Body count

Camping del terrore

A la recherche d'un coin agréable pour établir leur campement, des ados en quête d'aventures, découvrent par l'entremise d'un autostoppeur devenu leur ami, un magnifique camp dans le Colorado. Malgré les avertissements du propriétaire du camping, qui sait que quelques années auparavant des adolescents ont été tués dans la forêt, les jeunes gens s'y hasardent quand même. Cet endroit attrayant se transformera bientôt en cauchemar quand ils deviendront la proie du shaman, un être mi-homme, mi-animal, avide de sang nouveau, selon les légendes indiennes locales…

BODY COUNT | CAMPING DEL TERRORE | 1987

Je serai honnête avec vous : ce n'est pas le meilleur slasher jamais fait, loin de là, mais il faut reconnaître qu'il est assez divertissant, voire amusant. Quoi qu'il en soit, si l'on regarde de plus près la photo du shaman sur la jaquette, il ne faut pas non plus s'attendre à un chef-d'œuvre ! Ce qui fait beaucoup sourire, ce sont les effets spéciaux douteux mais involontairement très drôles par moments. On pense notamment à une scène hilarante où l'on voit un type avec de longs cheveux blonds qui est poussé du haut d'une falaise et dont la chevelure paraît courte et brune quand il tombe ! Le pire effet est visible lors d'une scène où une fille hurle car elle se retrouve face au shaman, la caméra zoome ensuite sur la hache du tueur prête à s'abattre, puis à nouveau on a droit à un gros plan sur la face de la victime (faite en cire ou en latex et ce de manière grossière) avec l'arme incrustée en plien dans le mille ! Un pur effet visuel qui devrait rendre fou de jalousie Tom Savini !

Ce qui amuse également beaucoup, c'est le scénario qui semble parfois écrit par un gamin de cinq ans. A un moment donné du film, le père d'un des deux gosses qui se sont fait décimer au début du récit, raconte leur histoire comme s'il y était, et il en connaît tous les détails le bougre ! Autre événement surréaliste dû à un script des plus pitoyables : au début du métrage un gosse qui loupe une passe pendant un match de basket est envoyé à l'infirmerie et se fait immédiatement ausculter par un médecin, stéthoscope à l'oreille !?

Ajoutons à cela des scènes ridicules comme : celle d'une balade à moto qui ressemble à un vieux clip pour Hollywood Chewing Gum, la scénette du pseudo cours d'aérobic truffée de dialogues insipides comme, du reste, durant tout le film, ou encore celle du cauchemar assez flippante toutefois, mais qui est raccordée à un point tel qu'on se demande si le monteur n'a pas oublié une bobine dans le feu de l'action ; et vous vous ferez vite une idée du niveau de ce slasher.

Pourtant, sur le papier, Body Count réunissait tous les éléments pour en faire un véritable petit bijou avec : Deodato (Monsieur "Cannibal Holocaust") comme réalisateur, des acteurs charismatiques comme David Hess et Charles Napier, et enfin Claudio Simonetti (Goblin, le score de pratiquement tous les films d'Argento) en charge de la musique. Mais le résultat est bien loin de nos attentes et on a plutôt affaire à une sous-production horrifique qui n'a pas atteint là, tout son potentiel.

Côté réalisation, les scènes gore ne sont pas trop mal filmées voire assez esthétiques et raviront les fans du genre (notamment la scène des doigts coupés à la hache) mais bon, par rapport à ce que Deodato nous a déjà montré auparavant, c'est un peu léger et on était en droit d'en attendre beaucoup plus. Il est néanmoins vrai que depuis "Cannibal Holocaust", le cinéaste transalpin enchaîne les navets à la pelle et a du mal à retrouver son second souffle. Etait-ce définitif ? Seul l'avenir nous le dira, mais ça semble compromis…

En ce qui concerne les acteurs, Charles Napier n'est pas trop mal en flic bedonnant et amant d'une Mimsy Farmer ("La traque") toujours crédible, qui a peur de quitter son mari irascible campé par un David Hess parfait dans le rôle du cocu bougon et accessoirement propriétaire du camping. Quant au reste du casting, il regroupe des acteurs américains et italiens et on voit bien que ces derniers ne sont pas à la hauteur. Peut-être que Deodato a voulu faire un film à vocation internationale en mélangeant les origines ou bien qu'il a voulu faire plaisir à sa famille en casant un petit neveu ou une cousine éloignée ?

Pour ce qui est de la musique, principalement constituée d'une mélodie ténébreuse jouée au piano, elle s'accorde parfaitement avec les apparitions du tueur. Le thème tribal de Simonetti est donc très simple mais efficace même si on a l'impression d'avoir déjà entendu ce type de score (pompage éhonté d'Halloween ?).

Ce film empruntant pas mal à la série des "Vendredi 13" dont il profite du succès, contient les ingrédients classiques du slasher : des teenagers stupides, un milieu peu engageant et limite hostile, un croquemitaine menaçant et un nombre de tués conséquent (13 défunts avec 6 femmes et 7 hommes, souvent assassinés à coups de poignard), mais vu le titre du film ("décompte des morts", si on traduit littéralement), c'était le minimum requis !

De même, la troupe des gosses est très représentative des persos typiques souvent présents dans ce genre de films : ils sont tous très bêtes car semblent ne pas remarquer que leur nombre diminue à vue d'œil et les filles doivent être très sales puisqu'elles passent le plus clair de leur temps sous la douche ! Mais c'est un peu le lot habituel des bimbos, me direz-vous !

Pour ceux qui en douteraient encore, voici un autre aperçu de leur débilité profonde : une fille retrouve le corps ensanglanté d'un ami et au lieu de se sauver, elle va s'étendre sur un lit dans une pièce jouxtant la scène du crime. C'est limite si elle ne dit pas : "Je suis prête Monsieur le shaman, on termine ça quand vous voulez !". Tout aussi ridicule : la scène où une fille assiste à une chute d'un de ses copains et qui, au lieu d'aller vérifier s'il va bien, court à en perdre haleine en direction des douches tout en enlevant son haut!

Quant au décor, il est très bien choisi : les bois sombres du Colorado sont angoissants à souhait et rendent les apparitions du shaman encore plus oppressantes, puisque ce dernier se montre toujours dans l'ombre des arbres.

Cependant, le plus incroyable reste à venir : le fameux dénouement ultime et la révélation de l'identité du tueur. En effet, le twist final est vraiment inattendu mais on a l'impression qu'un magicien sort un lapin du chapeau car pendant tout le film on se doute de qui massacre tous ces gens (si on est un habitué du genre, bien entendu !), puis d'un seul coup, hop on fait apparaître un autre méchant comme par enchantement ! Merci Messieurs les scénaristes ! Et en plus ils étaient quatre pour nous pondre ça! Chapeau les gars !

Alors certes, cet avatar de slasher reprend les éléments habituels de construction du genre : un meurtre ayant lieu au début de l'histoire, de jeunes crétins à la limite de l'inconscience qui débarquent des années après sur les lieux du crime et qui se font exterminer un à un jusqu'au couronnement de fin censé nous surprendre, le tout étant parsemé de scénettes cocasses mais a priori non voulues comme telles par le réalisateur dont on attend encore le réveil ; mais malgré cela, le film reste regardable et réjouissant, pour peu qu'on ait laissé son cerveau de côté !

BODY COUNT | CAMPING DEL TERRORE | 1987
BODY COUNT | CAMPING DEL TERRORE | 1987
BODY COUNT | CAMPING DEL TERRORE | 1987
Note
3
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Vincent Duménil