Affiche française
Hunt - The | Hunt - The | 2019
Affiche originale
Hunt - The | Hunt - The | 2019
Un film de
Date de sortie
Pays
Genre
Couleur ?
oui
Musique de

Hunt - The

Hunt - The

Des gens fortunés kidnappent une douzaine de personnes pour ensuite s’adonner à une chasse à l’homme. Alors qu’ils les massacrent sans aucune pitié, ils sont loin de s’imaginer que l’une de leurs proies nommée Crystal va leur donner beaucoup de fil à retordre, cette dernière étant une combattante des plus tenaces, maîtrisant aussi bien les combats armés que ceux à mains nues…

Hunt - The | Hunt - The | 2019

L'AVIS:

NdlR : Sans trop en dévoiler, cette chronique contient un petit spoiler qu’il est difficile d’éviter. Aussi, si vous n’avez pas encore vu le film, nous vous conseillons de ne pas lire le paragraphe qui est entourée de balises [Spoiler]

Une chose est certaine : "The hunt" aura fait couler beaucoup d’encre. Alors que le film qu’Universal Pictures qualifie de « thriller satirique et social » devait sortir au cinéma en 2019, des tueries de masse surviennent aux Etats-Unis et font assez logiquement reculer la date de sortie du film de Craig Zobel. L’année suivante ne sera guère plus propice : la pandémie de la Covid-19 empêche à nouveau la projection en salles de "The hunt" qui finalement sortira en VOD puis au cinéma en France lors de la réouverture des salles obscures, en pleine crise sanitaire.

Inutile de dire que la tuerie perpétrée dans le film ainsi que sa dénonciation de tout ce qui se référencie au complotisme n’allaient pas aider le film à se frayer un chemin sans embûche dans ce contexte des plus alarmants aux Etats-Unis à ce moment. Car "The hunt" n’est pas un simple survival décrivant une lutte des classes (entendez par là que des riches massacrent des malheureux inconnus dans le seul but de s’amuser, ce qui pourrait faire penser à un certain "Hostel" entre autres…), c’est bien plus que cela.

"Les chasses du comte Zaroff", "Battle royale", "Hunger games" et j’en passe… Les films parlant de chasse à l’homme sont légion et certains sont même devenus des petits classiques du cinéma fantastique. Mais tous ne racontent pas la même chose et ne se limitent pas seulement à la « chasse » : certains sont porteurs de messages, dénoncent… C’est le cas du film de Craig Zobel.
Qu’en est-il donc de ce "The hunt" ? Mérite-t-il tout ce tapage médiatique qu’il a subi (mais que les producteurs ont dû se féliciter au vu de la belle publicité et mise en avant gratuites générées) ? Réponse ci-dessous.

Théorie du complot, alimentation des rumeurs, désinformation, wokisme, critique des réseaux sociaux, conflits progressistes/intégristes… Parler de "The hunt" sans trop en dévoiler pour éviter de spoiler n’est pas chose facile tellement le film en a à raconter sur le Monde d’aujourd’hui. Car c’est un vrai film d’actualité que nous avons là, alors que la crise sanitaire divise le Peuple, alimente les rumeurs parfois les plus folles et fait du tord à de nombreuses personnalités ayant la maladresse de se laisser embarquer dans le jeu quelque soit le camp choisi.

Avec d’un côté une bande d’amis aisés qui se moque ouvertement de celles et ceux qu’ils appellent les « bouseux » (car ancrés dans leurs idées qui ne sont pas forcément celles du grand commun) mais s’avèrent quelque peu maladroits dans leur façon de communiquer et de l’autre côté des personnes influençables et à l’esprit parfois étroit qui prennent au pied de la lettre la moindre information pour la véhiculer sur les réseaux sociaux à vitesse grand V (cet homme qui lit un article et le diffuse à cinquante potes bien qu’il ne soit pas convaincu par ce qui est raconté dedans), la cohabitation est des plus compliquées entre les deux camps.

[Début du spoiler]

Nous pouvons même dire que la cohabitation est des plus particulières ici et vire dans l’exagération car c’est dans une véritable chasse à l’homme que l’on nous plonge, seule façon qu’ont visiblement trouvé ces personnes friquées, ruinées ou contraintes à démissionner et se faire oublier en raison de désinformations propagées sur la toile (que ce soit sur les réseaux sociaux, dans des articles ou dans des podcasts), pour se débarrasser de ces « bouseux » dont ils jugent la dangerosité par le biais d’une note appelée « P » (pour « Pourriture ») allant de 1 à 10.
Des racistes, des homophobes, des braconniers, des colporteurs de fake news, des influenceurs adeptes de la désinformation, des écolosceptiques… Tant d’ennemis aux yeux de nos riches amis qui, en parfaits wokes qu’ils sont, se veulent des combattants de l’injustice, des idées reçues et des préjugés en tous genres.

