction ! On espère te revoir prochainement dans ce milieu que nous aimons tant ici !