L'AVIS :

En théorie, un cauchemar organique. En pratique, un long métrage qui s’écrase sous le poids de son propre concept.

Il fallait s’y attendre : après le retour en force du body horror à la mode Cronenberg discount, voici le nouveau venu qui veut enfoncer la porte déjà ouverte. Cependant, sur le papier, tout était réuni pour que ce soit intriguant. Sur l’écran, c’est une autre histoire. Together s'apparente plutôt à une longue démonstration de tout ce qui fatigue dans le cinéma d’horreur contemporain.

Première erreur : la narration. Elle est terriblement prévisible et clichée. Le spectateur n’a pas besoin d’être devin pour savoir à la minute près quand viendra le prochain réveil en sursaut. Oui, encore ce vieux procédé : le personnage ouvre les yeux soudainement, crie, halète, et nous, on soupire. L’effet de surprise est mort avant même d’avoir été tenté. Tout est écrit à l’avance, prévisible, comme une platine jouant en boucle un vinyle rayé. Le problème, c’est que le film semble se prend au sérieux et pense avoir inventé la métaphore du couple qui se déchire. Sauf que tout est déjà dans le titre : Together. On devine la finalité dès l’affiche. Spoiler : ils vont finir collés, fusionnés. Merci, générique.

Seconde erreur : les personnages. Impossible de s’y attacher. Ni l’un ni l’autre n’a la moindre épaisseur dramatique. Le film essaye de jouer la carte de la complicité conjugale (on sent bien que les acteurs produisent et veulent faire croire à leur alchimie), mais rien ne prend. On assiste à des disputes fades, des réconciliations forcées. Quand vient la transformation physique, on est censés s’émouvoir de leur calvaire. Sauf qu’il n’y a rien, aucune émotion. Lui, c’est le stéréotype de l’adulte qui ne s’assume pas : pas de permis de conduire, musicien raté, vivant aux crochets de sa compagne. Elle, institutrice, n’est pas plus supportable pour autant, lui reprochant constamment des choix douteux qu’elle fait elle-même. Ils sont aussi fades l’un que l’autre.

Troisième erreur : les effets visuels. On pourrait partir du postulat qu’il s’agit de body horror qui mise davantage sur les effets visuels plutôt que sur l’histoire ou le développement des personnages. Soit. On nous promettait du viscéral, de l’organique. Résultat : des effets pratiques enrobés dans un vernis digital qui trahit la moindre scène. La laideur est là, mais pas celle qui dérange, celle qui ringardise le film.

Et puis il y a la fin. La métaphore ultime. C’est censé être puissant et profond. Une sorte d’apothéose tragique. En réalité, c’est la cerise sur le gâteau, ou plutôt la mouche sur la carcasse. Disons-le, elle est idiote. On ressort de la salle avec cette phrase en tête : tout ça pour ça. On me dira sans doute : mais il y a l’idée de transformer une histoire de couple en cauchemar physique. Oui, peut-être. Mais cette audace est noyée dans une exécution sans âme, répétant des codes du genre usés jusqu’à la corde. Le body horror n’est pas une recette miracle. Sans idées neuves, il devient juste un gimmick.

Together ne propose rien, sinon l’illusion d’être transgressif. Derrière ses prothèses et ses effets numériques, ce n’est qu’un patchwork de clichés mal recousus. Ni dérangeant, ni émouvant. Juste long, prévisible, et pire encore pour le genre, désespérément inoffensif.