L'AVIS :

Si le début commençait bien avec un film flirtant avec Henry, portrait d'un serial killer mais version comique et détournant un peu les codes des slashers (un tueur défiguré semblant immortel, des assassinats de teenagers, une histoire de camp d’été, des masques…) en les réadaptant à la manière d'un Leslie Vernon dans l'excellent "Derrière le masque", la suite est pour le moins un peu balourde.

Hormis effectivement quelques mises à mort gore bien senties, le scénario est à l'avenant et n'offre pas grand-chose d'intéressant. Incontestablement, l'hésitation d'Abbie à tuer ses nouveaux amis aurait pu être plus convaincante, car on n’y croit pas cinq secondes (cf. la mort d’Izzy, jouée par Angel Theory, aperçue dans la série Fear the Walking Dead) ! Idem, sa romance adolescente naissante, toute nouvelle pour elle, méritait d'être plus approfondie. Malheureusement, le scénariste de Bloody Axe Wound (le réalisateur débutant Matthew John Lawrence) recule chaque fois que l'histoire d'Abbie menace de développer ses sentiments, ce qui est fort dommageable et renforce un peu plus le côté hybride du métrage ayant du mal à se positionner !

Pire, certaines pistes ne sont pas ou peu exploitées et nous laissent pantois ! Qui est, en effet, pour cette famille de tueurs, Butch Slater, l’excellent Jeffrey Dean Morgan, notre célèbre Negan de l'univers de "The Walking Dead" ? On le voit un peu au début sur les vidéos du paternel et puis après, plus rien ! D'où vient vraiment Abigail, notre héroïne adoptée ? Même chose, rien ne nous sera dit là-dessus !

Côté acteurs, si le maquillage de Billy Burke ("Dans le noir", "Most dangerous game") est intéressant, que l’acteur s’en sort bien et que c'est un plaisir de (re)voir Molly Brown la nouvelle actrice qui monte, interprétant Sam Crane et vue dans Dexter : les origines, le reste sera vite oubliable. Quand certains interprètes ne sont pas assez exploités, d’autres, en revanche, sont trop caricaturaux voire gênants car adeptes de pantomimes relativement vaines, à l’instar de Glenn, fan du magasin de VHS de la famille Bladecut et surtout des exactions du père !

C'est ainsi dommage que le créateur de Bloody Axe Wound ne développe pas assez certaines blagues et idées de prime abord intéressantes, car il y a aussi certains rebondissements intrigants, ainsi que quelques gags et allusions qui font que ce croisement des genres semi sérieux vaut la peine d'espérer. Mais il y a toujours quelque chose pour entraver le bon déroulement de cette production ! Et malheureusement, ce n'est pas cette fin ratée et carrément hors de propos qui sauvera cette entreprise relativement paresseuse côté script malgré quelques bonnes intentions de départ !

Bloody Axe Wound n’est au final rien d’autre qu’un métrage sur le passage à l'âge adulte d’une adolescente maladroite et inexpérimentée, fille d’un tueur en série défiguré qui accepte à contrecœur de laisser sa progéniture, reprendre l'entreprise familiale : tuer des adolescents pour le plaisir et le profit. Seulement voilà, si l'idée de base est assez séduisante, le film tombe vite à plat. Le spectateur reste sur sa faim à cause : d’un récit inexploité, de blagues méta qui ne font pas forcément mouche, de protagonistes pas tous intéressants et pour certains, relativement clichés, en proposant même un déroulement étrange par moments, avec des résolutions qui ne sont pas assez satisfaisantes. La mise en scène reste correcte en soi, mais cela manque cruellement de générosité pour un slasher même humoristique. On en attendait plus au vu du sujet et au lieu d’avoir une œuvre caustique digne d’un C’est arrivé près de chez vous, on se retrouve tout simplement devant un slasher banal peu abouti, sorte de mélange entre les fades "The last horror movie" et "Freaky" de triste mémoire !