Death note (2017)
Death note (2017)
Tiré du manga éponyme, « Death note » narre la découverte par un lycéen prénommé Light d’un carnet de la mort. Ce carnet lorsque l’on y écrit le nom d’une personne condamne celle-ci à mort. Enivré par ces pouvoirs, Light va décider de tuer les personnes qu’il estimera ne pas mériter leur place sur Terre.
L'AVIS :
Il y a des films qui inspirent à l’écriture d’une chronique, des films sur lesquels on pourrait disserter pendant des heures sur les qualités ou les défauts. Puis, il y a les films qui n’inspirent pas grand-chose. Malheureusement, c’est un peu le cas pour cette version américaine de « Death note » qui ennuie autant que le manga pouvait passionner. Cette histoire de carnet de la mort épaulé par le Dieu qui l’accompagne et de ce jeune lycéen qui fait régner sa propre justice sur Terre a pourtant de quoi plaire. Plus que ça, dans la version papier, l’auteur, Tsugumi Ohba, questionnait le lecteur sur les propres choix qu’il aurait à faire et arrivait à nous rendre sympathique (tout du moins dans les premiers volumes) un héros pourtant décidé à tuer sans justice ni bénéfice du doute. Bref, tout ce que n’arrive pas à retranscrire la version cinéma de « Death Note ».
En effet, Adam Wingard, plutôt que d’appuyer sur la psychologie des personnages et sur l’ambivalence de chacun, préfère faire un nouveau « Destination finale ». Cela nous amène donc à des scènes gores sympathiques qu’il ficèle avec le talent qu’on lui connait (et c’est un des rares bons points du film) mais, au-delà de l’aspect outrancier, le réalisateur n’arrive pas à leur donner le moindre impact émotionnel. On peut aisément pardonner le manque d’émotions de ces scènes mais beaucoup moins celles où se confrontent Light et celui qui le pourchasse : « L ». Alors que dans le manga la tension dramatique s’installait avec efficacité entre le lycéen meurtrier et celui qui le pourchasse (qui deviendra sa némésis), dans le film, on a juste l’impression de voir une dispute entre deux gamins. Même lorsqu’ils se menacent, ça sonne faux.
Pas que les acteurs soient mauvais mais malheureusement, ils ne sont pas crédibles pour un sou. Toujours pareil, la faute à leur caractérisation et aux modifications apportées par Wingard par rapport au matériau originel. Pour des raisons d’adaptation au public occidental, pour se simplifier la vie ou pour être politiquement correct (ou peut-être les trois), Wingard et sa bande ont fait de Light un personnage humain qui se venge à cause de la mort de sa mère plutôt que le tueur froid et pervers qu’il était dans le manga.
Le personnage de « L » est lui aussi devenu insipide et sans nuance. Ne parlons même pas de Mia, jeune fille avec qui Light va faire équipe. Déjà que leur romance n’est pas crédible mais le fait que Light lui parle du carnet à peine quelques jours après leur rencontre anéantit toute vraisemblance. Finalement, celui qui s’en tire le mieux, c’est ce bon vieux Willem Dafoe qui s’éclate en Ryuk, Dieu de la mort mangeur de pommes.
On pourrait parler technique et dire que Wingard emballe tout ça avec un relatif talent mais on connait son savoir-faire depuis « You’re next ». On pourrait aussi dire que dans le lot des films d’horreur pour adolescents américains, « Death note » n’est pas pire qu’un autre. On pourrait dire que le film est un divertissement correct qui se regarde avec un ennui poli. On pourrait trouver encore plein de raisons pour ne pas entasser « Death note »…
Mais on pourrait surtout en trouver encore tellement d’autres pour dire que cette adaptation américaine est un gâchis et un renoncement à vouloir traduire toutes les subtilités et les ambiguïtés du manga. C’est aussi une ode à la fainéantise et surtout encore une preuve qu’à vouloir simplifier les choses et ne pas choquer le spectateur lambda, on a vraiment l’impression d’être pris pour des abrutis. Mais bon, tant que ça marchera et qu’il y aura des gens pour plébisciter la lobotomie cinématographique alors qu’Hollywood continue de passer des œuvres intenses à la machine à laver... Triste mais tant pis !
Finalement, je disais en préambule que cette version de « Death note » n’inspirait pas grand-chose mais finalement si, elle provoque la colère.