Affiche française
Suceurs de sang | Incense for the damned | 1971
Affiche originale
Suceurs de sang | Incense for the damned | 1971
Scénario
Date de sortie
Pays
Genre
Couleur ?
oui
Musique de

Suceurs de sang

Incense for the damned

Bloodsuckers

Tony Seymour doit retrouver Richard Foutain, un brillant élève d'université parti en Grèce faire des recherches et qui semble être dans le pétrin car potentiellement lié à une affaire de meurtre. Il est accompagné par le meilleur ami de Richard, Bob Kirby, ainsi que par Pénélope, la future épouse du disparu. Sur place, le petit groupe découvre que Richard s'est entiché d'une jolie jeune femme, Chriseis, qui semble l'avoir totalement envoûté. Aidés par un attaché diplomatique anglais, Tony et ses compagnons vont aller de découverte en découverte au sujet de Richard et de la ténébreuse Chriseis...

Suceurs de sang | Incense for the damned | 1971

L'AVIS :

Au début des années 70, le cinéma d'épouvante gothique s'est pris un coup de vieux avec la sortie en 1968 de "La Nuit des Morts Vivants" et de "Rosemary's Baby", deux films qui, faisant suite à "Psychose" et "Les Yeux sans Visage", ont modernisé ce type de cinéma et l'ont ancré dans une réalité plus proche du spectateur, délaissant les vieux châteaux ou les laboratoires de savants fous ainsi que le bestiaire classique (vampire, loup-garou, monstre de Frankenstein) pour s'introduire dans la vie de tous les jours et dans des décors contemporains, afin d'avoir un impact encore plus grand au niveau de la terreur suscitée chez le public. Des studios comme la Hammer en Angleterre ont tenté cette modernisation avec des titres comme "Dracula 73" par exemple, ce dernier faisant intervenir le comte Dracula au XXème siècle, au début des années 70 donc, comme le stipule le titre du film ! En 1971, un petit film assez méconnu de Robert Hartford-Davis allait lui aussi tenter de moderniser le mythe du vampire. Renié depuis par son réalisateur, qui a exigé d'apparaître sous le pseudo de Michael Burrowes au générique, "Suceurs de Sang" risque de surprendre et de désappointer le spectateur s'attendant à un film de vampire traditionnel. Le film était sorti en VHS en France dans la collection culte Fantastic Vidéo. Il a également été diffusé en salle en Province en juillet 1972 mais reste inédit sur Paris.

Au casting, on retrouve quelques noms bien connus, comme ceux de Peter Cushing et Patrick McNee entre autres. Le premier, qu'on ne présente plus, n'a ici qu'un rôle assez anecdotique et on ne le voit qu'au début et à la fin du film. Le second, le fameux John Steed de la série Chapeau Melon et Bottes de Cuir évidemment, a un rôle nettement plus étoffé et sera présent durant la majeure partie de l'histoire. Il partage l'affiche avec Alexander Davion, qui joue Tony Seymour, ainsi qu'avec l'acteur noir Johnny Sekka (qui interprète Bob Kirby), l'actrice Madeleine Hinde (Pénélope), Patrick Mower (Richard Foutain) et la sexy Imogen Hassall (Chriseis). Tout ce petit monde va se retrouver dans une drôle d'aventure, à base de culte religieux, d'orgies sexuelles et de... vampires ! Mais des vampires modernes donc, qui n'ont pas de dents pointues, ne craignent ni les gousses d'ail ni les crucifix et peuvent flâner en plein soleil sans risquer de se désintégrer. Et c'est là qu'est l'originalité du film. Car nous n'avons pas affaire à des vampires en tant que tel mais plus à des humains pour qui la vampirisme s'apparente à une déviance sexuelle, au même titre que le sadomasochisme par exemple. Jouir, atteindre l'orgasme en se délectant du sang de son compagnon tel que le ferait un vampire, voici la modernité du propos de Suceurs de Sang, qui est l'adaptation du roman de Simon Raven, Doctors Wear Scarlet.

Le personnage ambigu de Chriseis ne cessera de nous questionner : gourou féminine d'une secte sexuelle vampirique ou vraie vampire ? La première solution me semble la plus plausible. Ce qui est original également dans le film de Hartford-Davis, c'est que l'action se situe en Grèce, ce qui donne au film un petit cachet dépaysant et inquiétant pas déplaisant. Par certains aspects, le film préfigure avec deux ans d'avance le Wicker Man de Robin Hardy, puisqu'on a un groupe d'individus se retrouvant sur une île dont certains habitants pratiquent des rites païens assez obscurs, certes pas à un niveau aussi poussé que les adorateurs du Dieu d'osier du film précité mais on ne peut s'empêcher d'y voir une petite corrélation. Autre aspect intéressant, L'aspect sexuel déjà cité, qui est omniprésent puisqu'ici, on parle clairement d'utiliser le vampirisme comme dérive sexuelle permettant de vaincre l'impuissance masculine ou la non-jouissance féminine. Richard Foutain est en effet impuissant, on l'apprend de la bouche de son meilleur ami lui-même, qui n'hésite pas à dévoiler à Tony Seymour que Richard n'a jamais consommé sa relation avec Pénélope suite à ses problèmes d'impuissance. Visuellement, on a une longue séquence d'orgie vers le début du film, dans laquelle l'érotisme n'est pas que suggéré, avec des visions de femmes entièrement nues, s'adonnant à l'amour libre comme chez les hippies. Une séquence qui se termine par un meurtre, ce qui augmente le côté "secte" ou "rituel" de l'orgie. Imogen Hassall ne se fait pas prier pour se dévêtir et ce, pour notre plus grand plaisir de cinéphile déviant.

Reste que malgré ses atouts, "Suceurs de Sang" ne convainc pas totalement. Le fait que l'aspect vampirique soit réduit au minimum et vu comme une perversion sexuelle est original certes, mais déstabilisant et, au final, un peu décevant tout de même. L'action et les rebondissements sont de facture très classique et manque d'envergure, l'ensemble provoquant un ennui poli. On appréciera par contre la séquence finale se déroulant sur les toits de l'académie, avec Richard vêtu de la tenue traditionnelle d'universitaire, ce qui lui donne un côté "Dracula", poursuivit par Tony. Une scène qui nous fait penser au final de certains film de vampires avec Christopher Lee entre autres. La dernière image est encore plus jubilatoire car cette fois, elle rattache clairement le film au récit traditionnel de vampires. Cette tentative de modernisation du film de vampire navigue donc entre qualités et défauts, ces derniers prenant parfois le dessus malheureusement. Mais on saluera l'effort du réalisateur et du scénariste d'avoir adapter ce roman pour livrer une oeuvre atypique dans le cinéma anglais de l'époque, qui sort assurément des sentiers battus en tout cas. A découvrir de toute façon !

Suceurs de sang | Incense for the damned | 1971
Suceurs de sang | Incense for the damned | 1971
Suceurs de sang | Incense for the damned | 1971

* Disponible en combo DVD + BR chez -> ESC EDITIONS - Film proposé en VF et VOSTF.
- Présentation du film par Nicolas Stanzick
- Livret 20 pages
https://www.esc-distribution.com/horreur-epouvante/8105-suceurs-de-sang…

Bande-annonce
Note
2
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Stéphane Erbisti