Affiche française
Affamés (2021) | Antlers | 2021
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Affamés (2021) | Antlers | 2021
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Affamés (2021)

Antlers

Julia Meadows, institutrice dans une petite ville minière de l'Oregon, pense que Lucas Weaver, un de ses élèves, est maltraité par son père avec qui il vit en compagnie de son jeune frère Aiden, qui lui, n’est plus scolarisé. Elle va alors enquêter sur ce mystère avec son frère Paul, le shérif local, avec qui elle est revenue habiter dans la maison familiale après une longue période et surtout un traumatisme ancien toujours pas digéré. Ils vont ainsi découvrir le secret du jeune écolier, mais ce ne sera pas sans conséquences...

Affamés (2021) | Antlers | 2021

L'AVIS :

Sur le papier, le projet a tout pour plaire car il est porté par le nom prestigieux de Guillermo Del Toro en tant que coproducteur, celui de Nick Antosca connu en tant que scénariste (le métrage est d’ailleurs adapté de sa nouvelle The Quiet Boy) et ayant notamment officié sur la série horrifique Channel Zero et celui de Scott Cooper, un réalisateur ayant déjà fait ses preuves dans des genres très différents (Les brasiers de la colère, Strictly Criminal, Hostiles). Ce dernier est surtout doué pour ancrer ses films dans le réel, alors le voir à la tête d’un film d’horreur peut paraître surprenant, mais sa capacité à passer d'un style à un autre pour explorer la noirceur humaine trouve néanmoins ici une évolution logique avec l'idée de la concrétiser dans quelque chose qui n'a justement plus rien d'humain à l'écran, le Wendigo. Ainsi, ce projet avait de quoi attiser la curiosité, d’autant que le long-métrage bénéficiait d’un décor naturel splendide, celui de l'Oregon froid et pluvieux, plutôt sinistre écrasant parfois ses protagonistes, précisément dans une ville minière frappée par la crise économique entraînant parfois ses habitants dans des actes illégaux et où l’on cherche tant bien que mal à réhabiliter la filière du charbon.

Alors certes, comme attendu chez Scott Cooper, l'horreur est avant tout là pour stigmatiser les vices les plus sombres de l'homme et il faut reconnaître que le concept choisi pour les mettre en avant est très habile dans une ambiance désespérée au possible, le misérabilisme de la famille Weaver faisant écho à celui des Meadows, l'institutrice et son frère ayant également connu la maltraitance au sein de leur famille lorsqu'ils étaient plus jeunes. En cela, Affamés est un film d'horreur qui possède une dimension sociale louable.

En outre, côté casting, si celui-ci est mené par la trop rare Keri Russell ("Dark skies") et la valeur sûre Jesse Plemons (vu dans la série "Fear itself" et le récent Jungle cruise), c’est l’interprétation de Jeremy T. Thomas qui retiendra toute l’attention. Ce dernier incarne, en effet, avec brio et beaucoup de justesse, Lucas Weaver, un petit garçon famélique, triste et terrifié par les épreuves qu'il traverse mais qui, par la force des choses, se sent investi d’une mission : celle d’aider son père et son petit frère, tous deux malades. Encore un enfant qui a grandi trop vite en somme…

Par ailleurs, le film comporte quelques meurtres bien gore et sans distinction aucune de l’âge des victimes et la créature est pourvue d’un design tout à fait remarquable alors que ses manifestations physiques, qu’elles soient des attaques ou des transformations, sont toujours réussies avec la plupart du temps des effets spéciaux qui privilégient le réel aux CGI, ce qui renforce le côté immersif et vériste de l’ensemble.

Malheureusement, malgré toutes ces belles aptitudes qui tendaient à faire de Affamés une proposition vraiment originale, l’ensemble retombe assez vite dans les travers du genre : certains personnages qui décident de foncer seuls dans la gueule du loup, des duels qui n'ont pas de sens tant ils paraissent déséquilibrés et surtout, un final qui tombe vraiment dans la facilité avec un rebondissement commun laissant une dernière fois un léger goût amer sur ce qu'aurait pu être cet Affamés, à ne pas confondre avec celui de 2009, sorte de huis clos asphyxiant dans lequel les gens étaient poussés au cannibalisme par un psychopathe, tout un programme !

Affamés (originellement connu par « Antlers », traduisible par « Bois » chez les américains) est un titre dont la traduction ne reflète pas vraiment le film ou tout du moins en dit trop ou pas assez. En tout cas, c’est un long-métrage qui mélange le thème de la maltraitance infantile avec celui de la légende amérindienne, celle d’une entité vengeresse des hommes, le Wendigo. Si l’enquête est assez bien troussée et bien glauque par moments, que la créature possède un look effrayant donc réussi, on pourra regretter que l'héroïne enfile, une fois n’est pas coutume dans ce type de production, le costume de la sauveuse affrontant les événements avec un courage à toute épreuve. De plus, le dénouement est trop classique voire évident pour un film d’horreur qui voudrait se démarquer du lot ! Malgré cela, on pourra retenir l’ambiance délétère, le jeu des acteurs (dont celui du jeune garçon incarnant Lucas), deux, trois meurtres graphiquement bien rendus, mais on pourra déplorer aussi que le réalisateur ait été un peu trop paresseux dans l’ensemble car on sent qu’il avait le potentiel de rendre quelque chose de plus original voire frontal ! Bref, un mythe bien pensé avec un scénario pas à la hauteur pour un film d'horreur correct qui ne sortira malheureusement pas du lot, même s’il fera tout de même oublier les navets abordant la légende du Wendigo de : Larry Fessenden sorti 20 ans avant celui objet de cette chronique et surtout celui de Paul Kener de 1978, considéré par tout cinéphile qui se respecte comme un nanar intersidéral de premier ordre !

Affamés (2021) | Antlers | 2021
Affamés (2021) | Antlers | 2021
Affamés (2021) | Antlers | 2021
Bande-annonce
Note
3
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Vincent Duménil