Lake placid
Lake placid
Un agent de la protection des eaux et forêts meurt de bien cruelle façon : alors qu'il étudiait le comportement des castors sur le lac de la paisible petite ville de Black Lake, celui-ci est ressorti de l'eau le corps coupé en deux. L'autopsie révèlera dans le corps de la malheureuse victime une dent d'un animal préhistorique.
Immédiatement, une équipe composée d'un garde forestier, du shérif, d'une paléontologue new yorkaise et d'un riche excentrique chasseur de crocodiles est réunie pour mener l'enquête sur ce meurtre sanguinaire et invraisemblable. Car oui, le mot est donné : il s'agit bien d'un crocodile et celui-ci est énorme et affamé…
En 1999 sort un énième film de crocodile du nom de "lake placid" (on ne rappellera pas dans cette critique la liste énorme de films mettant en scène nos reptiles préférés : il y en a un paquet, dont votre serviteur reste très friand).
Réalisé par Steve Miner, un an après son sympathique "halloween 20 ans après", "lake placid" est une agréable surprise de la part de ce réalisateur que l'on ne présente plus (son génial "house", les deux premières suites bien sympathiques de la saga des "vendredi 13", "warlock"…). Jouant sur deux tableaux, l'horreur et l'humour, le film de Steve Miner réussit à se démarquer des autres films de crocodile de part la qualité de ses effets spéciaux et son casting savoureux.
Mais trêve de bavardage et lançons-nous dans cette petite chasse au crocodile.
Partant pourtant d'une histoire bien maigre (un cadavre + une dent préhistorique = une chasse au crocodile) et démunie de suspense, "lake placid" est toutefois un film agréable à suivre. Alors que l'on pourrait se dire "bon ben les films de crocos, il y en a tellement qu'on a déjà tout vu", le film de Steve Miner est là pour nous démontrer le contraire.
Car, même si le film s'inspire de temps à autres de films cultes (et moins cultes) d'agressions animales aquatiques ("les dents de la mer", "piranhas", "la mort au large"…), "lake placid" possède également quelques spécificités qui en font un très bon divertissement. En effet, en plus d'un savoureux mélange entre la comédie et le crocodile movie, le film de Steve Miner nous gratifie de quelques séquences spectaculaires comme par exemple une course poursuite sous l'eau des plus haletantes entre l'héroïne et le reptile, une confrontation entre notre crocodile et un ours (LA scène du film que beaucoup aiment se remémorer) ou encore une scène de baignade frissonnante entre notre excentrique chasseur et le saurien.
La fin elle-même montre un brin d'originalité, notamment dans la façon d'attraper notre féroce reptile (exit la dynamite ou autre électrocution, filets ou fusillades à tout va…).
L'introduction à elle seule, bien que parfois pompée sur le culte "les dents de la mer" (pour ses plans tantôt rapprochés tantôt éloignés sous l'eau pour nous donner l'impression que notre nageur n'est pas seul), vaut le détour. Dès les premières minutes, notre crocodile est mis en avant dans une scène violente où notre malheureux agent de la protection des eaux et forêts sera ramené à la surface de l'eau par notre reptile sanguinaire puis amené jusqu'à sa barque avec une force inouïe (une scène déjà vue ailleurs mais criante de férocité ici). Malheureuse victime qui sera alors remontée à bord par le shérif qui l'accompagnait mais dans quel état : seule la moitié supérieure de son corps sortira de l'eau… Une introduction bien efficace et dynamique qui d'emblée nous montre que notre ami reptilien n'est pas un tendre et représente une réelle menace pour les habitants de la région et autres touristes mais également que l'on ne risque pas de s'ennuyer devant ce "lake placid".
Ce qui marque également quand on regarde le film de Steve Miner, c'est son rythme. Car il faut bien le dire : on ne s'ennuie pas une seule seconde devant "lake placid". Alors que le crocodile se fait assez discret durant une grande partie du film (au grand dam de certains), les personnages sont là pour nous faire oublier cette absence de notre reptile devant la caméra.
Car oui, et c'est de là en grande partie que viennent l'originalité et la réussite de ce "lake placid", le casting et les dialogues sont tout simplement un pur régal. Outre le fait de nous présenter un crocodile movie avec tout ce que cela suggère (courses poursuites, attaques de reptiles…), le long-métrage de Steve Miner va présenter dans son scénario (bien maigre au départ) d'une bonne dose d'humour tournée plus particulièrement vers le sarcasme (ça se moque ouvertement, ça remballe sec, ça tourne en dérision : c'est fou ce que certains personnages s'aiment! RIRE) qui fera mouche auprès de tous les publics, jeunes et moins jeunes.
Le casting par ailleurs est de très bonne qualité avec son petit lot de têtes bien connues. Commençons par le duo terrible d'où proviendront en majeure partie cet humour si convivial et cette ambiance si sarcastique de "lake placid" : les deux faux compères Hector Cyr (le riche excentrique chasseur de crocodiles interprété par un génial Oliver Platt vu également dans "Beethoven", "Dr Dolittle", "Frost/Nixon, l'heure de vérité", "l'an 1 : des débuts difficiles", "2012"…) et Hank Keough (le shérif interprété par Brendan Gleeson que nous avons pu voir entre autres dans "braveheart", "mission : impossible 2", "A.I. Intelligence Artificielle", "gangs of New-York", "28 jours plus tard", "le village", "Troie", "Harry Potter et la coupe de feu", "Harry Potter et l'ordre du Phénix", "la légende de Beowulf"…).
