Sx tape
Sx tape
Jill est artiste-peintre. Voulant la révéler au public, son petit ami Adam décide de la filmer continuellement pour mettre en valeur son travail. De fil en aiguille, le jeune homme a l’idée de réaliser une « sex tape » et trouve comme décor un vieil hôpital abandonné. La jeune femme voit dans ce décor sordide un lieu qui pourrait servir à faire une future exposition. Toujours sous l’œil de la caméra d’Adam, Jill se laisse convaincre pour la « sex tape » mais des événements étranges vont se produire et transformer cette expérience excitante en un vrai cauchemar…
Passionné par le cinéma dès l’âge de neuf ans, le réalisateur Bernard Rose s’est fait connaître des amateurs de fantastique en 1988 avec Paperhouse". Quatre ans plus tard, il récidive de manière encore plus époustouflante avec le culte "Candyman", créant par la même occasion une nouvelle icône de l’horreur. Il délaisse l’horreur et le fantastique durant les années suivantes pour y revenir en 2005 avec "Snuff Movie" puis en 2013 avec "Sx Tape". Pour ce film, Bernard Rose cède à la mode du « found footage », procédé mis en avant par "Le projet Blair Witch" en 1999 et "Rec" en 2007. Le succès de ce dernier allait lancer une vague de films utilisant le même principe, comme la saga des "Paranormal Activity" ou "Cloverfield" par exemple. Dans "Sx Tape", un enquêteur interroge une jeune femme et lui demande ce qu’il s’est passé dans un vieil hôpital abandonné, tout en lui annonçant que son petit ami a été retrouvé mort. L’enquêteur lui apprend que la vidéo filmée par son petit ami a été retrouvé. Et c’est donc cette vidéo qu’on va avoir le privilège de visionner.
Qui dit « found footage » dit caméra qui bouge dans tous les sens et mal de tête assuré. Si on retrouve quelques plans de la sorte dans le film de Bernard Rose, la majorité des images présentées est assez bien filmée et résolument posée, ce qui n’est pas un mal. Il faut savoir que c’est Bernard Rose lui-même qui tient la caméra dans la quasi-totalité du film et que l’acteur interprétant Adam n’est intervenu que très rarement à ce niveau. De l’aveu même du réalisateur, "Sx Tape" ne contient pas grand-chose : un couple, une caméra et un endroit sordide. Le défi étant de faire naître une tension, un malaise, de créer le suspense à partir de ces éléments. Si le début du film est passablement ennuyeux, même s’il nous permet de faire connaissance avec Jill et Adam et d’apporter une petite touche érotique assez soft, une fois dans l’hôpital à l’abandon, le rythme devient un peu plus percutant et le travail sur le son, les bruitages, parvient à créer la tension recherchée. L’ambiance devient assez anxiogène et réserve quelques petits frissons. A titre d’exemple, quand Jill est attachée sur un vieux lit et qu’elle attend le retour d’Adam, qui a laissé la caméra pointée vers sa fiancée, l’apparition d’une figure spectrale provoque un joli sursaut. Par la suite, ce sont vraiment les bruits, et le décor particulièrement sordide, qui parachèvent de faire pointer l’angoisse. Il faut dire que cet hôpital a déjà fait l’objet de plusieurs investigations paranormales car il serait véritablement hanté ! Du pain béni pour la production et l’équipe artistique du film !
Avec cette curieuse apparition, le réalisateur insinue le doute dans l’esprit du spectateur. Y a-t-il réellement un fantôme dans ces lugubres corridors ? Est-ce l’âme perdue d’une ancienne patiente qui rôde ici et s’en prend à notre couple ? Un mystère qui finira par trouver sa solution lors d’un final qu’on peut aisément deviner si on est un habitué de ce genre de scénario. L’introduction d’un couple d’amis dans l’histoire permet également à Bernard Rose de dynamiser un peu son film et d’apporter un peu de sang neuf au couple formé par Adam et Jill. Cette dernière est interprétée par Caitlyn Folley, jeune comédienne qui est aussi artiste-peintre, ce qui a bien aidé Bernard Rose. L’actrice s’en sort plutôt pas mal et assure ce qu’il faut dans les scènes de terreur. Comme souvent dans les « found footage », le personnage qui tient la caméra a parfois des comportements inacceptables, préférant continuer à filmer plutôt que d’aider sa compagne qui saigne du nez. On se demande également quel est l’intérêt de laisser la caméra allumée quand la situation devient stressante et qu’il faut réagir vite face à une menace qui semble se rapprocher. Des détails un peu gênants mais forcément, si on coupe la caméra, il n’y a plus de film !
Sans révolutionner quoi que ce soit, Bernard Rose s’en sort avec les honneurs et livre avec "Sx Tape" un « found footage » dans la bonne moyenne. Avec un titre pareil, le spectateur qui s’attendait à de nombreuses scènes coquines en sera pour ses frais, le scénario préférant bifurquer dans les profondeurs de l’âme humaine. Les réfractaires au genre passeront leur chemin, les autres se laisseront prendre par la main et devraient se laisser avoir par des effets sonores et visuels efficaces, prouvant qu’avec pas grand-chose à filmer, un réalisateur talentueux peut parvenir à faire naître la peur.
* Disponible chez WILD SIDE VIDEO