Affiche française
LONG WEEK END | LONG WEEK END | 1978
Affiche originale
LONG WEEK END | LONG WEEK END | 1978
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Long week end

Long week end

Peter et Marcia, un couple de yuppies dont le mariage s'est désagrégé petit à petit, décident d'aller camper dans un endroit isolé du littoral australien dans l'espoir de ranimer une flamme éteinte depuis trop longtemps. Alors que Peter est assez enthousiaste à l'idée d'essayer tout son attirail d'aventurier du dimanche, Marcia, quant à elle, préférerait être dans un hôtel quatre étoiles. Ils semblent néanmoins tous deux motivés à l'idée de ce périple ayant pour but de recoller les morceaux et de leur éviter le divorce. Toutefois, le voyage ne se déroule pas vraiment comme prévu puisque l'emplacement inaccessible choisi par Peter se révèle vite menaçant : la nature sous toutes ses formes semble se liguer contre ces deux importuns non respectueux de l'environnement au fur et à mesure que leur relation de couple s'envenime. Epiés, traqués et attaqués par des forces naturelles invisibles, Peter et Marcia parviendront-ils à survivre aux pièges réservés par Dame Nature elle-même ?

LONG WEEK END | LONG WEEK END | 1978

Long week-end est la preuve ultime sur pellicule qu'on n'a pas besoin d'hectolitres d'hémoglobine toutes les trente secondes pour classifier un film dans la catégorie "horreur" et pour effrayer les spectateurs. La tension et le suspense sont tellement intenses voire palpables que l'atmosphère en devient suffocante, oppressante et le "suggéré" (ce que l'on entend par-ci par-là sans savoir ce que c'est vraiment, les bribes de choses à peine discernables à l'œil nu) comparé au "montré" (de gros méchants sanguinaires, qu'ils soient des monstres ou bien encore des êtres humains et que l'on peut voir dans de nombreuses productions actuelles, Eli si tu me regardes, je te salue bien bas !) est bien plus flippant et a la fâcheuse tendance à retourner notre cerveau contre nous-mêmes car on s'imagine toujours le pire !

C'est donc un film d'agressions animales sans animaux et c'est ça l'originalité et la grande force de Long week-end : on ne voit rien et pourtant on est comme tétanisé par l'ambiance au fur et à mesure que le récit avance. Le réalisateur, sans renfort d'effets spéciaux ahurissants, arrive ainsi, en accumulant des petits détails anodins ça et là (il y a des choses étranges dans la mer mais ce ne sont pas des requins, des bruits bizarres comme les pleurs d'un bébé déchirent la nuit et il semblerait que les voisins du campement d'à côté aient disparu en laissant tout leur matériel), à transformer ce camping sauvage en expédition mortelle. C'est également un film d'ambiance, certes sans scènes d'action véritables, mais ô combien intrigant et qui distille habillement une bonne vieille angoisse des familles, ce qui n'est pas pour nous déplaire !

D'ailleurs, lors de certains passages la tension horrifique est tellement soutenue qu'il est difficile de rester tranquillement assis dans son fauteuil. Certes, les réalisateurs, de "Blair witch" ont bien essayé de reprendre le flambeau (ont-ils d'ailleurs vu le film de Colin Eggleston ? En tout cas, ils ont visionné "Cannibal holocaust", ça c'est certain…), mais c'est toutefois loin d'être satisfaisant.

En résumé question climax, ce film est incroyable car il vous rend totalement claustrophobe alors qu'il se déroule en pleine nature (ah cette végétation florissante, ces plages interminables, cette faune et cette flore restées sauvages, que de décors enchanteurs hostiles à l'homme !).

