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Evil dead rise | Evil dead rise | 2023
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Evil dead rise | Evil dead rise | 2023
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Evil dead rise

Evil dead rise

Alors que Beth n’a pas vu sa grande sœur Ellie depuis longtemps, elle vient lui rendre visite à Los Angeles où elle élève, seule, ses trois enfants. Mais leurs retrouvailles tournent au cauchemar, quand elles découvrent un mystérieux livre dans le sous-sol de l’immeuble, dont la lecture libère des démons qui prennent possession des vivants...

Evil dead rise | Evil dead rise | 2023

L'AVIS :

[Attention, SPOILERS possibles]

Voilà maintenant 10 ans que l'oeuvre de Fede Alvarez a vu le jour pour revisiter le classique incontournable de l'horreur enfanté par Sam Raimi. "Evil Dead" est le genre de titre qu'il est inutile de présenter tant les deadites invoqués par le Necronomicon ont laissé une trace de sang indélébile dans le cœur des cinéphiles dévoreurs de sensations fortes. Un retour nostalgique aux sources du mal fut offert au milieu de la dernière décennie à travers la série "Ash Vs Evil Dead", mais ici, c'est dans la continuité du remake que le cinéaste Lee Cronin a décidé de concevoir cette nouvelle cacophonie pestilentielle gorgée de sang coagulé. Et si le très bon remake de 2013, tristement boudé par la moitié de son public, souffrait de sa comparaison avec l'original malgré l'adoption d'une personnalité qui lui était propre, cette nouvelle tentative de moderniser la franchise va, elle, souffrir de sa comparaison avec le remake, bien que de nombreux autres facteurs soient à l'origine de ma déception.

Mais tout d'abord, il serait nécessaire me semble-t-il d'aborder cette interrogation : considérez-vous la scène de l'ascenseur de "Shining" comme une scène gore ? Votre réponse vous aidera à déterminer si, oui ou non, l'effusion de sang peut, à elle seule, basculer un film dans la catégorie descendante d'Herschell Gordon Lewis. Retenons que la définition du gore reste très nuancée et relève de divers éléments impliquant à la fois la déstructuration anormale d'une zone anatomique et le hoquet d'écoeurement qui s'ensuit, à commencer par le travail sur le maquillage pâteux et organique amenant le corps humain à devenir une véritable abomination. Partant de ce principe, nous en venons à affirmer que "Evil Dead Rise" n'est, contre toute attente, pas si gore que ça ; la scène véritablement gore étant le coup de tronçonneuse finale.

Le premier problème de ce métrage timide et frileux reste bel est bien le cruel manque de mutilation et de chair meurtrie. Je refuse catégoriquement de considérer un film gore comme tel s'il se réduit à éclabousser le sang sans insister sur les plaies en révélant la source de l'hémorragie prononcée.

Probablement conscient de son avarice, le film tente le coup de bluff en déversant une quantité astronomique d'hémoglobine depuis la cage d'ascenseur de façon à repeindre entièrement les couloirs et les personnages qui s'y trouvent, afin de donner un semblant de gore rien qu'en utilisant l'omniprésence de la couleur rouge sur les surfaces. Le reste n'étant que petit tatouage sur la joue, vomissement de liqueur blanche comme premier facteur de possession, petits coups de couteau ici et là, petit coup inoffensif de râpe de cuisine, un petit empalement, deux coups de fusil à pompe, énucléation quasiment suggérée, coup de casserole dans la gueule, coup de ciseaux dans le pif et... quatre meurtres expédiés (dont deux en hors champs) par étouffement et arrachage de gorge après nous avoir vendu quatre personnages inutiles, présentés comme de la viande supplémentaire à mutiler. Et pour finir, en plus de sa retenue en matière de violence grinçante, le métrage ose l'usage du CGI...

Quand je demande un bon steak saignant, j'aimerais que l'on ne me serve pas que de la sauce, car ici ça saigne, ok, mais ça manque de viande...

Qu'a-t-il à nous offrir finalement ? Un contexte familiale qui aurait pu chanceler l'histoire vers le drame horrifique si les enjeux n'étaient pas aussi minimes, et si les personnages n'étaient pas aussi superficiels et illogiques dans leurs comportements et leur réactions (surtout pour la petite sœur des deux non-genrés qui ne semble pas si terrifiée et accablée par la monstruosité qui se tient devant elle).

Niveau frayeur, nous sommes à grande distance du remake qui, lui, savait maîtriser ses codes et son rythme pour servir un degré d'intensité relativement efficace. "Evil Dead Rise" utilise en effet les codes standards du film d'épouvante moderne avec des séquences relevant aujourd'hui du cliché Blumhouse, comme les nombreux "est-ce que ça va ?" prononcés à une menace évidente se tenant de dos, immobile, patiente, et redondante dans sa gestuelle. Cette même redondance qui se fait ressentir à travers le rythme sinusoïdale, qui oscille entre le calme et la tempête avec une hystérie beaucoup trop brève pour prendre le temps à la sensation de s'intensifier ; ce qui aura tendance à épuiser le spectateur.

Retenons cependant quelques belles images dues à certains cadrages sympathiquement esthétiques (mention spéciale à la lévitation endiablée lors de l'apparition du titre, et aux pages du Necronomicon dont l'aura pandémoniaque s'avère être particulièrement envoûtante) et à une coloration bleutée-jaunâtre efficacement atmosphérique. Félicitons tout de même l'honorable performance de l'actrice principale dans sa prestation de mère possédée au sourire sardonique ; pour le coup, elle aurait bien mérité de figurer dans l'excellent "Smile". On regrettera néanmoins que le monstre chimérique du final soit bêtement dissimulé dans l'ombre du budget modique de la production, même si notre frustration pourra être rattrapée par un (re)visionnage de "The Thing" (que ce soit l'original de Carpenter ou le prequel de 2011).

Pour conclure, "Evil Dead Rise" est un film réchauffé qui fait honte à la franchise car, en plus de ne pas vouloir s'assumer comme un gore-fest, les subtiles tentatives d'humour sont tellement hésitantes que l'esprit craintif de l'oeuvre à l'idée d'être génialement grotesque se fait ressentir jusqu'au bout de son recyclage d'ingrédients.
Risquant d'être déplaisant pour les fans, mais réjouissant pour les profanes, cet opéra de la terreur rempli de fausses notes ne parvient pas à atteindre l'horreur symphonique de son prédécesseur.

Evil dead rise | Evil dead rise | 2023
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Bande-annonce
Note
2
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Nicolas Beaudeux