Guinea pig 6 : devil woman doctor
Za Ginipiggu 6 : peter no akuma no joi-san
Un faux médecin travesti nous fait part des maladies qu'il traite mais que la médecine classique ne peut traiter. La vidéo qu'il nous propose recense divers cas, plus loufoques les uns que les autres : des patients ayant la maladie congénitale d'explosion du cerveau, une personne qui n'arrive plus à contrôler ses membres, un yakuza qui a un furoncle vivant sur le ventre, une zombification, un homme souffrant de sécrétion sanguine (il sue du sang), un patient qui possède un tatouage immonde qui se déplace sans arrêt et change de forme, un homme qui a des excréments vivants…
Notre médecin sans diplôme décide par le biais de cette vidéo de nous montrer comment il soigne ces cas afin de résoudre les problèmes de ses patients. Mais nous allons vite nous rendre compte que "résoudre les problèmes" ne veut pas forcément dire "sauver ces gens"…
"devil's doctor woman" est le petit dernier de la saga des Guinea Pig. Sorti en 1990, soit 5 ans après les deux premiers opus, cet épisode s'oriente nettement vers la comédie, un humour façon TROMA diront certains d'ailleurs. Exit le côté malsain, gerbant et excessif des opus les plus prolifiques et les plus populaires de la saga (les épisodes 1, 2 et 4) et tournons-nous cette fois-ci vers un univers grandguignolesque, où la plupart des situations sont tout simplement irréalistes et débiles au possible (de ce point de vue, on se rapproche volontiers du troisième volet "he never dies", même si ce dernier allait bien moins loin dans cet esprit tromesque).
Le ton est pausé d'entrée de jeu : un travesti s'accapare des premières images de la vidéo pour nous faire part de son métier de "médecin sans diplôme" (ou "médecin clandestin" comme il le dit ouvertement) et nous présenter divers patients qu'il a rencontrés dans son métier et qu'il a soignés. Appelé "la femme médecin démoniaque", celui-ci va nous entraîner dans une sorte de train fantôme cinématographique, ou devrait-on même dire un musée des horreurs.
Drôle par moments, lourd également de temps en temps, cet opus est composé de neuf parties distinctes qui nous proposent pour chacune d'entre elles une maladie irréelle, sortie tout droit de l'imagination débordante de créativité de l'équipe du film. Analysons donc rapidement chacune de ces parties afin de voir ce que vaut réellement cet opus des Guinea Pig qui clôt définitivement la saga.
PARTIE 1 : la maladie congénitale d'explosion du cerveau
Sont présentés dans ce premier acte les membres d'une même famille qui souffrent d'une maladie commune qui les contraint à rester calmes tout au long de leur vie. En effet, le moindre énervement, le moindre signe de contrariété ou encore la moindre excitation leur fait exploser le cerveau.
Notre pseudo-médecin décide donc de leur venir en aide d'une manière assez radicale : quoi de mieux pour éradiquer une maladie du cerveau que de supprimer le cerveau ? C'est donc la méthode complètement barje que choisit notre homme (ou femme, le doute reste admis) de médecine qui va tester chaque patient un par un sur leur seuil d'excitation. Un protocole simple qui consiste à insulter le malade de tous les mots grossiers imaginables jusqu'à ce que celui-ci s'énerve et fasse, par la même occasion, exploser sa tête.
A la fin de cette première partie, on nous propose une variante de cette pathologie, le cerveau étant remplacé par le cœur…
Même si l'idée est amusante au départ, ce premier acte est assez lourd et répétitif et s'avère décevant dans ses effets spéciaux. En effet, ceux-ci sont plus qu'approximatifs : il n'y a aucun mal à voir qu'il s'agit tout bêtement de mannequins posés sur des chaises dont on fait exploser la tête à tour de rôle (je ne parle pas du clou de cette réalisation bancale et amateur : un faux chauve dont on voit nettement la démarcation laissée par la prothèse en latex qu'il a sur la tête).
