Poultrygeist

Poultrygeist: night of the chicken dead

Longtemps attendu, le prochain film réalisé par la Troma Team, pointe enfin le bout de son bec. Sous-titré un temps Attack of the chicken Zombies, a fromage to Takashi Miike, le dernier chef-d'oeuvre de Lloyd et ses joyeux lurons, va vous voler dans les plumes.

Tout commence par une histoire d'amour entre Arbie et Wendy au cours de laquelle l'un d'entre eux a presque perdu sa virginité.
Mais aucune histoire ne demeure heureuse très longtemps à Tromaville. Surtout depuis que la chaîne de fast-food American Chicken Bunker a décidé de construire un de ses "restaurants" sur les restes d'un cimetière d'une tribu Amérindienne, les Tromahawk.
Bien sûr cela déclenche les foudres des jeunes alter-mondialistes du CLAM (College Lesbian Against Mega corporation soit Collegienne Lesbiennes Contre les Megacorporations). Arbie qui se trouve là par hasard, découvre que Wendy, son amour perdu, est devenue lesbienne.
Dans le seul but de l'emmerder, il va se faire embaucher dans le fast-food fraîchement construit. Là il rencontrera Humus, une jeune islamiste, Paco Bell, un jeune gay mexicain et bien sûr… le Général. La situation va rapidement dégénérer lorsque la malédiction de l'ancienne tribu indienne, va transformer la viande utilisée en une carne faisandée qui fera muter les gens en poulet-zombies.

POULTRYGEIST | POULTRYGEIST: NIGHT OF THE CHICKEN DEAD | 2006

/!\\\\ il s'agit de la critique d'une version test, et non de la version définitive. /!\\\\

Tout d'abord, il est nécessaire de comprendre que "Poultrygeist" est le film Troma le plus gore que vous pourrez voir. Dans la plus pure tradition de la compagnie New-Yorkaise, il s'agit bien évidement de gore comique, de Splat-stick. Comique ou pas, le résultat atteint parfois des sommets de mauvais goût rarement atteints. On en redemande !
C'est le cas de cette scène où l'on voit Joe Fleishaker pulvériser littéralement ses excréments sur la totalité des toilettes, murs compris. Cette longue scène, qui sera probablement raccourcie lors du montage final, illustre parfaitement la devise de Troma : en faire trop n'est jamais assez. Ce n'est évidemment pas la seule scène de "Poultrygeist" à être complètement déjantée, mais celle-là est particulièrement extrême…
Comme à l'accoutumée, les effets sonores graveleux sont présents (bien que la version dont il est ici question, ne dispose pas de tout les bruitages finaux), ça pète, ça gargouille, ça rote, ça masturbe, ça chie des oeufs…

Cela donnera en outre lieu à des plans surprenants, qui ne pourront que rester gravés dans la mémoire de cinéphage que vous êtes. Soit parce que vous êtes fans, soit parce que vous êtes de nature impressionnable. Dans le dernier cas, apprêtez vous à être très impressionnés. Quand bien même les effets restent assez fauchés, ils font forte impression, et surpassent tant en qualité qu'en quantité tout ce que Troma a pu faire jusqu'alors. Sans nul doute, il s'agit là du Troma le plus gore de la collection, toutes sortes de matière gluantes et peu ragoûtantes éclaboussent l'écran à tout instant. Et comme si cela ne suffisait pas, l'équipe de joyeux drilles a redoublé d'ingéniosité en matière d'idées tordues. Des grandes lignes scénaristiques aux punch lines en passant par des morts inventives, le spectateur ne saura plus où donner du bec.

Troma ce n'est pas qu'une multitude d'effets gores à base de sirop de sucre (connu sous le nom de Kayro Syrup), de melon, et de colorant rouge, Troma c'est aussi digérer des influences pour mieux les vomir (les pondre ?). Plus ces inspirations sont importantes, plus loin elles sont vomies et donc plus drôle est le résultat.
"Poultrygeist" est un Fromage, heu… un hommage à nombre de films de genre. Hommage inévitable à George Romero et son "Zombie", alors que les protagonistes sont enfermés dans le fast-food et que la plupart des poulets-zombies sont dehors. En vrac seront aussi utilisés comme référence, "Alien", "Les Dents de la mer"
"Poultrygeist", pour ceux qui ne l'aurait pas compris est un jeu de mot entre "Poltergeist" (le film qui fait aussi référence aux esprits frappeurs) et poultry, la volaille. Si avec ça, et le sous-titre Night of the Chicken Dead, vous n'avez pas compris de quoi il retourne, alors le seul espoir est de contacter un voyant-gourou-démagnétiseur.

