Citadel
Citadel
Un jeune père devenu agoraphobe tente de quitter sa ville avec sa fille, suite à l'agression qui a coûté la vie à sa femme. Sa route va croiser celle des agresseurs de son épouse. Le moment de vérité a sonné....
Dans les années 60, l'horreur se nichait au fond des châteaux gothiques et dans les villages isolés (''Dracula'' et autres ''Frankenstein'', puis les films d'horreur se sont urbanisés en prenant place dans les banlieues un peu aisées de la middle class américaine (''Halloween, la nuit des masques''), avant que les centres urbains se trouvent aussi assaillis par un univers fantastique (''Wolfen''), mais il faudra vraiment attendre Clive Barker pour que l'horreur urbaine trouve ses lettres de noblesse. Si l'auteur d' ''Hellraiser'' se trouve cité ici, ce n'est pas un hasard car son ombre plane sur ce Citadel. Bon ou mauvais augure?
S'inspirant autant de Barker que du ''Heartless'' de Philip Ridley, ce film irlandais ne s’embarrasse pas d'une longue présentation de ses personnages, mais rentre dans le vif d'une violence périurbaine qui n'a cessé d'exploser, notamment dans les îles anglo-saxonnes, où se passe justement l’action du film. Présentant deux options pour s'en sortir : 1/ celle d'un prêtre qui a vu le vrai visage des agresseurs, dont la seule manière d'en venir à bout est la violence et la loi du talion; 2/ une jeune femme qui se soucie beaucoup de notre père de famille dévasté après la mort de son épouse. Il est amusant de constater que ce sont là deux approches qui traversent nos sociétés contemporaines. Entre une approche réactionnaire et une autre beaucoup trop angélique. Suivant la psychologie de chacun, le réalisateur arrivera à nous surprendre lors d'une scène qui va provoquer le basculement de Tommy, qui n'aura guère plus de choix que l'auto-défense.
Absolument glauque dans le moindre détail de son environnement urbain délabré (les barres autant que les maisons pavillonnaires) ainsi que dans les quelques habitants croisés (nonchalant chauffeur de bus, qui semble n'être plus si vivant que ça), Citadel tape toujours là ou ça fait mal. Le danger peux venir de partout, y compris de la propre maison de notre jeune père de famille, d'où un sentiment d'urgence permanent. Il est aidé en grande partie dans sa quête de réponse, d'où il doit sortir moins naïf qu'il ne l'était auparavant, par un prêtre atypique et présenté comme tel. Ce dernier est interprété par le très charismatique James Cosmo (Jeor Mormont dans ''Le trône de fer'').
A la fois film fantastique (les enfants violents sont présentés sous la forme de monstres difformes et totalement déshumanisés) que film de vigilante (rappelant le polar ''Hary Brown''), il arrive à rebondir lors d'une dernière partie où l'intérieur d'une de ces sinistres tours urbaines de nos banlieues devient un endroit mortifère. A l'occasion d'une chasse à l'homme où Tommy devra vaincre pour vraiment quitter définitivement sa ville. Car jusque-là, toutes ses tentatives pour s'en aller ont avorté.
Pour son premier long-métrage, Ciaran Foy, frappe un grand coup de flippe et s’avère déjà avoir conquis une grande partie du public.
* Prix du meilleur long-métrage décerné par le public au PIFF 2012.
Les références sont nombreuses, ce qui en soit n’est pas forcement une mauvaise chose. Le climat de ruine morale et physique du personnage principal perdu au beau milieu d’un quartier à l’abandon est remarquablement dépeint. Le souci c’est que le scénario possède des trous et des incohérences dans sa seconde partie qui empêchent de s’immerger totalement dans les déboires des personnages.
La fin de l’histoire laissant, de plus, une fâcheuse impression de balourdise, on ressort de cette Citadel moyennement satisfait.
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