Autre fait d'arme de la part d'Eggleston, c'est sa façon de filmer qui est telle que l'on a l'impression que la vie sauvage sort de l'écran : on suit les pérégrinations du couple tout en repérant les petits détails de la nature, ce qui donne au métrage un aspect quasi documentaire. De plus, la sensation apportée par les bruits de la nuit a un profond impact sur nos sens, les cris et autres sons nocturnes bizarres ne nous laissent pas en paix. Enfin, les moments de silence, parsemés de dialogues, construisent la situation déchirante à laquelle les époux en perdition doivent faire face et c'est vraiment bluffant.

Le score de Michael Carlos toujours parfait car collant à l'ambiance et la photographie magnifique du littoral australien à la fois sauvage et dangereux, font de ce film un joyau que probablement peu de gens ont vu, heureusement que nous sommes à l'ère du DVD !

Cependant, ce n'est pas tout, et oui, le film recèle encore moult qualités. En effet, le scénario d'Everett De Roche ("Patrick", "Harlequin" et "Razorback") est une observation intelligente sur la relation entre la négligence de l'humanité et la souffrance de la nature, qui en son temps, rendra justice. Evidemment, le message écologique est flagrant mais il ne vient jamais empiéter sur le suspense de l'histoire. Le film fait également réfléchir, car après son visionnage, vous n'irez plus jamais en camping de la même façon.Vous serez plutôt convaincus de rester tranquillement chez vous en pantoufles ! Autres leçons convenues à tirer de ce film : ne pas faire de camping sauvage mais surtout, respecter la nature ! Plus profonde est la réflexion qui veut que ce film soit une méditation sur l'éloignement difficile vis-à-vis de l'urbanisation et paradoxalement, un avertissement sur l'aliénation de la vie moderne.

Le script se focalise également sur la situation d'un couple en souffrance et leur rapport à la nature qu'ils délaissent pensant sans doute que leurs problèmes sont plus importants que leur environnement. Ils saccagent tout et ne respectent rien : les arbres des forêts sont meurtris à la hache sans raison, un feu est déclenché à la suite d'un mégot de cigarette mal éteint, des canettes sont jetées ça et là, un kangourou est renversé par une voiture, un œuf de rapace est violemment brisé, des bestioles se font tirer dessus ou pour les plus petites, se font asperger copieusement d'insecticide ! Bref, que des gestes stupides qui ne seront pas sans conséquences…

Les personnages, à l'évidence archétypes du couple moderne, sont comme maudits dès le début et les spectateurs sadiques que nous sommes, prenons un malin plaisir à assister à leur destinée pour le moins tragique !

Les acteurs sont étonnants de justesse : John Hargraves, l'arrogant destructeur et Briony Behets, l'égoïste à l'esprit obtus, réalisent une performance incroyable. Vous avez là un couple que vous aimeriez voir se séparer immédiatement et vous voudriez que ce soit la nature qui exauce votre vœu ! Aurez-vous cette satisfaction ? Mystère et boule de gomme…

Prix spécial du jury en 1978 au festival de Paris, Long week-end est donc un film avec une conscience écologique qui nous montre que dès lors que de vils et dédaigneux humains se comportent mal envers Mère Nature, celle-ci se venge, avec ses propres armes et jamais directement, en leur en faisant payer le prix fort. Les acteurs, sont bons car détestables à souhait mais surtout, l'intensité émotionnelle est à son comble car contre-balancée par une atmosphère très pesante d'horreur imminente (les scènes de nuit, notamment quand Peter se retrouve seul devant son feu de camp crépitant alors que des bruits aussi naturels qu'étranges semblent surgir des ombres environnantes, vont vraiment vous foutre les chocottes !). A l'instar de son compatriote australien "La dernière vague" de Peter Weir, Long week-end est un petit bijou ignoré et c'est bien dommage. Il n'y a donc pas que "Mad Max" et "Razorback" au pays des aborigènes ! Alors si vous avez l'occasion de voir ce chef-d'œuvre méconnu, allez-y, c'est un ordre !

LONG WEEK END | LONG WEEK END | 1978
LONG WEEK END | LONG WEEK END | 1978
LONG WEEK END | LONG WEEK END | 1978
Note
5
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Vincent Duménil