Bref, un maquillage approximatif, des effets visuels loin d'être irréprochables et qui sentent bon l'amateurisme : autant dire que ce n'est pas très enthousiasmant pour un épisode d'une série qui se veut culte pour le côté réaliste de ses effets spéciaux. Par contre, l'humour est bien présent, principal pilier de cet opus.
PARTIE 2 : Le syndrome de personnalité multiple
Nous sommes cette fois-ci confrontés à un individu qui ne parvient plus à contrôler sa main droite, elle-même contrôlée par une autre personnalité. Celle-ci lui fait subir diverses humiliations (lui renverse de la sauce ou du sucre sur la tête…), lui adresse des coups en pleine figure et tente même de l'étrangler. Afin de régler le souci, notre homme de médecine ne trouve rien de mieux que de lui planter une fourchette dans la main, avant de s'en prendre également à la jambe droite du patient qui semble, elle aussi, vouloir acquérir une autre personnalité…
Trainant moins en longueur que le précédent chapitre et disposant d'effets spéciaux nettement mieux maîtrisés (référence à ce gros plan de la fourchette enfoncée dans le dos de la main du patient, laissant couler le sang de la plaie alors ouverte), cet acte est bien plus distrayant et s'avère même plus drôle (le patient, suite au coup de fourchette du médecin, s'écrit "le traitement est pire que la maladie !" et lance en se roulant par terre après un deuxième coup de fourchette sur la jambe "ne m'aidez plus !").
PARTIE 3 : Le furoncle à visage humain
Un yakuza est victime d'un furoncle vivant au niveau du ventre. Mais en plus d'être vivant, ce furoncle lui empoisonne la vie en tentant de lui apprendre la politesse ! Ne pouvant éradiquer ce furoncle, notre homme de médecine va alors chercher les avantages que peut avoir le yakuza grâce à cette anomalie épidermique.
Une partie certes amusante au départ (une graine de voyou qui vient se plaindre de son furoncle qui ne cesse de lui rappeler les principes de la politesse) mais qui au final traine en longueur (notre médecin passe un long moment à faire des vocalises avec le furoncle) et s'avère tout juste passable. Toutefois, le furoncle est plutôt bien réalisé : une grosse bouche avec des yeux sont implantés au beau milieu du ventre du gangster, un pur délire !
PARTIE 4 : Dégustation de chair humaine
Pas de patient cette fois-ci : juste une présentation de mets culinaires pour cannibales qui nous sont présentés par un journaliste grossier, au langage cru mais on ne peut plus sérieux. Au menu, on retrouve par exemple du cerveau dans de la sauce de soja, des hors-d'œuvre d'yeux, une moule poilue et son jus de vieux vagin (très délicat vous l'aurez remarqué)…
Ce chapitre est au final plutôt sympathique et se suit agréablement, ceci grâce notamment aux réflexions du journaliste parfois hilarantes (par exemple, au moment de présenter la salade de doigts avec des globes oculaires, il ne peut s'empêcher de rajouter "salade du chef avec ses propres doigts et yeux et non ceux de l'apprenti" ou encore cette réplique grossière après avoir goûté le foie cancéreux mijoté au curry "très infecté : ça sent comme le cul de mon ami").
PARTIE 5 : La zombification
On nous montre ici un couple qui se bat contre la maladie de l'époux : celui-ci se transforme peu à peu en zombie. On suit donc les différents stades de la maladie grâce à une échelle de gravité appelée à juste titre "échelle zombie" (par exemple : 27% sur l'échelle zombie), le tout sur un fond de musique au violon marquant le déclin progressif de notre homme, proche de la fin de vie.
On retiendra surtout de ce chapitre la qualité des effets spéciaux : la décomposition de l'homme est rondement bien menée (visage qui change de couleur, desquamation, perte des cheveux, de la peau, de la chair et des dents, saignement des gencives, difficultés à parler à mesure que le temps passe…).
