Talisman
Talisman
Elias, orphelin, intègre une nouvelle école où le mot d'ordre est le silence et la discipline. Dirigée d'une main de fer par Mrs Greynitz, l'établissement accueille des jeunes au passé mouvementé, exclusivement masculins. Elizabeth (la fille de la Directrice), farouche au premiers abords, s'attache rapidement au jeune homme, comme s'ils s'étaient toujours connus. L'adolescent ne va pas tarder à découvrir que l'établissement abrite de biens sombres desseins, et qu'Elizabeth n'est peut-être pas si fragile que cela...
Le titre à lui seul évoque quelques inquiétudes. Une femme aux commandes de cette production, voilà peut-être l'intérêt principal? Mais non suis-je sot! je me disais bien que ce nom ne m'était pas inconnu: du jeune mâle en pagaille, mais bien sûr! Decoteau encore et toujours… Il faut dire que pas moins d'une dizaine de pseudonymes ornent les jaquettes pré-pubères de notre homme.
Le cinéaste nous plonge dans le monde de la sorcellerie et autres diableries, mais Talisman se révèle rapidement être une soupe indigeste, certes de courte durée mais pénible au visionnage: le temps écoulé étant proportionnel au nombre d'idées, autant dire de nombreux silences et de grands moments de solitude.
Lorsque l'on sait qu'en cette année 1998, Decoteau nous assommera de pas moins de 4 films, on comprendra facilement l'étendue de la catastrophe. Il faut faire vite selon lui et à un moindre coût. Direction l'Europe de l'Est et précisément la Roumanie, où il dépêchera sur son film des acteurs et actrices locaux de second plan. Il ne retiendra dans ses bagages, comme à l'accoutumée, que ses jeunes étalons imberbes (triés sur le volet et rescapés pour certains d' "Uncle Sam" ou encore "Carnosaur 2") aux sourires ultra-brite.
A trop vouloir serrer le budget, nous assistons donc à un festival de médiocrité; l'école censée être réputée abrite moins de dix élèves (!), mais tente malgré tout de nous faire croire à une véritable effervescence en jouant sur la trame sonore notamment. Pour être précis, et malgré tout, faire l'effort de s'intéresser au sujet réel de l'histoire, les élèves sont au nombre de 6, accompagnés d'un seul professeur. Et oui, Theriel l'ange déchu et prisonnier du talisman doit sacrifier 7 vies pour arriver à ses fins. Il est malin David… un casting au nombre près.
Ajoutez à cela Theriel donc, l'ange de la mort aux yeux rouges(C. Barbulescu – "Le retour des morts-vivants 4 : Necropolis") tel un lapin pris dans les phares d'une voiture, une jeune fille effarouchée et incapable d'être un tant soit peu sexy quand le scénario le lui demande (I.Goia-"Dracula 3:legacy"), une directrice ultra-caricaturale, et vous obtenez une recette de sorcière très fatiguée.
On passera l'éponge sur les cœurs arrachés qui flambent (!) et l'on s'arrêtera sur ce dont Decoteau a réellement envie : déshabiller ses acteurs; et comment? rien de plus simple que d'organiser un règlement de comptes dans une chambrée où tout le monde fait des pompes aux alentours de minuit. Oui c'est drôle je vous l'accorde, mais cela plait aux filles paraît-il.
Lorgnons du côté de la trame musicale, et là aussi le vide reprend ses droits : les notes stridentes pour nous faire sursauter (non David ça ne marche jamais ! pas avec vous en tout cas) et les quelques mélopées pour nous endormir dans les allées du manoir ne servent à rien. Pas plus que le jeu des acteurs proche de l'improbable : seul Elias (Billy Parish) essaie de nous faire oublier sa gueule d'ange et tente vainement de s'en sortir. Un scénario (Benjamin Carr, un habitué du réalisateur) récompensé dans la catégorie du pire survole les 70' et conclue cet infâme bobine dans un déluge d'effets plus que spéciaux, surtout risibles et aberrants.
Reprenons nos esprits et tâchons d'apercevoir une lueur d'espoir…
Oui ! les sous-sols du manoir sont superbes et l'architecture, du coup tient le plus beau rôle.
Il n'empêche que depuis des années, Decoteau continue inlassablement de garnir les vidéothèques avec l'appui de producteurs qui reconnaissent en lui une source inépuisable parachevée d'une qualité indéniable : le néant, et l'art de le projeter.