I spit on your grave
I spit on your grave
Jennifer Hills se retire dans une maison de campagne pour écrire un roman. Elle devient l'attraction des jeunes hommes du coin, qui pénètrent chez elles, l'humilient et l'intimident avant que cela ne dégénère en un viol collectif. Avec la complicité du shérif local, les jeunes gens tentent de cacher leurs méfaits en tuant Jennifer, mais celle-ci leur échappe en se jetant du haut d'un pont. Les jours passent et son corps n'est jamais découvert...
Sous-genre de l'horreur ayant peu de représentants et dont les œuvres phares ne se situent qu'essentiellement dans les années 70 ("La dernière maison sur la gauche", "La maison au fond du parc", "oeil pour oeil", "Le dernier train de la nuit" avec Macha Méril), le film de rape and revenge est souvent remisé au fond du placard par toute une intelligentsia le considérant d'emblée comme plutôt nauséabond. On peut donc être surpris qu'après le revival de "La dernière maison sur la gauche 2009", le film "oeil pour oeil" qui date de 1978, soit remaké grâce à Anchor Bay qui ne fait pas de concessions sur une œuvre qui se veut jusqu'au-boutiste. Résultat: une sortie salles ciné très limité aux States et pour la France, il vaut mieux guetter directement les bacs dvd et blu ray.
Classique dans son approche du genre qui ne semble pas varier d'un iota son modus operandi, I spit on your grave se divise clairement en deux parties distinctes et différenciées. Il est en effet difficile d'imaginer une structure scénaristique différente : 1°) la partie viol puis 2°) la partie vengeance. Ce qui n'excuse pas le manque d'imagination des scénaristes qui adorent que l'action de leur film soit située dans des endroits particulièrement reculés avec si possible des habitants arriérés mentalement et consanguins. I spit on your grave version 2010 n'évite donc pas les clichés mais reste fidèle à l'œuvre originale et à l'ambiance générale de ce type de films. C'est sur ce sentier balisé que s'achemine le réalisateur Steven R. Monroe qui a surtout travaillé à ce jour pour des œuvres de facture télévisuelle ("House of 9"). Il en est de même des comédiens sortis tout droit des séries télé et des soaps operas. Autant dire que le changement de style est flagrant pour tous les protagonistes de ce projet hardcore.
En ce qui concerne l'héroïne, -un rôle pas évident vu les épreuves qu'elle traverse- Sarah Butler arrive à convaincre en passant de l'état de victime suppliant ses bourreaux à celui de la survivante impassible qui va en faire baver à ceux qui l'ont déshumanisée. C'est ce qui est intéressant à suivre justement, passé la première partie, celle du viol, moment toujours délicat et pénible à suivre. Contrairement à "La dernière maison sur la gauche 2009" qui soigne la forme au détriment du fond, (quid de l'humiliation ?), la version de Steven R. Monroe conserve l'impact et la patine seventies. Les images ne sont pas léchées et les scènes d'humiliations (battes, bouteille et gun) ne sont pas oubliées avant de passer à la partie viol qui fait ressortir lessivée la malheureuse Jennifer hébétée et dénudée lors d'une séquence qui nous semble interminable...avant le grand plongeon.
Puis arrive le moment de la vendetta qu'on peut qualifier de légitime et que le titre français du film original rend bien (œil pour œil). C'est bien la loi du talion qui est appliquée vis à vis des tortionnaires. Les moralistes de salon viendront nous dire que ce n'est pas politiquement correct et qu'il faut laisser faire la justice, mais personne ne peut comprendre les sentiments de Jennifer sans l'avoir vécu soi-même et c'est donc difficile voire hypocrite de porter un jugement sur ses actes. Une fois évacué le problème de la morale, on peut se porter sur la violence qu'elle fait subir à ses violeurs.
******Risque de Spoiler******
Et on ne peut pas reprocher au film d'y aller avec le dos de la cuillère. Des passages marquants et qui évitent le grand guignol, ce qui accentue la douleur que Jennifer fait subir à ses bourreaux : paupières tenues par un fil de pêche, bain d'acide, castration, fusil servant pour une sodomie bien profonde.
*****Fin Spoiler******
Chaque victime aura ainsi droit à un traitement spécial en fonction de l'attitude qu'il a eue à l'égard de Jennifer, dont la reconstruction passe par une vendetta sanglante mais salvatrice. Son statut d'être humain enfin retrouvé, elle peut enfin poursuivre son chemin et s'en retourner vers la civilisation. I spit on your grave conserve jusqu'au bout cet aspect rêche qui a fait la force de nombreux films chocs des années 70, et sans avoir recours à l'aspect faux documentaire si usité à notre époque.
* Remake de "Œil pour œil" (1978)