Contrairement aux navets qu'Hollywood s'entête à nous jeter au visage, les références utilisées dans Poultrygeist sont détournées de façon créatives, et non pas jetées en vrac selon le diktat de la mode (ou parce que le scénariste est un âne à court d'idées). En ressort un humour corrosif et volatile (dans le sens poulet du terme) qui n'hésite pas, c'est récurent chez Troma, à faire voler en éclat les limites du politiquement correct.

Le dernier long métrage de Troma, est aussi bardé de clins-d'oeil aux précédentes oeuvres de la firme, présentés sous la forme de caméos divers de Lloyd Kaufman et ses magnifiques testicules, de Joey Fleishaker, de Ron Jeremy, et bien d'autres encore… dont un plan utilisé dans beaucoup de Troma.

Vous l'aurez compris, "Poultrygeist" ça troue le cloaque. Loin de vous caresser dans le sens des plumes, la dernière offrande de Troma Entertainment est aussi et avant tout une réflexion sur la mal-bouffe et les méga-corporations.
Le fait que American Chicken Bunker construise un de ses temples du vite mangé vite… pondu, directement sur un site historique n'est pas anodin. Le fait que le Général clame que la mascotte du fast-food est plus célèbre que Jésus, ne l'est pas non plus. La religion du nouveau millénaire, réside sans conteste dans les trusts, les corporations et toutes ces entreprises détenant un monopole tout puissant. Celles-ci sont, à présent, les seules à pouvoir déplacer des foules comme le faisaient les religions quelques siècles plus tôt.

Fidèle à son credo, Troma fonce dans le tas et ne prend pas de pincettes pour traiter le sujet. Inspiré en partie par le livre d'Eric Schlosser, Fast Food Nation, "Poultrygeist" dresse à grand traits, une caricature de la société américaine (?) en prise avec ses fast-food. Toutes les chaînes en prennent pour leur grade, puisque chacun des protagonistes a été nommé en référence à une chaîne de restauration rapide (Wendy's, Arbie, Micky qui renvoit à Mac Donald's, Taco Bell...). Ainsi, au-delà de la malédiction et des Zombies-Poulets, il faut voir une critique des effets de la consommation à outrance d'une nourriture particulièrement malsaine (et il n'est pas seulement question de se masturber pour relever la sauce). Des répercutions sur la santé – à trop manger de ces immondices vous pourriez y laisser des plumes – aux effets sur l'économie par l'exploitation de main-d'oeuvre peu regardante… Et ce n'est qu'une partie des thèmes abordés.

Voyons ce que nous à pondu la Troma Team: du gros gore qui tâche, de l'humour potache, des revendications politiques et… des morceaux de comédie musicale.
Bien que tout les effets sonores n'aient pas étés finalisés, que les morceaux de musique ne soient pas encore parfaitement déterminés et mixés dans la continuité du métrage, un seul mot vient à l'esprit "la vache!" (en l'occurrence ce serait plutôt "la poule!", mais cela rappelle par trop le machisme rampant de notre société décadente. D'ailleurs la dernière fois que j'ai… Retournons à nos moutons… nos poules… Raaaaah!).
Bien qu'ils ne constituent pas la part la plus importante du film, ces dérives musicales n'en demeurent pas moins l'un des intérêts majeurs du film. Ces extraits de bravoure reposent pour la plupart sur des thèmes connus et détournés, auxquels ont été ajoutés des paroles… loin d'être po(u)litiquement correctes. A vrai dire, elles s'approchent même malicieusement de l'incident diplomatique.
Les musiques entraînantes accompagnées de lyrics ravageurs ponctuent donc le film, sans en altérer la continuité (la magie des comédies musicales…). Encore une fois, les thèmes présents dans le montage final ne sont pas encore déterminés ; cependant vous pouvez être sur de la présence de Fast Food Love, probablement la chanson la plus dénudée de l'histoire du cinema.
Vous ne pensiez tout de même pas échapper à la vision de jolies poulettes aux miches à l'air libre !?

Juste pour le fun je vous traduis les lignes les plus percutantes du trailer :

Arbie: Ils se rapprochent vraiment doucement de l'entrée!
Micki: Il seront à l'intérieur plus rapidement que les 5 minutes qu'il m'a fallu pour convertir Wendy en parfaite Lesbienne.
Arbie: Merde. Bon, il nous faut faire quelque chose avant qu'ils ne transforment les vitres en Lesbiennes.

POULTRYGEIST | POULTRYGEIST: NIGHT OF THE CHICKEN DEAD | 2006
POULTRYGEIST | POULTRYGEIST: NIGHT OF THE CHICKEN DEAD | 2006
POULTRYGEIST | POULTRYGEIST: NIGHT OF THE CHICKEN DEAD | 2006
Note
5
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Colin Vettier