Affiche française
Abuela - La | Abuela - La | 2021
Affiche originale
Abuela - La | Abuela - La | 2021
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Abuela - La

Abuela - La

Mannequin espagnol sur Paris, Susana vit une période faste dans le milieu de la mode dans la capitale française. Mais cette percée triomphante dans ce milieu si dur est soudainement interrompue par une annonce qui va l’obliger à rentrer au pays : sa grand-mère, qui représente son unique famille, a été victime d’un accident cérébral. Presque paralysée et laissée muette, Pilar peut compter sur sa petite fille qui va bien s’occuper d’elle tout en prévoyant prochainement son retour sur Paris, elle qui a un avenir prometteur dans la capitale de la mode.
Alors qu’elle séjourne dans le vieil appartement de sa grand-mère où elle a grandi, Susana va voir ressurgir du passé d’anciens souvenirs et va être témoin de phénomènes étranges alors qu’en parallèle Pilar montre un comportement de plus en plus inquiétant…

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L'AVIS:

Paco Plaza, un nom qui forcément vous dit quelque chose. Souvenez-vous : son premier long métrage, "Les enfants d’Abraham", avait reçu le Grand Prix au Festival de Sitges en 2002, mais c’est surtout avec la saga "Rec" qu’il devint l’un des cinéastes espagnols dans le milieu du fantastique les plus acclamés. Le premier opus de cette tétralogie remporta un succès international et fut récompensé de trois Prix au Festival de Gérardmer en 2008 : le Prix du Jury, le Prix du Jury Jeune et surtout le Prix du Public. Son film suivant, "Veronica", reçut quant à lui sept nominations aux Goyas (l’équivalent des César en Espagne) en 2017.

C’est le Vendredi 28 Janvier 2022, jour de sa sortie officielle au cinéma en Espagne, que le film "La abuela" est projeté pour la première fois en France à l’occasion du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer (il passera également une vingtaine de jours plus tard au festival réunionnais Même Pas Peur), en présence de son réalisateur très attendu par les festivaliers. Certes la filmographie de Paco Plaza n’est peut-être pas dense mais le bonhomme a su s’attirer la sympathie du public qui ne parlait que de lui et de son nouveau film dans les files d’attente lors des trois premiers jours du festival vosgien.

Ce n’est pas sans surprise que "La abuela" remporta le Prix du Jury ex-aequo avec "Samhain". Surprenant peut-être que le film de Paco Plaza ne remporte pas un autre Prix, notamment celui-ci du public vu le tonnerre d’applaudissements que nous avons vécu dès que le générique de fin a pointé le bout de son nez. Mais tout cela était sans compter sur le très bon et surprenant "Ego" et l’ultra-primé "The innocents" qui ont raflé chacun deux Prix dans cette 29ème édition.

Une chose est sûre et il n’y a aucun doute là-dessus : Paco Plaza sait instaurer une ambiance anxiogène, « foutre la pétoche » comme on dit plus vulgairement. Cela faisait pas mal de temps (la dernière fois doit remonter à "Conjuring : les dossiers Warren") que je n’avais pas senti mes poils se dresser devant un film fantastique.

En parfait adepte de films de couloirs, le cinéaste espagnol nous plonge ici dans une vieille bâtisse à la décoration datée et présentant en guise d’axe principal un couloir sombre que nous arpenterons à plusieurs reprises, de nuit de préférence, dans le film. Un appartement qui fait office de personnage à part entière tellement ce dernier suscite de l’anxiété chez le spectateur et semble être l’une des pièces importantes du scénario, au même titre que la fameuse abuela (qui signifie « grand-mère » pour les moins hispaniques d’entre nous) dont nous parlerons un peu plus bas.
Comme je le disais juste avant, le fait de nous faire vivre dans cet appartement une fois que le soleil a cédé sa place à la lune va renforcer le climat anxiogène instauré. De grands silences nocturnes, des jeux d’ombres et des couleurs tantôt sombres (beaucoup de scènes de nuit dans l'appartement nous tiennent en haleine) tantôt chaudes (les vieilles lampes, seule façon de se diriger correctement la nuit dans appartement) viennent effectivement contribuer à cette atmosphère des plus angoissantes, au même titre que cette grand-mère intrigante qui saura vous hérisser le poil un tant soit peu que vous vous laissiez emporter par cette histoire.

