Scream 4, c'est l'impression étrange, et bizarrement pas si désagréable, de voir un Wes Craven gamin attardé et sans couille s'autopomper si fort qu'il réussit à procréer son propre clone tout en reniant le concept même du clonage...
Scream 4
Scream 4
10 ans après avoir survécu à une série de meurtres, Sidney Prescott a réussi à se reconstruire bien loin de sa ville natale, Woodsboro. Elle y fait son retour lors de la tournée de promotion de son livre, "Loin des Ténèbres". L'occasion d'y retrouver Dewey et Gale, mais plus inquiétant un nouveau Ghostface qui y fait son apparition renouant avec l'équarrissage en règle de son entourage.
Il en aura fallu des années et de nombreuses rumeurs pour qu'une suite au désastreux "Scream 3" ne soit envisagée. La faute aux rapports devenus conflictuels entre les Wenstein et un Wes Craven désabusé, mais aussi une réticence de la part du casting initial à faire son retour, notamment de la part de la trop rare Neve Campbell qui a disparu des écrans radars dans la décennie 2000. Cette même décennie qui a vu fleurir les torture porns et les remakes en tous genres de classiques et de moins classiques films d'horreur. Accusé en son temps (à tort) d'avoir tué le genre horrifique, "Scream" était en fin de compte l'évolution légitime d'un genre (le slasher) dont les spectateurs n'étaient plus dupes des règles. Mais passé la vague des néo-slashers ("Urban Legend", "Souviens-toi...l'été dernier"), tout est redevenu comme avant, le gore en plus ("See No Evil", "Meurtres à la Saint Valentin 3D") et même Rob Zombie est venu donner un sacré coup de pied dans la routine du genre avec son diptyque sur Halloween.
Comme bien souvent avec les productions des frères Wenstein, quelques problèmes de dernière minute virent le jour comme le remplacement au moment du tournage du scénariste Kevin Williamson (officiellement occupé sur sa série "Vampire Diaries") par Ehren Kruger ("Scream 3" argggg), et quelques acteurs ont commencé à se plaindre des changements scénaristiques concernant leurs personnages. De quoi inquiéter jusqu'à ce que les premières projections tests voient le jour et que les réactions du public se révèlent enthousiasmantes. Mais le mystère plane encore sur ce qui a été conservé du travail initial de Williamson. Une chose est sûre : il s'agit d'un vrai slasher avec des meurtres en pagaille et assez sanglants, mais dont la violence des scènes est contrebalancée par de l'humour parfois lourdingue. Mais pour une fois, l'humour ne vient pas de Ghostface qui ne se ramasse pas souvent (on est loin de sa maladresse dans la trilogie originale). Le tueur gardant cette aura fantomatique dont il ne se dépareillera pas durant tout le film.
Tout débute pourtant de manière catastrophique avec une sorte de prologue en forme de poupée gigogne dont on ne voit plus la fin. De quoi décontenancer et se demander la trajectoire que va prendre Scream 4 avec ce côté burlesque tellement appuyé que l'on se croit dans un Scary Movie (pauvre Anne "True Blood" Paquin dont l'apparition est vraiment fort brève). Si les deux premiers meurtres réels laissent à désirer, la suite va aller crescendo en intensité et devenant extrêmement ludique avec comme approche, le monde contemporain où la jeunesse se laisse aller à la facilité (télé réalité, facebook, notoriété de pacotille) encore plus qu'au temps du premier "Scream"; et en point d'orgue une critique des remakes (au travers d'un quizz auquel devra répondre Hayden Panettiere) qui ont pollué nos écrans dernièrement. Sans oublier toujours cette idée du film dans le film avec Stab qui en est ici à son septième chapitre. Le lien avec la saga "Saw" sera vite fait d'autant plus que "Saw 4" est cité....comme étant tout pourri ! Certains trouveront la démarche de Williamson/Craven très cynique mais n'est-ce pas sur ce terrain là que marche la série depuis ses origines?
Les références cinéphiliques sont légions (même le film "Le Voyeur" de Michael Powell y a droit), mais contrairement aux premiers Scream, elles sont incluses dans le décor du film au travers des affiches ("The Thing", "La colline a des yeux") ou des écrans de télévision ("Shaun of the Dead"). Craven retrouve son sens du suspense que l'on croyait un peu perdu, et s'amuse avec des mises en abîmes à plusieurs échelons. On assiste notamment à un meurtre en tant que spectateur/acteur, le tout pour mieux nous positionner dans le rôle de voyeur. Car si le destin de certains ne fait pas de doute, leur mise à mort sont dans l'ensemble bien amenées, même si l'on pourra regretter quelques punchlines maladroites censées faire rire. Plus que le retour de Neve Campbell (appelée par les nouveaux jeunes l'Ange de la Mort- ce qui résume assez bien son statut mortifère, et qui doit porter sur elle le lourd fardeau d'un passé guère évident à gérer)/ Courteney Cox/David Arquette un peu fatigués, on saluera les prestations réussies de nouveaux venus : l'ex pom pom girl de la série "Heroes", Hayden Panettiere étant parfaitement crédible, mais aussi Emma Roberts ("Twelve") dans la peau de la cousine de Sidney.
Un retour aux sources gagnant pour une saga que l'on croyait définitivement perdue mais dont la longue pause de dix ans a permis de se régénérer. Le dernier acte pourra surprendre de par la violence et le sadisme mais permet de conclure en beauté le retour de Ghostface, même si on peut regretter le manque d'audace, car une autre conclusion pouvait s'avérer possible. Il manque aussi à ce Scream 4 une scène d'anthologie comme le meurtre de Drew Barrymore ou celui de Jada Pinkett pour marquer les esprits, mais l'on appréciera la volonté de casser certaines règles et de prendre un peu tout le monde à contrepied et de rester logique quant à l'identité de Ghostface. Alors, ne boudons pas notre plaisir et saluons le retour aux années 90 avant la mode des "Saw" et autres "Hostel", et ça fait du bien !
Scream 4, c'est l'impression étrange, et bizarrement pas si désagréable, de voir un Wes Craven gamin attardé et sans couille s'autopomper si fort qu'il réussit à procréer son propre clone tout en reniant le concept même du clonage...
Ce qu'il y a de certains, c'est qu'à forçe de s'autopomper le noeud, Craven ve bien finir par y prendre du plaisir. Sacré Wes !
Vraiment un très bon film, je crois qu'il surpasse le 2 et le 3. Le 1 reste culte.
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