Ben
Ben
David, un petit garçon solitaire d'une dizaine d'années vit avec sa mère et sa grande sœur. Tout irait pour le mieux s'il ne vivait constamment sous la menace d'une attaque cardiaque. Marginalisé par ses problèmes de cœur, il passe la plupart de son temps seul, dans une sorte de cave où il joue de la musique toute la journée et s'invente un monde imaginaire. Très vite il devient ami avec Ben, un rat intelligent et mélomane attiré par la musique de David (sic). Mais voilà, Ben est le chef de la horde de rongeurs tueurs écumant la ville et terrorisant la population locale. L'amitié du petit garçon saura-t-elle venir à bout des velléités destructrices du nuisible aux canines acérées ?
Sorti un an après "Willard", cette suite débute par les dernières minutes de son illustre ainé, à savoir : la scène tragique d'affrontement final entre Willard et la horde de rats dont il perdait peu à peu le contrôle à mesure que sa folie destructrice grandissait. Se retrouvant sans leader humain, les rongeurs vont alors mettre la ville à sac et provoquer la panique générale. Puis, pendant qu'il chante "Start your day" (hmmmmmm) en même temps qu'il joue aux marionnettes, David, un enfant solitaire souffrant du cœur, est epié par Ben, le rat intelligent mais méchant survivant des événements de "Willard". Alors qu'on espère que le gamin se fasse dévorer pour mettre fin à notre supplice auditif, celui-ci sympathise avec la créature poilue, ce qui n'est finalement pas très surprenant puisque ce film n'est, après tout, que la suite de "Willard", une histoire d'amitié entre un type seul et un rat. Cette séquelle reprend donc quasiment la même trame sauf qu'ici la personne isolée avec laquelle un rongeur sympathise est un enfant, cardiaque qui plus est, ce qui est censé nous attendrir davantage...
Et à partir de là, c'est le commencement d'un amoncellement de scènes mièvres au possible entrecoupées de scénettes d'attaques de rats pitoyables. Seulement voilà, nous on voulait voir un film d'horreur et pas un nanar emprunt d'une naïveté confondante. Personne ne croit l'enfant qui parle aux rats, le pauvre, le monde des adultes est vraiment trop cruel, snif ! C'est bien simple, toutes les scènes où l'enfant apparaît sont navrantes et en plus il joue mal, c'est un vrai calvaire ! C'est ça en fait le truc horrible du long métrage du père Karlson, l'interprétation !
Ben m'a plus fait penser à un film produit par les studios Disney qu'à un film horrifique sérieux et là où ça frise vraiment le ridicule, c'est quand David s'assoit fièrement à son piano et entonne une chanson spécialement composée pour son nouveau meilleur ami et intelligemment titrée "Ben" (en même temps, le gamin n'a que dix ans, on ne lui demande pas d'être un deuxième Mozart non plus !) : c'est d'un mièvre, à tel point qu'à côté "La petite maison dans la prairie" paraît regardable, c'est dire ! Heureusement, c'est en anglais et sonne moins grotesque, parce que si on traduisait… Notons que la chanson est de Mickael Jackson qui, cette fois-ci, n'a pas fait de cadeau aux enfants, lui qui pourtant les aime tant !
Toutefois, le gamin ami des rongeurs ne s'arrête pas en si bon chemin : il crée une marionnette à l'effigie de son copain velu et s'amuse comme un petit fou à la mettre en scène sous l'œil complice du rat qui passait par là ! Mais au fait, ils n'ont pas autre chose à faire les rats ? Ne sont-ils pas supposés saccager la ville et faire peur aux habitants plutôt que d'espionner un morveux qui fait mumuse ? Eh bien si justement et c'est là qu'est mis en exergue le second gros point faible du film : les attaques perpétrées par les rongeurs. Censés êtres de redoutables tueurs sanguinaires semant panique et mort sur leur passage (enfin c'est ce que le résumé de ma VHS prétendait, ah les enc…. !), nos bestioles assaillent le rayon céréales d'un supermarché (ouh là là, attention à l'indigestion de Cheerios les copains !), commanditent le siège d'une fromagerie et font hurler deux ou trois ménagères croisées au hasard de leurs pérégrinations. Risible, mais en aucun cas satisfaisant pour tout amateur de films d'horreur qui se respecte et surtout qu'on se doit de respecter ! Parce que là, on se fiche carrément de nous tellement c'est indigent !
Reste (seulement) deux séquences potables : la visite par le gamin du repaire des rats et la scène finale de dératisation dans les égouts, mais c'est insuffisant et nombre de spectateurs se seront endormis avant. Munissez-vous donc d'une thermos de bon café, ça peut alors vous être fort utile !
Ainsi, Ben est un film d'horreur PG -13 (c'est à dire tout public), sans gore, ni aucune scène de nudité. Pourtant, il parait évident que le métrage aurait été mieux, enfin moins pire, avec un peu de crudité : ça lui aurait évité un naufrage inéluctable ! Ajoutons à cette entreprise épouvantable une photographie atroce, un horrible jeu d'interprétation par un casting catastrophique (je ne sais vraiment pas où ils sont allés chercher David et sa sœur, mais au secours ! Il y avait pourtant des gamins qui savaient jouer à cette époque, non ? Et le gosse qui interprétait Damien dans "The Omen", il était où ? En colo ? Ah non, en fait il avait deux ans…tant pis !), un scénario bidon (heureusement que c'est involontairement drôle !) et déjà vu (cf. "Willard", mais la grande différence c'est de savoir si le gamin arrivera à amadouer Ben et ses acolytes ? Suspense…), ainsi qu'une réalisation pépère et l'on pourra enterrer définitivement le long métrage du vieillissant Phil Karlson plutôt habitué aux polars (du type "Derrick" ? LOL).
Petite production limite téléfilm pour enfants, Ben est poussif, répétitif, sans excès, au sentimentalisme débordant mais qui ne fait jamais illusion, autrement dit qui n'effraie jamais. Ça la fiche mal quand même pour un film censé appartenir au genre "horreur" ! Ce petit navet fait donc le même effet qu'un soufflé au fromage : bien au début en apparence, il ne fait que se dégonfler petit à petit pour finir tout plat comme une crêpe. En un mot, comme dirait Homer Simpson : "boring" ! Donc à éviter à tout prix sauf si on a entre 3 et 10 ans !