Couverture française
Nouvelle vague du cinéma de genre en France - la
Date de parution (France)
Pages

210

Couleur ?
Oui
Langue

Français

Nouvelle vague du cinéma de genre en France - la

Nouvelle vague du cinéma de genre en France - la

Souvent considéré comme le paria du cinéma français, le « film de genre » connaît un regain d’intérêt et intéresse aujourd’hui de nombreux cinéastes. De plus en plus, il se conjugue au féminin. Rencontres avec des réalisatrices et des réalisateurs de tous âges et d’horizons différents, qui pourraient redonner de la vivacité au genre.
Rencontres avec : Coralie Fargeat, Bertrand Mandico, Aurélia Mengin, Mathieu Turi, Olivier Afonso, Zoé Wittock, Julien Richard-Thomson, Quarxx, Christophe Deroo, Léo Karmann, François Gaillard.

L'AVIS :

Ah le cinéma de genre en France ! Sacré sujet ! Car même si notre beau pays est l'inventeur de la science-fiction et des effets-spéciaux, grâce à George Méliès bien sûr, nous n'avons jamais connu d'âge d'or comme a pu en connaître les Etats-Unis dans les années 30 avec les films de la Universal entre autres, ou l'Angleterre avec les films de la Hammer par exemple. On pourrait tout de même citer les années 40 où pas mal de très beau film fantastique français ont vu le jour. Mais au fait ? C'est quoi "le cinéma de genre" ? Certes, la première chose qui me vient à l''esprit quand on cite ce trois mots, c'est le cinéma fantastique et horrifique. D'où mes exemples d'âge d'or US et Britannique ! Puis la notion de "cinéma populaire", bien éloigné du "cinéma d'auteur". Mais n'est-ce pas trop réducteur ?

Le livre La Nouvelle vague du cinéma de genre en France va s'attarder, dans sa première partie, a essayer de donner une définition plus vaste du "cinéma de genre" justement.Cinq pages qui tente de dresser un petit portrait du "cinéma de genre", et qui prouve que ce n'est guère un exercice facile, chacun ayant sa propre définition. Pour plus de commodité, le choix des auteurs a donc été de retenir principalement le cinéma fantastique et horrifique comme axe de pensée. Un choix qui nous convient très bien ici. S'ensuit une introduction assez sommaire au cinéma fantastique français, puis un long dossier sur les difficultés de faire du cinéma de genre en France ; sur la frilosité des producteurs ; sur le pourquoi de cette frilosité, avec l'aspect économique bien sûr mis en avant ; sur les réalisateurs qui ont tenté ou tentent encore de faire du cinéma de genre en France ; sur le DIY (Do It Yourself), qui devient pour certain l'unique moyen de parvenir à concrétiser leur rêve de réalisation ; sur les festivals de longs et courts-métrages, aides précieuses pour ces réalisateurs ; sur l'attrait des USA pour ces réalisateurs et parfois sur leur désillusion une fois là-bas. Cette partie du livre est vraiment intéressante et met bien en lumière tous les bâtons dans les roues que ceux qui veulent faire du cinéma de genre en France peuvent subir de la part des producteurs, qui préfèrent sortir des comédies "bankable" plutôt que de tenter de sortir de l'ordinaire et de proposer quelque chose d'innovant au public. Un public français certes pas facile à convaincre, pas forcément trop cartésien (quoique) mais qui ne laisse que peu de chance au cinéma de genre français. Nul n'est prophète en son pays et c'est bien le cas ici, alors que les French Frayeurs cartonnent à l'étranger. Pourtant, il y a de très bons films de genre made in France. Mais le rouleau-compresseur américain ou anglais écrase tout sur son passage et rafle la mise, ne laissant que peu de chance à ses concurrents, surtout s'ils sont français.

La seconde partie du livre correspond aux interviews qui donnent la parole à 11 réalisateurs atypiques, qui œuvrent dans le cinéma de genre avec force et abnégation, malgré les (nombreuses) difficultés rencontrées. Pas de Xavier Gens, pas de Pascal Laugier, pas d'Alexandre Aja, pas de Julien Maury/Alexandre Bustillo ici mais des réalisateurs/réalisatrices moins connu(e)s mais tout aussi intéressant(e)s et qui ont des choses à dire. Et sans langue de bois.

On retrouve donc ceux qui font partie de cette "nouvelle vague" (existe-t-elle vraiment ?), à l'image de Coralie Fargeat ("Revenge"), Bertrand Mandico ("Les Garçons Sauvages"), Aurélia Mengin ("Fornacis"), Mathieu Turi ("Hostile"), Olivier Afonso ("Girls with Balls"), Zoé Wittock ("Jumbo"), Julien Richard-Thomson ("Time Demon", "Bloody Flowers", "Korruption"), Quarxx ("Tous les dieux du ciel"), Christophe Deroo ("Sam was Here"), Léo Karmann ("La dernière vie de Simon") et François Gaillard ("Blackaria", "Last Caress").

Les interviews sont réellement passionnants et chacun sort ce qu'il a sur le cœur, que ce soit le manque d'aide du CNC, le manque d'intérêt des producteurs bien sûr, la difficulté à monter un projet et à recueillir les fonds nécessaires, la mauvaise réputation du cinéma de genre français (injustifiée pour ma part, les navets se partageant la mise avec les bons films et les chefs-d'oeuvre, comme dans tous pays d'ailleurs), le peu de soutien entre réalisateurs (plusieurs semblent appuyer sur le fait qu'il règne une certaine compétition entre réalisateurs de genre au lieu d'une émulsion. A ce titre, j'ai été assez sidéré de voir que le projet de Julian Richard-Thompson, qui voulait faire une sorte de Masters of Horror à la française, n'a pas vu le jour car certains réalisateurs ont refusé le projet en apprenant que untel ou untel avait accepté d'y participer ! Incroyable...), le fait que les plateformes de VOD comme Netflix ou Amazon Prime pourraient devenir un nouveau lieu de création pour le cinéma de genre français et j'en passe.

Chaque réalisateur dévoile son parcours, ses attentes, ses craintes, sa rancœur envers le système, aborde le développement de leur film, et tous se livrent sans fioritures, n'éludant aucune questions. C'est tout à leur honneur. Personnellement, j'ai découvert des réalisateurs que je ne connaissais pas ou très peu et la lecture de leur interview m'a donné envie de me pencher sur leur cinéma. Je pense par exemple à Bertrand Mandico, Mathieu Turi ou Zoé Wittock. Et même ceux que je connais, comme Coralie Fargeat, Aurélia Mangin, Quarxx ou François Gaillard, tous dévoilent une facette de leur personnalité à travers les interviews et en deviennent encore plus intrigants et intéressants.

La Nouvelle vague du cinéma de genre en France est donc un ouvrage qui se doit d'être lu et qui offre un beau panel de nouveaux talents qui ne demandent qu'à pouvoir s'exprimer. N'hésitez pas à venir les découvrir à travers ces pages !

http://jaguarundi.fr/2021/02/25/parution-mars-2021-nouvelle-vague-cinem…

Note
4
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Stéphane Erbisti