Dès la première minute où ces deux-là se rencontrent, les moqueries et réflexions douteuses commencent déjà à pleuvoir, campant d'emblée cette confrontation que les deux hommes entretiendront jusqu'à la fin du film, l'un ne supportant pas l'autre et vice-versa (le shérif est sans arrêt persécuté par Hector qu'il juge complètement fou tandis qu'Hector, lui, le considère comme un ignorant incapable de réfléchir sans en venir aux mains ou au pistolet). Des échanges verbaux qui divertissent suffisamment pour presque nous faire oublier que notre croco n'a pas pointé le bout de son nez depuis un certain temps déjà (ce qui montre bien que l'alchimie entre ces deux personnages fonctionne).
Parmi les autres personnages, on retrouvera une héroïne au doux nom de Kelly, une paléontologue interprétée par Bridget Fonda ("la résurrection de Frankenstein", "le parrain troisième partie", "JF partagerait appartement", "evil dead 3 : l'armée des ténèbres", "Jackie Brown", "le baiser mortel du dragon"…). Un rôle malheureusement effacé par le duo terrible cité précédemment mais qui réussit tout de même à tirer son épingle du jeu grâce à son caractère très pète-sec et son sentiment d'impuissance, d'agacement et d'infériorité vis-à-vis de cet environnement dont elle n'a pas l'habitude (elle déteste les moustiques, n'aime pas camper et surtout déteste le Maine…), bien trop ancrée dans sa petite vie de new yorkaise (un caractère que ne manqueront pas de relever le shérif et le garde forestier).
Enfin, on notera la présence de Bill Pulman ("folle histoire de l'espace", "l'emprise des ténèbres", "malice", "last seduction", "Casper", "independence day", "the grudge", "scary movie 4"…) dans le rôle de Jack Wells, le garde forestier. Un personnage très décevant, complètement effacé par les trois autres et qui ne semble s'imposer (et encore) qu'à la fin du film. Alors que nous aurions pu penser que c'est ce personnage qui servirait de redresseur de situation (entre les conflits bon enfant du shérif et du chasseur de crocos notamment) et qui serait l'âme courageuse du film, il n'en est rien (pas d'héros courageux et viril dans le film de Steve Miner et c'est tant mieux!). Un personnage qui semble n'être là que pour donner une bonne raison au personnage de Kelly de rester dans ce Maine qu'elle déteste par-dessus tout (hé oui la relation amoureuse inévitable mais là encore, comme pour le fait de ne pas désigner de héros courageux, on ne sombre pas dans les clichés faciles : pas de scène de nudité dans "lake placid", juste un peu d'intimité entre les deux personnages, le temps d'un petit bobo à panser…).
Pour l'anecdote mais également pour son rôle très amusant, mentionnons la participation de l'actrice Betty White (vue dans les séries "Boston justice" ou encore "les craquantes" et dans le film "la proposition" sorti en 2009 entre autres) qui incarne une vieille dame ayant lié une forte amitié avec le crocodile du lac et qui (histoire d'en rajouter une couche) n'hésitera pas à engueuler et persécuter notre pauvre shérif qui semble être la véritable victime de ce film (sûr qu'il préférerait encore être bouffé par le croco tiens! RIRES!).
Au final donc : des personnages très caricaturaux, sarcastiques pour la plupart, mais ô combien jouissifs.
Bon, finissons comme il se doit par les effets spéciaux car qui dit crocodile movie dit grosse bêbête qui sème la terreur et dévore tout ce qui se trouve à sa portée.
Hé bien là aussi, nous ne sommes pas déçus du résultat : le crocodile rend magnifiquement à l'écran (sûr que cela change radicalement d'un "killer crocodile", d'un "il fiume del grande caimano" ou de certains films asiatiques) et se rapproche volontiers des qualités graphiques que l'on retrouvera près de dix ans plus tard dans "rogue" (alias "solitaire"), c'est dire les performances de l'équipe de Stan Winston (hé oui, c'est bien une partie de ses gars qui sont à l'origine de notre bon gros crocodile ici! Etant un grand fan du regretté Stan, je ne pouvais qu'en parler ici). Mais ce que l'on appréciera aussi dans "lake placid" c'est que notre crocodile apparaitra entièrement à l'écran, ce qui n'est pas forcément monnaie courante dans les films de crocodile…
Par ailleurs, malgré de longues périodes d'absence à l'écran, notre crocodile sait toutefois se montrer particulièrement sanguinaire le moment venu : après avoir dévoré la moitié inférieure du corps de notre malheureuse victime dans l'introduction du film, il s'en prend à des animaux (un cerf, une vache, sans oublier LA scène remarquable de l'ours) et arrache la tête de l'adjoint du shérif (c'est un slasher croco! RIRES!).
Au final, "lake placid" est un très bon divertissement. Faisant sans hésitation partie des meilleurs crocodile movies ayant vu le jour, on retiendra surtout du long-métrage de Steve Miner un savoureux mélange entre humour et film d'agressions animales qui colle parfaitement ici et arrive à nous faire oublier les deux principaux défauts du film : un manque de suspense et un crocodile très long à se montrer…
Un film à voir assurément!