Affiche française
HELL | HELL | 2011
Affiche originale
HELL | HELL | 2011
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oui
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Hell

Hell

A une époque indéterminée, le soleil brûle la surface de la Terre et l'assèche, si bien qu’en journée, il est impossible de sortir sans les protections appropriées couvrant toutes les parties du corps susceptibles d’être exposées sous peine de finir quasi grillé. De fait, les denrées alimentaires et l'eau se font extrêmement rares et sont devenues très recherchées. C’est dans ce monde peu aguichant que survivent Léonie, sa sœur Marie et Phillip, le copain de cette dernière. Leur but est d'atteindre les montagnes où ils espèrent trouver de l'eau et pourquoi pas plus de nourriture. Un jour, sur la route, ils s’arrêtent à une station-service qui semble abandonnée pour prendre de l'essence et trouver quelques provisions supplémentaires. C'est là qu'ils feront la connaissance de Tom, dont la rencontre va s’avérer décisive quant à leur quête et leur avenir…

HELL | HELL | 2011

Petit direct-to-dvd teuton à budget limité sorti dans les bacs en 2012 en France et première réalisation de Tim Fehlbaum, Hell (à ne pas confondre avec son homonyme français sorti en 2006) est un énième post-nuke movie surfant sur la vague du succès de « La route » et de ses ersatz. Mais et c’est important de le souligner, il a été produit par Roland Emmerich, qu’on ne présente plus. Est-ce un gage de qualité pour autant ?

Regardons cela d’un peu plus près. Voyons un peu le pitch : le soleil a tout brulé sur la Terre et continue de menacer les gens par ses rayons, si bien que l’eau est devenue rare et que les survivants se battent pour subsister. Ouais bof, l’idée de base aurait pu être intéressante si l’on n’avait pas vu ça moult fois au cinéma avec le coup de la Terre dévastée par un fléau et les « gentils » qui doivent affronter les « méchants » pour récupérer de l’eau avant tout. Côté casting, que des inconnus ce qui est un risque car il faut qu’ils soient au top pour susciter de l’empathie et là, pas de chance non plus, car le jeu d'acteur n'est ni exceptionnel, ni catastrophique, si bien qu’aucun interprète ne sort vraiment du lot, on reste ainsi dans quelque chose de relativement modeste. Ce qui est d’autant plus renforcé par le fait qu’à aucun moment le background des personnages n’est développé, notamment la psychologie des deux sœurs, ce qui semblait pourtant le but recherché. Qu’en est-il de l’action alors ? Eh bien ça commençait pas trop mal et laissait augurer un survival honnête avec, pourquoi pas, un côté « sauvage », bref ça allait peut-être charcler sévère mais ce n’était qu’un feu de paille. Le film est mou et mal rythmé. On passe de scènes cadencées à de trop longues saynètes où il ne se passe pas grand chose. De plus, aucune scène trash qui pourrait pourtant se justifier si on se réfère aux modèles que sont en la matière « La route », « Le livre d Eli », « Stake land » ou encore la référence ultime que constitue « Mad Max 2 », mais non, rien. Ajoutons à cela que chaque rebondissement scénaristique est deviné à l'avance à cause de grosses ficelles éculées maintes fois vues et on a là un métrage basique justifiant sa sortie directe en DVD sans passer par la case cinéma. Y a-t-il alors quelque chose à sauver dans ce long-métrage ?

Pour un film étriqué au niveau budget Hell ne s’en sort pas trop mal avec son maquillage honorable et le look très « Touareg » des différents protagonistes ou bien encore le décorum soigné rendant tout à fait crédible cet univers calciné par le soleil. Par ailleurs et c’est peut-être le point fort du film, la photographie est, quant à elle, magnifique. On sent les rayons du soleil peser littéralement sur les survivants ayant l’impression qu’ils sont comme plaqués au sol par tant de chaleur. L’intensité des rayons est elle, poussée à un point tel, qu'on ne voit presque plus rien à certains moments et cela reflète alors bien la puissance de notre étoile jaune. Cet aspect du film est vraiment très satisfaisant et assez original (enfin pour ceux n’ayant pas visionné « Pitch Black »), si bien que le long-métrage a été récompensé pour sa photographie (avec Markus Förderer aux manœuvres) lors du Festival International du Film de Catalogne de Sitges en 2011. Ajoutons à cela que la bande originale est notamment composée du morceau anthologique « 99 Luftballons » de Nena, mais bon, c’est bien peu pour faire de cet énième post-nuke -qui s’apparente plus à un survival et qu’on a d’ailleurs voulu nous vendre comme un film d’horreur (cf. la jaquette du DVD)- un bon film de genre.