Là où "The vigil" il y a deux ans à Gérardmer avait su nous angoisser, "La abuela" parvient à nous stresser également mais ne rate pas son final à l'inverse du film de Keith Thomas (même constat pour des "Get out" ou "It follows" soit dit en passant : une ambiance dingue jusqu’à ce dernier chapitre raté…).
Car oui Paco Plaza n'a pas seulement fait un film de flippe car ce dernier a quelque chose à nous raconter : même si certains déploreront une sorte de spoiler en tout début de film lors de la scène d’ouverture (pour ma part, j’avais rapidement oublié cette scène au fil de l’histoire contée, pensant alors sur le coup à un effet de style, rien d’autre, pour annoncer le titre du film…), le dénouement final saura surprendre son public (je n’en dis pas plus) et viendra donner une toute autre orientation à ce film maîtrisé de bout en bout, que ce soit dans son scénario ou dans la maîtrise de son atmosphère des plus intrigantes et angoissantes.

Une anxiété que ressent d’ailleurs de plus en plus notre héroïne qui malheureusement est comme prise au piège dans cet appartement, elle qui veut retourner sur Paris au plus vite pour poursuivre cette percée dans le Monde de la mode, avant qu’un autre mannequin ne lui pique la vedette (ce qui est en train justement de se passer...). Car c'est d'autant plus tragique et cruel que Susana ne semble pas pouvoir s'échapper de cet appartement lugubre où réside sa grand-mère, cette dernière étant comme prisonnière étant donné qu'aucune solution ne semble vouloir se présenter à elle pour faire garder cette vieille dame pour qu'elle puisse repartir sur Paris où elle réside la majeure partie de l’année.

Une intéressante relation qui lie ces deux femmes qui ne semblent pas pouvoir se passer l’une de l’autre. L’une est dépendante de sa petite fille des suites de son accident cérébral tandis que la seconde n’a plus que sa grand-mère comme famille, elle qui l’a vue grandir comme une mère. Mais voilà, cette vieille dame, jadis une grand-mère aimante et complice, est aujourd’hui une toute autre personne… Une personne qui fait froid dans le dos et qui semble au cœur de tous ces évènements étranges pour ne pas dire surnaturels (la mort inexpliquée d’une « mamiesitter », les apparitions/disparitions dans l’appartement…) qui surviennent.

Car cette vieille dame de 85 ans incarnée par une surprenante et très juste Vera Valdez (ancienne muse de Coco Chanel) ne manquera pas de vous faire dresser les poils à plusieurs reprises. Angoissante quand elle semble vous fixer avec ce regard vide (la dame a subi un traumatisme crânien et se retrouve en état végétatif), terrifiante quand, pour on ne sait quelle raison, elle se met à ricaner, et intrigante quand elle semble être à la source de phénomènes inexplicables...

Nous le remarquons bien dans le cinéma fantastique : les enfants ("Quien puede matar a un nino", "The omen"...) et les anciens (" Sainte Maud", "Jusqu'en enfer", "Rec"...) sont de très bons vecteurs d'angoisse (ces êtres que l'on pense inoffensifs nous horrifient et nous questionnent quand des choses étranges semblent provenir d'eux) et "La abuela" vient encore nous le prouver ("The innocents" aussi d’ailleurs, mais du côté des enfants, vu que nous parlions de ce dernier en début de chronique). Cette vieille dame, vue plusieurs fois dans son plus simple appareil, fait d'ailleurs frissonner de par ses formes squelettiques (notre cinéaste joue beaucoup de cela) qui rappellent un certain film de Paco Plaza ayant eu trois suites (comment cela vous ne voyez pas de quoi je veux parler… ?)

Un gouffre sépare les quotidiens de ces deux femmes. Alors que l’une vit dans le Monde de la mode où la beauté, qui ne dure qu’un temps, tient une place des plus importantes, l’autre au contraire vit à l’ombre des projecteurs et des caméras et subit de plein fouet les affres de la vieillesse (des articulations qui se raidissent, un corps qui s’amincit, une peau qui plisse… Sans oublier l’aspect mental qui se détériore petit à petit, cet accident cérébral n’arrangeant pas la situation). Cette idée de transformation de l’enveloppe corporelle est d’ailleurs au cœur du récit mais chut je n’en dévoile pas plus et vous invite à visionner ce très bon film mêlant drame, surnaturel et [spoiler]…………………………………………..…………………………………. sorcellerie………………………………………… [fin du spoiler]

Une fois de plus, Paco Plaza prouve que l’on peut compter sur lui et que le cinéma fantastique ibérique est loin d’être mort. Véritable artisan de l’angoisse, notre cinéaste vient de montrer comment, avec 3-4 acteurs et un appartement, on peut procurer de sacrés frissons à toute une salle de festivaliers à la Perle des Vosges en cette fin de Janvier 2022.

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Bande-annonce
Note
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David Maurice