L'AVIS:

"Crazy bear" est l’un des films surprise de cette année 2023 dans les salles obscures. Qui aurait pensé qu’un fait réel survenu en 1985 aux Etats-Unis durant lequel un ours noir est mort après avoir mangé une certaine quantité de cocaïne aurait donné un film aussi fun et décalé que celui-ci ?
Car c’est bien ce que nous avons ici : Elizabeth Banks ("My movie project", "Charlie’s angels"…) nous livre une comédie horrifique sur la thématique des animaux dangereux que nous aimons tant chez horreur.com et qui est généralement représentée par des films mettant en scène des requins, des crocodiles, des dinosaures voire des insectes.

L’idée de mettre en scène un ours ou un grizzly est déjà plus rare (nous avons bien eu des lions, des sangliers ou encore des serpents parmi les animaux un peu moins mis en avant au cinéma que ceux cités juste avant) mais construire un long-métrage sous forme de comédie et notamment de l’intituler "Cocaine bear" (son titre original que l’on penserait sorti tout droit du Québec, terre des titres les plus loufoques parfois) m’ont carrément séduit et empressé de le visionner.

Dès l’introduction avec son couple de randonneurs qui tombent nez-à-nez avec notre ours drogué qui se frappe la tête de bon cœur contre un arbre, nous sentons que nous allons nous régaler en termes de bêtises devant le film d’Elizabeth Banks et que nous n’avons pas fini de voir la galerie de personnages se faire décimer par notre grosse bête à poils sniffeuse de poudre blanche en provenance directe de Colombie.

Et justement, en parlant de personnages, nous nous amusons à suivre tous ces protagonistes issus d’univers totalement différents et hauts en couleurs il va sans dire. Au programme : un trio de trafiquants (dont l’un en deuil qui fait preuve d’une sensibilité à toute épreuve) venus chercher leur drogue jetée de l’avion dans une forêt nationale de l’Etat de Géorgie, un trio de petites frappes peu malignes qui sèment la terreur parmi les touristes, une ranger quelque peu neuneu et à la ramasse qui n’a d’yeux que pour un inspecteur des eaux et forêts crétin et trop sûr de lui, un détective local tout ce qu’il y a de plus crédule, des ambulanciers peu professionnels, un randonneur devenu hystérique suite à la mort de sa femme, deux jeunes fugueurs ayant préféré faire l’école buissonnière option cocaïne plutôt que de suivre les cours de leurs professeurs (seule la mère de la jeune fille semble équilibrée dans ce casting soit dit en passant)…

Une belle brochette de loosers qui vont bien évidemment se retrouver mêlés à notre histoire d’ours drogué (après avoir chacun suivi un chemin différent, l’histoire se montant petit à petit tel un puzzle et nos personnages se rencontrant les uns après les autres) et donc se rassembler dans cette forêt nationale en compagnie de notre gros mammifère.

Entre quiproquos, gags faisant souvent mouche, confrontations drôles et gores à la fois avec notre ours, altercations entre personnages sur un ton bien souvent bien décalé, le rythme de "Crazy bear" ne faiblit pas et nous embarque dans cette histoire dynamique dans laquelle nous suivons les périples de toute cette galerie d’imbéciles que Jimmy Warden le scénariste a imaginée pour ce film qui mise tout sur l’action et l’humour assurément.
Nous pourrons peut-être noter une légère baisse de rythme et un petit manque de péripéties dans le dernier quart d’heure mettant en confrontation les derniers survivants de notre aventure (je n’en dirai pas plus) entre eux mais également avec notre ours mais pas de quoi fouetter un chat ou remettre en question la bonne tenue et la bonne dynamique du film.

On dit souvent qu’un film est bon du moment que ce dernier est mémorable ou qu’il possède du moins des passages que l’on aime se rappeler entre amis. Hé bien Elizabeth Banks semble avoir réussi son pari car son "Crazy bear" contient quelques scènes qui resteront en mémoire pas mal de temps comme par exemple une scène d’échappée dans les arbres pour fuir l’ours enragé (qui finira pas forcément bien pour tout le monde car… les ours savent monter aux arbres), une scène dans laquelle deux de nos trois petits « malfrats des bacs à sable » se retrouvent confrontés à notre ours sanguinaire ou encore la scène culte du film où deux ambulanciers et la ranger tentent d’échapper à notre bête à bord de l’ambulance. Une scène tout simplement excellente où action, mutilations, effets spéciaux et humour sont au rendez-vous pour notre plus grand plaisir et qui aura donné du fil à retordre à l’équipe du film comme nous l’apprenons dans le making of de "Crazy bear".

Car notre ours noir américain n’est pas du genre tendre quand il est sous l’emprise de la cocaïne et que cela créé une réelle dépendance chez ce dernier, prêt à tout pour récupérer un petit paquet de poudre parmi tous ceux balancés depuis l’avion dans la forêt nationale où il a élu domicile. Et quand ce dernier n’est pas en train de se délecter de la poudre blanche (il faut le voir se rouler par terre et faire le papillon sur le dos !), il s’acharne sur nos chers êtres humains ayant le malheur de croiser sa route. Décapitation, éviscération, arrachages de membres, coups de dents et de griffes en tous genres… sans oublier les dommages collatéraux (balle en pleine tête, traversée d’un pare-brise…) : le film d’Elizabeth Banks ne fait pas dans la dentelle et les maquillages et effets spéciaux (qu’il s’agisse de l’ours tout simplement ou de ces dégâts corporels) sont de très bonne facture.

Au final, "Crazy bear" est une très bonne surprise, une vraie bonne comédie horrifique dans le thème des animaux dangereux (ou des agressions animales si vous préférez). Original, rythmé, décalé et blindé d’effets spéciaux réussis, le film d’Elizabeth Banks est une réussite dans son domaine et parviendra sans mal à conquérir le cœur des fantasticophiles mais pas que. Du très bon que voilà ! Je ne m’étais pas autant amusé devant un film d’agressions animales depuis le très sympathique "Prey" (alias "Prédateur") de ce cher Dick Maas mettant en scène un énorme lion sanguinaire !