Morituris : legions of the dead
Morituris
Deux jeunes filles en visite en Italie se font inviter par trois garçons de la région pour se rendre à une Rave Party. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que cette dernière doit avoir lieu sur un ancien cimetière de gladiateurs et que les spectres de ces combattants de l'antiquité vont venir troubler la fête...
Pour son premier long métrage, Raffaele Picchio décide de ressusciter le cinéma Bis italien, rien que ça ! Pour ce faire, il choisit de mettre en scène des gladiateurs morts vivants (ou les spectres de gladiateurs morts, c'est pareil...) qui vont venir massacrer quelques adolescents de manière bien violente. Si la jaquette du film laisse à penser que l'action se déroule dans l'antique Rome, détrompez-vous, tout se passe à notre époque. Il fait dire que le réalisateur n'a pas du avoir un très gros budget et le film flirte parfois avec l'amateurisme, ce qui pourra en rebuter certains s'attendant à voir du grand spectacle à la Ben-Hur ! On a plutôt droit à un spectacle minimaliste, que ce soit en nombre d'acteurs ou de décors.
Raffaele Picchio s'est néanmoins payer le luxe d'avoir Sergio Stivaletti aux effets spéciaux gore, ce qui promet un bon niveau de qualité en terme de violence visuelle. Morituris, dont la durée avoisine les 80 minutes, peut clairement être découpé en trois actes d'une durée à peu près égale. Le premier acte correspond à la présentation des protagonistes. Cette phase d'exposition, très bavarde, n'est guère passionnante et le flm s'enlise dans l'ennui et les clichés, les dialogues étant d'un niveau assez bas. Outre les 5 personnages principaux, on a également droit à la présentation d'un ami des trois garçons, qui leur parle de chez lui via le téléphone portable. Ce personnage est interprété par Francesco Malcom, célèbre acteur de porno. Ce dernier nous offrira par la suite une séquence issue tout droit de l'imagination de Bret Easton Ellis dans son "American Psycho". Si les quelques scènes le mettant à l'écran n'ont pas vraiment d'intérêt concernant le fil rouge de l'intrigue, cette séquence se révèle particulièrement trash dans l'idée, même si elle est filmée de façon suggestive (heureusement pour l'actrice...).
Passé ces premières 25 minutes guère entraînantes (mais néanmoins utiles pour nous faire ressentir de l'empathie pour les deux demoiselles), Morituris change radicalement de cap et vire dans le trash, le sordide et le malsain de façon assez expéditive. Raffaele Picchio ne recule pas devant les excès et nous offre des scènes de voyeurisme et de violence sexuelle qui sont vraiment efficaces au point de créer un certain malaise. Idem, cette seconde partie, particulièrement virulente et explicite, dure environ 20 minutes, ce qui est très long pour ce type de violence, je vous laisse la surprise. Le dernier acte mettra enfin en vedette nos gladiateurs d'outre-tombe. Si on a juste droit à cinq gaillards plutôt costaud recouvert de poussière pour leur donner un teint gris pâle et portant masques et diverses armes antiques, le réalisateur a peaufiné l'ambiance et l'ajout de brume ainsi que le décor forestier parviennent à créer un effet assez réussi pour un film à si faible budget.
Sergio Stivaletti rentre lui aussi en scène et nous a concocté quelques effets gore bien sympa, à l'ancienne qui plus est, avec décapitation, empalement, crucifixion et autres petites joyeusetés sanguinolentes. Au final, Morituris n'est pas un grand film, loin de là, mais il a su nous mener en bâteau et la présence des gladiateurs revanchards et monolithiques s'avèrent réellement plaisante. Pas indispensable mais ça mérite le coup d'oeil pour ses excès dans de nombreux domaines.
* Disponible en DVD et BR chez ELEPHANT FILMS