PARTIE 6 : L'organe interne siamois
Certainement l'acte le moins intéressant : une femme est harcelée par une sorte de gros tas de viande qui se jette sur elle à la moindre occasion… Attaques de l'organe filmées au ralenti et de manière floue (on y retrouve à nouveau ce clin d'œil à la séquence du lâcher d'entrailles de "devil's experiment", tout comme l'avait fait Masayuki Kusumi en 1986 dans son "he never dies"). Rien de bien intéressant donc ici : c'est lent, répétitif, pas amusant pour deux ronds…
PARTIE 7 : Les sécrétions sanguines
Un homme souffre de sécrétions sanguines, c'est-à-dire qu'au lieu de sécréter de la sueur, ses glandes excrètent du sang. Heureusement (ou malheureusement) pour lui, notre médecin va s'occuper de lui. Sa méthode ? Faire sortir tout ce sang d'un coup pour que le patient soit débarrassé une bonne fois pour toute du problème.
Un chapitre très saignant : notre patient ne cesse de cracher et de vomir du sang tout au long de son traitement. Un chapitre qui ne casse pas des briques mais qui ne peut que relever le niveau suite à l'acte précédent : une mise en bouche pour les deux derniers chapitres qui sont certainement les meilleurs !
PARTIE 8 : Le tatouage
Un patient souffre d'un tatouage immonde qui ne cesse de se déplacer sur la peau de sa victime en changeant de forme constamment. Allongé sur une table d'opérations, notre homme va subir le traitement que va lui administrer notre médecin travesti. Celui-ci va alors enfiler une sorte de gant avec des lames à la place des doigts (petite référence à Freddy) et va tenter d'arracher le lambeau de peau où se trouve le tatouage. Le seul souci est que le tatouage se déplace sans arrêt : notre médecin va alors rater son coup à chaque reprise, enlevant à chaque fois un morceau de peau…
Une bien belle scène de déchiquetage hors plan mais que l'on imagine en voyant le sang gicler sur le mur blanc du fond et en entendant notre patient hurler à la mort sous les coups de griffes de son médecin. On retiendra l'excellent effet visuel nous montrant la victime sauvée mais dépourvue de peau ! Un très bon chapitre bien hilarant et gore.
PARTIE 9 : Les quatre patients
Le dernier chapitre nous propose de faire la connaissance de quatre patients atteints de maladies diverses et variées. Décomposition interne du corps, élasticité corporelle, transposition du cœur… Toutes les pires abominations y passent dans ce dernier chapitre, sorte de bouquet final.
Les effets visuels sont en tout cas excellents à certains moments : le pourrissement d'un pied en gros plan (bel effet répugnant : peau brunie, fils entre les orteils…), un prépuce allongé tout simplement ignoble, une langue coupée sec… D'autres maladies sont tout simplement écœurantes : c'est le cas notamment de cet homme qui vomit des coquilles et qui, pour montrer ce que contiennent ces coquilles semblables à des œufs, n'hésite pas à en casser une en gros plan dans une assiette, nous laissant apercevoir les restes de ce qu'il a mangé dernièrement ! L'occasion également de découvrir l'une des séquences cultes de ce sixième et dernier volet de la saga des Guinea Pig : l'excrément vivant (appelé "maladie du caca protozoaire avec cacahuètes", histoire de bien nous expliquer ce que sont les morceaux que l'on voit à l'extrémité de la crotte du patient). Bref, un défilé de maladies complètement déjantées qui nous font passer un agréable moment et finissent en beauté ce "devil doctor woman".
Au final, ce sixième opus de la saga des Guinea Pig se suit agréablement et s'avère très hilarant par moments. Un cortège de mauvais goût, des gags parfois immondes et gerbant (mention spéciale au dernier chapitre) qui tranchent radicalement avec cet esprit malsain, sadique et réaliste que l'on donne volontiers à la saga des Guinea Pig, en raison de ses deux premiers opus. On regrettera toutefois des séquences trop longues, certains effets spéciaux ratés et quelques gags qui tombent à l'eau. Reste un épisode assez divertissant, à condition d'aimer le style TROMA et l'école du grandguignolesque.