Couverture française
Billy Summers
Auteur
Editeur
Date de parution (France)
Pages

560

Couleur ?
Non
Langue

français

Billy Summers

Billy Summers

L'histoire d'un type « bien » ...qui fait un sale boulot.
Billy Summers est un tueur à gages, le meilleur de sa profession, mais il n'accepte de liquider que les salauds. Aujourd'hui, Billy veut décrocher. Avant cela, seul dans sa chambre, il se prépare pour sa dernière mission…

L'AVIS :

Billy Summer passera-t ’il l’Hiver ?

Si Le roi de l'horreur littéraire, Stephen King, n'a pas oublié son immense « fanbase » avec quelques légers clins d’œil à l’hôtel Overlook et ses arbustes taillés en forme d’animaux, Billy Summers propose d’emmener ses lecteurs vers un roman noir, un polar à la trame classique avec tout l’arsenal habituel : tueurs à gages, crimes, victimes, traques du/des coupable(s), visions pessimistes de la société…où l’élément fantastique ne sert pas de support aux habituelles déambulations naturalistes de l’écrivain.

Avec un arc narratif qui comprend de nombreuses intrigues secondaires sans rapport (quoique): le récit in situ d’un membre des US Marines durant la bataille de Fallujah pendant la vertueuse seconde guerre d’Irak de 2004 destinée à « apporter la liberté et la démocratie », les affaires louches des « puissances financières », les amitiés viriles mais correctes entre vieux camarades, tous, plus ou moins, reconvertis dans le crime organisé, un amour platonique entre le protagoniste et une jeune femme victime d'un viol collectif avant d’être jetée comme un sac sur un trottoir pluvieux et découverte des joies et des peines de l’écriture, le récit s’enchaîne de manière redoutable et donne envie au lecteur de tourner la page afin de connaître la suite.

Si, tel un conteur, cette capacité à retenir l’attention de son auditoire est, peut-être, la plus grande force de la carrière de l’auteur du Maine, il arrive de plus, ici, à nous faire enter en empathie (voir en sympathie) avec ce brave Billy, 44 ans, ancien militaire, plus médaillé qu’un Maréchal Soviétique, tueur à gages et tireur d’élite de son état, donc un être, à priori, tout ce qu’il y a de plus détestable.

Billy se crée un personnage, il joue le crétin, il s’arrange pour rester en retrait face aux patrons mafieux qui le paient pour dessouder des gens méchants. Billy se crée plusieurs identités, afin de pouvoir, en toute quiétude effectuer ce qu'il dit être son dernier travail, avant de prendre la poudre d’escampette pour de bon.
Mais, le hasard va, malheureusement, frapper à la porte de sa planque sous les traits d’une jeune femme (Alice, qui a brutalement quitté le pays des merveilles) et pousser par l’humanité qu’il lui reste et contre toute prudence, à la secourir.

Le récit se composant de plusieurs niveaux stylistiques, que l’on a croisé dans moult de ses romans ultérieurs, fonctionne à merveille. L’identité Dave Lockridge écrivant l’histoire de l’enfance de Billy avec un style et celle du même Billy pendant ses années militaires avec un autre.

Son histoire est celle d'un enfant solitaire, devant survire entre un père absent et une mère alcoolique ayant un penchant pour les hommes violents. Un jour (ou peut-être une nuit), l’un d’eux bat à mort sa petite sœur. Mais le garçon de 10 ans sachant où se trouvait une arme à feu réglementaire dans ce type de famille Américaine, l’utilise contre le gros vilain et l'occis à son tour. Forcément, le trauma l’accompagnera toute sa vie. Par la suite, Billy a déménagé dans un foyer d'accueil puis a rejoint les Marines, avant de devenir, finalement un mercenaire.

Au fur et à mesure de l'écriture de sa vie, il va se sentir de plus en plus investi, moralement et mentalement, par cette exercice et se prenant au jeu, commence à se rêver écrivain, au moins en herbe.

Cela lui permettra, surtout, de réévaluer sa justification selon laquelle, en tant que tueur à gage, il n'a exécuté que de « très mauvaises personnes ». Il se rendra vite compte que la non-fiction qu’il écrit peut-être plus véridique que la fiction qu’il s'est façonnée vis à vis de sa vie et de ses actes.

Au final, nous avons un très bon roman, sorte de « road-trip existentialiste » au tonalité grinçante sur les USA contemporains, avec en toile de fond, la guerre en Irak, les violences envers les femmes, l’alliance du pouvoir de l’argent avec les idées d’extrême droite, notamment.
Et même si Ia première partie est bien meilleur que la seconde, comme souvent chez King, et si la conclusion est très (trop?) prévisible, ce serait ballot de se priver de la lecture de ce roman que l’on dévore à toute allure.

Si vous pensiez que les meilleures histoires écrites par Stephen King sont derrières lui, vous devriez jeter un œil sur celui-ci. Il pourrait vous faire changer d’avis.
Dans tous les cas, c’est probablement ce qu’il a livré de mieux depuis un fameux "Mr. Mercedes".

Note
4
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Lionel Jacquet