En conclusion, Hell est un film limité par son budget certes, mais son scénario hautement prévisible rend le contenu malheureusement faible avec un manque de rythme rédhibitoire et des scènes tirant trop sur des ficelles qui nous sont déjà trop familières. Malgré une photographie superbe, on se retrouve avec un long-métrage au parfum de déjà-vu et extrêmement lent dans son développement. Trop mou, avec peu de scènes chocs et pas du tout basé sur l’horreur, Hell est en définitive un survival manquant cruellement de saveur. Bref, raté.

HELL | HELL | 2011
HELL | HELL | 2011
HELL | HELL | 2011

La mode apocalyptique bat son plein en plein tournant de la prophétie maya du 21 décembre 2012, et le choix pour les spectateurs se fait entre les grosses productions, du style «2012» ou d'autres plus intimistes voire introspectifs (l'exemple le plus parlant étant «La route» avec Viggo Mortensen). Tous ont en point commun l'idée de survie, et ce sont les productions les plus indépendantes qui sont en en domaine les plus proches de ce que pourrait être la réalité décrite dans ces univers post-apocalyptique. Avec Hell, nous sommes bien dans l'enfer promis mais qui pour le coup rime avec Hélios. Là où le dieu soleil est d'habitude recherché pour ses rayons réchauffants, il est ici l'astre de la mort et de la sécheresse. Manquant de tout (eau, essence), le cadre renvoie aux classiques du genre et le style road movie à la «Mad Max».

Produit par Roland Emmerich qui quand il veux bien s'en donner la peine sait faire des films travaillés et même intelligents (le passé inaperçu «Anonymous») et le voilà au commandes de cette coproduction germano/suisse. Le résultat esthétique est vraiment crédible et l'on ressent même physiquement la douleur provoquée par la forte luminosité du soleil. Les habitants d'une voiture sont obligés de mettre des papiers journaux pour filtrer les rayons du soleil. La force des films réussis est de compenser l'absence de moyens en réussissant à s'attacher aux personnages, et c'est le cas notamment des deux sœurs (Marie et Léonie) et les tensions provoqués par ce groupe de fortune ne sont pas cachés, comme si Léonie, la plus jeune des sœurs sentait que la présence masculine n'était pas nécessaire à leur survie. Une certaine vision féministe du combat pour la société qui trouvera un écho lors d'une seconde partie plus classique et où on perd ce danger venu de la nature, mais qui s'est transposé au cœur d'une société humaine.

Car nos quatres jeunes gens vont se retrouver confrontés à un gang pour qui la loi du plus fort est devenu la règle. Entre pratique du cannibalisme (pas assez poussé cependant, car le film hésite à aller loin dans l'horreur, même lors d'une scène d'abattage plus suggéré qu'autre chose, mais ça fonctionne quand même) et soumission de la femme réduite à un simple cheptel la conduisant à devoir s'accoupler pour assurer la survie de l'humanité. Une famille assez spéciale va donner asile à Marie et Léonie, mais comme dans tout film d'horreur (et là le film bascule), cela ne va pas se passer comme prévu. Le repas de famille est un digne héritier de celui de «Massacre à la tronçonneuse» même si les personnes présentes ne sont pas dégénérés. Mais leur pratique l'est par contre. Cette partie est je l'avoue la moins surprenante du long-métrage, les soi disant rebondissements sont visibles de très loin et le fait de perdre cette action au grand jour, atténue le cachet esthétique d'un film où la lumière paraît plus dangereuse que l'obscurité des pièces quel que soit le danger qui s'y cache.

Il suffit d'assister à une course poursuite particulièrement haletante, que n'aurait pas renié Fresnadillo sur son «28 semaines plus tard» pour voir ce que l'humanité a de plus perverses et que les oripeaux de la civilisation sont bien fugaces. A ce moment là, la fuite du bétail concourt à ce sentiment d’oppression qui nous tenaille. Même si le procédé commence à devenir fatiguant à force d'être utilisé pour simuler la peur panique qui s'empare des survivants. Humains versus humains, c'est bien le triste constat et pas besoin de mutations ici pour créer un monde plus vrai que nature ou les réactions les plus basiques de la vie courante comme pouvoir écouter un CD remplit les cœurs de cette joie en souvenir d'un passé révolu.

Nostalgique sur le plan des sentiments grâce à une caractérisation réussie des protagonistes principaux, Hell est une divine surprise dans le monde ultra embouteillé des Post Apo. Et si en plus vous avez aimé l'univers des Fallout c'est encore un plus pour apprécier une des nombreuses options promises à notre société toute puissante. Quand Mère nature règle ses comptes, ça fait mal, très mal...

Note
2
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Vincent Duménil