Couverture française
BLOODFIST | BLOODFIST | 2013
Couverture alternative
BLOODFIST | BLOODFIST | 2013
Auteur
Editeur
Date de parution (France)
Pages

150

Couleur ?
Non
Langue

Français

Bloodfist

Bloodfist

La transformation progressive d’un collégien en sociopathe intéresse « l’homme aux pigeons », qui désire lui confier une mission, à savoir l’élimination d’un individu collant de trop près à ses activités interdites. Mais l’association ne se passera pas comme prévue, tournant plutôt vers la confrontation…

L'AVIS :

Ce qu’il y a de bien avec la collection « Trash », c’est qu’on ne sait jamais sur quoi on va tomber. La diversité des histoires fait que le lecteur pénètre en territoire inconnu à chaque nouveau roman ouvert. Des mouches nécrophages pour le très gore « Necroporno », un médecin affrontant une épidémie de peste au Moyen-âge pour le chef-d’œuvre « Pestilence » et un collégien qui va devenir un serial killer pour « Bloodfist ».

Le titre fait tout autant référence au film d’action de 1989 avec Don « The Dragon » Wilson qu’au film initiateur du cinéma gore d’Herschel Gordon Lewis « Blood Feast » réalisé en 1963 (notez le jeu de mot phonétique). « Bloodfist » évoquera également aux plus pervers d’entre vous le film « poing de force », je vous laisse faire une recherche sur le net pour ceux qui ne connaîtraient pas. Et ils auront bien raison en plus puisque certains chapitres de ce roman écrit par Schweinhund raviront les touristes allant passer leur week-end à la Fistinière.

Trêve de plaisanterie, parlons un peu de ce troisième roman édité par Trash Editions. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est radicalement différent de la production « gore » ou « trash » classique. Prenant comme sujet la « naissance » d’un sociopathe, de sa transformation de simple collégien en tueur psychotique, détaillant sa confrontation avec ses victimes, puis avec un individu surnommé « l’homme aux pigeons », « Bloodfist », à l’image de « henry, portrait d’un serial killer » ou de « Schyzophrénia », nous livre les pensées de son drôle de héros, que la dissection d’une grenouille au collège a définitivement fait basculer dans la folie homicide. Ne prenant jamais partie, l’auteur se contente de nous placer dans la tête du personnage, afin de nous faire ressentir ses pulsions, sa rage, sa haine, sa violence, ses craintes et le pourquoi de ses envies de meurtre. Le tout avec des réflexions quasi philosophiques et un style d’écriture très recherchée, voire même trop recherchée, trop technique.

Schweinhund aime les mots et il joue bien avec, trop bien même. Jeux de mot en pagaille, formules stylistiques diversifiées, le style de « Bloodfist » dépareille avec l’idée qu’on se fait d’un roman populaire trash et il faut bien reconnaître que la technicité et la spécificité de l’écriture de l’auteur m’a laissé un peu sur le carreau. La lecture de « Bloodfist » n’est en effet pas aisée, on est très loin du roman de gare grand public, à la portée de tous. Là, il faut faire un effort, un vrai effort pour s’impliquer totalement sous peine de perdre ses repères et de se retrouver un peu à la rue.

Personnellement, ce style si particulier m’a empêché de rentrer dans le roman, je me suis senti un peu exclu de ce style littéraire chiadé qui ne m’a pas embarqué plus que ça. Attention, je ne dis pas que « Bloodfist » est un mauvais livre : le parcours du sociopathe est bien développé, l’étude de sa psyché intelligemment retranscrite (j’ai adoré la scène dans laquelle la petite fille voit son chien se noyer, drame effroyable se déroulant sous les yeux attentifs du tueur en série) et le récit demeure intriguant, tout comme les autres personnages, de « l’homme aux pigeons » au « type au crane rasé ». Je dis que la qualité d’écriture du livre devrait laisser la plupart des lecteurs botter en touche, saisissez la nuance.

Œuvre originale de par son traitement et sa forme, « Bloodfist » est à classer dans la catégorie « hors norme » et il devrait diviser le public à n’en point douter : certains lui reprocheront son manque de simplicité, son style trop littéraire qui l’empêche d’être réellement efficace. Les autres mettront en avant sa profondeur d’écriture, sa recherche linguistique, ses références. En tout cas, il ne faut pas hésiter à tenter l’expérience pour choisir votre camp. Pour ma part, je dirais pour conclure que « Bloodfist » à un réel mérite : celui de proposer une littérature trash / gore différente, preuve que ce genre littéraire peut se décliner à toutes les sauces et en surprendre plus d’un.

SITE DE L'EDITEUR : http://trasheditions.wix.com/trasheditions

Note
3
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Stéphane Erbisti