[Fin du spoiler]

Voilà une véritable satire que nous offre "The hunt", la raillerie étant au rendez-vous tout au long de ce film teinté d’un second degré parfaitement maîtrisé. La bêtise humaine a rejoint les deux camps, celle des chasseurs et celles des proies, et les scénaristes Nick Cuse et Damon Lindelof (ayant notamment œuvré sur "Lost", "Watchmen la série" et "Leftovers") s’en amusent en cassant les clichés du survival pour nous gratifier d’un film qui nous en apprend soudainement beaucoup sur nos victimes et leurs bourreaux en milieu de métrage. Inutile de vous dire que tout le monde s’en prend plein la gueule ici, la moquerie n’épargnant personne.

Hormis les thématiques abordées, "The hunt" a également comme point fort son rythme. Démarrant au quart de tour (après une altercation musclée dans un jet privé, nous sommes plongés en pleine chasse à l’homme où explosions et fusillades s’enchaînent à tout-va), le film de Craig Zobel ne montrera aucun temps mort sur les 85 minutes qu’il dure.

Son second degré, sa misanthropie généralisée ou encore cette volonté de toujours vouloir surprendre le spectateur (les scénaristes ne sont pas avares en séquences ou en dialogues inattendus, à l’image de la fable de La Fontaine « Le lièvre et la tortue » racontée par notre héroïne dans une version quelque peu gore) font que l’on ne s’ennuie à aucun moment devant ce long-métrage.
La paranoïa qui s’installe (qui croire ? « Tout le monde ment » dira Crystal après avoir tué l’un des chasseurs qui avait caché sa véritable identité) permet aussi de maintenir en haleine le spectateur, la véritable identité de chaque membre de ce commando de chasseurs friqués n’étant dévoilée que plus tard dans le film pour entretenir le suspense et se demander qui est qui.

Autre point fort de "The hunt" bien évidemment : Betty Gilpin. Notre américaine de 35 ans (vue dans les séries "GLOW", "Elementary", "The walker" ou "Nurse Jackie") qui joue le rôle de Crystal est sans conteste LE personnage qui porte le film sur ses épaules. Non pas parce que c’est l’héroïne du film mais pour tout ce qui caractérise son personnage.
Nonchalante au possible, rentre-dedans et sèche dans ses propos, Crystal est vraiment une héroïne pas comme les autres mais une chose est claire : elle est sûre d’elle et déterminée. Déterminée à se faire tous ces enculés qui l’ont prise pour cible à abattre.
De l’enthousiasme, elle n’en a pas beaucoup à revendre mais c’est pareil quand il s’agit de montrer une quelconque tristesse ou un désarroi (même après avoir découvert le corps de l’un de ses compagnons de fortune dans un coffre de bagnole, l’un dit « Oh doux Jésus » tandis qu’elle balance avec un air totalement indifférent « Non, il s’appelait Gary »).
A l’image d’une certaine fiancée dans "Kill bill", d’une Ellen Ripley dans "Alien", d’une Sarah Connor dans "Terminator", d’une Sarah dans "The descent" ou encore d’une Erin dans "You’re next", notre Crystal est une vraie combattante et ne se laissera pas faire loin de là. Les tueries perpétrées dans la station service et celle dans l’abri souterrain montrent indéniablement la détermination de la jeune femme, cette dernière ne faisant nullement dans la dentelle et ne laissant aucune chance de survie à ses assaillants.

D’ailleurs, "The hunt" n’est pas avare en scènes de baston et en altercations musclées voire saignantes comme déjà dit plus haut. Entre fusillades à tout va et scènes bien corsées (un corps explosé à la grenade, un autre empalé avant d’être atrocement mutilé à la grenade à nouveau, sans oublier un joli headshoot, une énucléation ou encore un égorgement net et précis…), nous en prenons plein les mirettes jusqu’à un affrontement final entre deux protagonistes qui ne semble pas vouloir s’arrêter (nous pensons fortement au combat dingue que se livraient Lana et Nozomi dans le film japonais "2LDK") et nous balance de pièce en pièce en passant au travers de fenêtres ou de baies vitrées. Un final bien violent où là encore humour et surprise ont leur place !

« Pourquoi ça pète pas ? », « T’as dégoupillé ? », « Ah merde ! »
« N’en mets pas partout, je nettoierai pas derrière toi ! »

Alors oui, "The hunt" possède ces petites touches d’humour qui font très souvent mouche mais c’est surtout avant toute chose une très sympathique satire de notre monde actuel qui se marie parfaitement avec ce contexte de pandémie que nous vivons depuis bientôt deux ans. Survival qui démarre au quart de tour sans jamais nous lâcher, le film de Craig Zobel aime également surprendre le spectateur et nous offrir des altercations bien musclées.
En voilà une bonne surprise !

Hunt - The | Hunt - The | 2019
Hunt - The | Hunt - The | 2019
Hunt - The | Hunt - The | 2019
Bande-annonce
Note
4
Average: 4 (1 vote)
David Maurice