Host

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Juillet 2020, alors que l’Angleterre, comme encore beaucoup de pays dans le monde, est toujours en plein confinement, Haley et ses amis Jemma, Emma, Radina, Caroline et Teddy, décident de se rassembler via Zoom, le logiciel de visioconférence afin d’invoquer les esprits ! Pour ce faire, le groupe sera même guidé dans cette expérience par Seylan, une médium dite « professionnelle ». Seulement voilà, l’une d’entre eux ne va pas respecter toutes les règles et ce qui n’aurait dû être qu’une blague va avoir des conséquences bien inattendues…

Host | Host | 2020

L’AVIS :

Voici « LE » film d’horreur du confinement imposé suite à l'épidémie de COVID-19 et donc de 2020. Cela devait forcément arriver car cette année écoulée, nous avons dû, pour beaucoup d’entre nous, participer à des téléconférences que ce soit pour le travail, pour rester en contact avec la famille ou encore afin d’organiser des apéros virtuels avec nos amis ! L’application Zoom s’est de fait répandue de façon exponentielle au point même de concurrencer des géants du Net comme Google ou encore Amazon ! Ce projet est ainsi né dès le début du premier confinement outre-Manche dans l’esprit de Rob Savage aidé de quelques-uns de ses amis. Son moyen-métrage (une cinquantaine de minutes environ) est basé sur une courte vidéo réalisée par ses soins début 2020. Dans cette dernière, il enquête sur des bruits inquiétants provenant de son grenier pendant un appel Zoom. Mais ce qu’il n’a pas dit à ses potes, c’est qu’un visage allait sortir face caméra pendant un court instant ! Imaginez la tête des copains ! Ni une, ni deux la vidéo devient vite virale sur la toile si bien que l’ami Rob décide de passer du court au moyen métrage. Host a alors connu un beau succès depuis sa sortie en juillet 2020 sur la plateforme américaine de VOD spécialisée dans l’horreur « Shudder » et il a même été présenté en compétition lors de la 28ème édition du Festival de Gérardmer. Quelle apothéose pour ce qui n’était à la base qu’une simple plaisanterie entre amis via un site de visioconférence !

Notons pour la petite histoire que Rob a développé ce projet tout en respectant les règles du confinement. Il a donc dû diriger ses acteurs à distance et ceux-ci ont alors chacun mis en place les caméras, les lumières et ont eux-mêmes géré les cascades. Les effets pratiques (faire bouger les portes, les tables, les chaises...) étaient aussi dirigés par les acteurs. La conception et le tournage du film auront duré au total 12 semaines pour un budget qu’on estime des plus réduits ! Ajoutons à cela que même quand deux actrices finissent par faire une scène ensemble, elles mettent leur masque et quand enfin elles se retrouvent, malgré la peur, elles ont tout de même le réflexe de se saluer en se faisant un « check de coude » qu’on ne connaît maintenant que trop bien ! Le film poussera même le réalisme jusqu’à se terminer sur la fameuse coupure à l’issue des 40 minutes gratuites !

Certes, le concept derrière Host, celui de limiter le cadre de la mise en scène à un écran d’ordinateur, a déjà été employé plusieurs fois par le cinéma d’horreur (rappelez-vous de la franchise "Unfriended"), mais ce dernier profite néanmoins du fait que sa trame narrative évoque la réalité liée au coronavirus, ce qui accentuera l’immersion du spectateur. De plus, vu sa faible durée, Host rentre très vite dans le vif du sujet, ce qui peut être à la fois bien et néfaste car forcément on pourrait ne pas adhérer tout de suite, d’autant que les personnages ne sont pas brossés en profondeur, même s’il y a tentative de le faire, il faut le reconnaître : une des filles s’est disputée avec son petit-ami, une autre vit encore avec son père, quant au seul garçon de la bande, il quitte la visioconférence car sa copine Jinny le veut pour elle toute seule ! Toutefois, les protagonistes sont par trop caricaturaux (les sceptiques, les flippées et les comiques), du déjà-vu en somme ! Alors quand en plus, on nous balance un catalogue d’événements inhérents aux found footage éculés (un verre se brise, une chaise bouge toute seule, on aperçoit furtivement un pendu dans un grenier, des corps seront propulsés face caméra mais aussi hors-champ par une force invisible ou encore, certaines filles utiliseront le flash d’un Polaroïd pour s'éclairer et une autre finira par jeter de la farine en espérant apercevoir le démon hostile), on ne peut qu’être déçu. On a ainsi rarement l’impression de voir quelque chose qui n’a pas déjà été fait dans les vingt dernières années (rappelons tout de même que "Le projet Blair Witch" est sorti en 1999 !) et on aurait aimé alors un peu plus d’innovations. Tout cela est bien dommage car il y a une assez bonne progression dans la tension, de bons effets spéciaux, les acteurs, dans leurs réactions, sont assez convaincants mais tout ça, le pur fan de films d’horreur, il le connaît déjà et il devient vraiment difficile avec l’âge !

Mélangeant allégrement les franchises de "Paranormal activity" et de "Unfriended" ainsi que leurs multiples succédanés à la sauce found footage du type "The den", ce moyen métrage n’est pas trop mal fait et il remplit assez bien le cahier des charges côté jump scares. Malheureusement pour lui, Host sort trop tard dans un genre qui arrive à saturation : tout a déjà été vu et revu maintes fois à un point tel qu’on frôle parfois l’overdose, un peu comme pour le slasher en son temps ! De fait, le film est prévisible, rempli de clichés tant au niveau des protagonistes que de ce qu’il va se passer, mais il est surtout plombé par une interrogation manifeste : comment en à peine trois minutes, cinq demoiselles fort avenantes par ailleurs ainsi qu’un de leur pote porté sur l’apéro, ont-ils réussi à invoquer une entité démoniaque via leur écran d’ordinateur ? On y croit modérément tout de même ! Saluons néanmoins le dernier clin d’œil sympathique du film, lorsqu’il se termine par un générique représentant une liste des participants à l'appel Zoom laissant apparaître les noms de tous les gens ayant concouru à la création du film. Mais c’est une bien maigre consolation, même si 55 minutes, ça passe très vite !

Host | Host | 2020
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Bande-annonce
Note
2
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Vincent Duménil