Black water
Black water
Touristes en vacances, Grace, accompagnée de son mari Adam ainsi que de sa soeur Lee, décident d’aller pêcher dans la mangrove. Embarquant dans un petit bateau à moteur, ils partent avec Jim, un guide touristique et espèrent bien attraper quelques poissons et profiter du soleil radieux. Malheureusement, ils se font attaquer par un crocodile qui retourne la frêle embarcation et dévore le guide. Nos trois vacanciers parviennent à grimper sur un des nombreux arbres de la mangrove. Une seule question hante leurs esprits : comment faire pour s’en sortir vivant ?
Tiens, un nouveau film en provenance d’Australie, ça mérite qu’on s’y attarde, et ce, pour plusieurs raisons :
1- L’Australie nous a souvent donné de bons films de genre : "Mad Max", "Death Warmed Up", "Long Week end" ou "Wolf Creek" pour les plus connus.
2- Il y a un crocodile dans le film et moi, j’aime bien les films avec des crocodiles ou autres vilaines bébêtes avec de grandes dents qui bouffent des gens.
3- "Black Water" a été sélectionné dans de nombreux festivals et les échos sont plutôt bons, donc tout ça, ça me donne envie.
Les films avec des crocodiles, ça me connaît. J’en ai vu pas mal, des bons et des moins bons. Pour mémoire, citons quelques titres bien connus où notre carnassier joue sa vedette : "Le Crocodile de la Mort", "Killer Crocodile", "Killer Crocodile 2", "Le Dieu Alligator", "L’incroyable Alligator", "Blood Surf", "Crocodile", "Crocodile 2", "Supercroc", "Primeval", "Lake Placid" et "Les Dents de la Mort" par exemple. Tiens, d’ailleurs pour ce dernier, notons qu’il nous provient d’Australie également ! Tout comme le nouveau film du réalisateur de "Wolf Creek" qui met aussi en scène notre saurien avec "Rogue". L’Australie et le crocodile, une belle histoire d’amour ?
La lecture du scénario de "Black Water" vous aura sûrement évoqué un autre film dont le postulat est identique, seul change le lieu de l’action et la bestiole présentée. Ceux qui auront répondu "Open Water-en eaux profondes" et ses deux touristes perdus en pleine mer parmi les requins ont gagné toute ma sympathie, ce qui est déjà fort bien !
Effectivement, le film de David Nerlich et Andrew Traucki peut être vu comme la version crocodile de "Open Water". Même envie de faire un film réaliste : pas de crocodiles ou de requins géants ou modifiés génétiquement, que du pur saurien et des purs squales ; peu de personnages ; huis clos dans un environnement hostile (la mer et ses requins, la mangrove et ses crocodiles) où le suspense monte petit à petit ; présence d’une menace d’abord invisibleet qui se dévoile par la suite ; tension naissante entre les personnages qui cherchent comment s’en sortir ; situations réalistes et plausibles qui impliquent d’entrée de jeu les spectateurs qui peuvent s’identifier fortement aux personnages présents et se demander comment eux auraient réagi ; peu d’effets gores mais des marques de blessures crédibles, renforçant le côté réalité du film ; pas d’images de synthèse, que de vrais animaux, comme déjà évoqué ci-dessus, même s’il y a bien sûr des effets spéciaux dans ces deux films, principalement des incrustations via ordinateurs (pensez-vous, on va quand même pas mettre des acteurs en présence de vrais crocodiles affamés !). Bref, "Open Water" et "Black Water" joue dans la même cour, celui du cinéma vérité (basé sur des faits réels), celui du cinéma qui utilise nos peurs primales pour mieux nous terrifier. Parce que franchement, j’en connais pas un qui aimerait être à la place des personnages d’open water ou de black water. A moins d’être suicidaire ou cinglé, il vaut mieux être confortablement installé dans son canapé devant la télé que perdu au milieu de nulle part, attendant que "les monstres", les vrais, viennent nous dévorer. Parce que si on en arrive à stresser pour les personnages alors qu’on est dans son canapé justement, imaginez si on y était vraiment : crise cardiaque assurée !
C’est d’ailleurs ce qui fait la grande force des deux films. Ce qui marchait pour "Open Water" marche également très bien pour "Black Water". On stresse pour nos trois vacanciers, on frissonne avec eux, on sert les dents quand l’un d’entre eux décide de redescendre dans l’eau pour tenter de s’en sortir en allant chercher le petit bateau, bref, on vit la tragédie avec eux. Par ce même principe, les quelques faiblesses d’open water se retrouvent dans black water : certaines scènes de dialogues sont parfois un peu longues et quand il ne se passe rien, on ressent également un léger ennui. Ce qui, en fait, renforce le côté réaliste du film, puisque l’on s’ennuie AVEC les personnages et non sans eux. Perchés en haut des arbres, que peuvent-ils faire d’autre qu’attendre, réfléchir, chercher une solution ? Rassurez-vous, cette petite notion d’ennui ne dure pas très longtemps et il y a assez de péripéties et de rebondissements pour vous tenir en haleine.
Pour que l’identification et l’immersion marchent encore plus avec les spectateurs, nos deux réalisateurs australiens ont choisi des acteurs et des actrices peu connus du public. Pas de stars qui feraient que la situation serait moins crédible. Et ça marche vachement bien ! Mention spéciale à la charmante Diana Glenn qui joue le rôle de Grace. Elle parvient à nous émouvoir et à nous livrer de vraies émotions. Très bonne surprise également avec la craquante Maeve Dermody, jolie blondinette qui devra faire face à ses peurs et nous livrera la séquence la plus angoissante du métrage. Les deux membres masculins du casting s’en sortent eux aussi très bien. Bref, pas de Lieutenant Ellen Ripley ou d’officier John McLane dans le film, juste des êtres humains en proie à l’inattendu, qui se retrouvent seuls face à eux-mêmes et qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. Un peu à la manière des spéléologues de "The Descent" en fait…
Bon, et ce fameux crocodile au fait, comment il est ? Redoutable mes amis ! Un vrai sadique, un vrai pervers ! Attendant au fond de l’eau verdâtre, qui ne laisse transparaître aucune information quant à sa présence ou son absence, attaquant quand on ne l’attend pas, observant ses proies avec une sorte de malin plaisir, comme s’il avait conscience de la situation et savait qu’elle était à son avantage. Bref, un bel enfoiré ce saurien, c’est moi qui vous le dis !
Bien sûr, ne vous attendez pas à voir des séquences surréalistes façon "Killer Crocodile". Non, là, c’est encore une fois basé sur la réalité et la crédibilité et donc d’une efficacité supplémentaire.
Au final, "Black Water" a tout du bon petit film de série B qui n’en met pas plein les yeux c’est sûr, qui n’est pas d’une grande originalité certes, mais qui est traité de façon sérieuse et respectueuse et qui est doté d’un solide casting et de séquences de suspense vraiment bien réalisées. Le décor est très bien mis en valeur également et de doux frissons viendront parcourir votre échine aux moments clés du film. Que demander de plus ? Les amateurs d’agressions animales apprécieront sûrement !