Alien : Isolation
Alien: Isolation
2137. Quinze ans après la disparition de sa mère à bord du Nostromo, Amanda Ripley tente toujours de la retrouver. Elle débarque alors sur le Sevastopol, en quête d’informations… et découvrira que la station est devenue le terrain de chasse d’une créature mortellement dangereuse.
AVIS :
Les tentatives d’adaptations de l’univers Alien en jeux vidéo sont souvent l’occasion de sacrées déceptions. Aussi, en voyant débarquer, quelques mois après un « Alien : Colonial Marines » largement descendu par la critique, une nouvelle aventure mettant en scène les xénomorphes, on pouvait craindre le pire. Pourtant, après quelques vidéos de présentation, l’espoir naît, notamment avec la volonté de replonger le joueur dans une ambiance proche de celle du film de Ridley Scott.
C’est ainsi la plus belle idée du jeu : loin des FPS bourrins où l’on dégomme de l’alien par dizaines, Alien Isolation choisit de jouer la carte de l’infiltration et du survival : c’est simple, le xénomorphe redevient un ennemi redoutable et mortel. Nous ne disposerons à aucun moment d’armes susceptibles de le tuer (il ne sera possible que de le repousser temporairement), et il est en revanche capable de vous massacrer en un coup : il faut donc à tout prix l’éviter, faire le moins de bruit possible, se cacher et faire diversion afin de l’éviter.
Une idée formidable, qui nous immergera parfaitement dans le jeu, faisant naître une certaine angoisse et nous faisant redouter de voir surgir la créature juste devant nous. Le monstre se déplace rapidement, peut emprunter les conduits de ventilation, et pourra ainsi surgir du sol comme du plafond pour vous attraper et vous tuer de façon spectaculaire. Hélas, l’aspect infiltration est souvent gâché par une gestion étrange de l’intelligence artificielle : si l’on appréciera le comportement imprévisible du xénomorphe, il semblera parfois étonnamment devin, vous retrouvant dans un placard alors qu’il était à l’autre bout de la station, et parfois terriblement con, incapable de vous voir derrière une chaise ne vous cachant pas vraiment ou totalement aveugle lors de certaines actions scriptées.
Ce côté aléatoire finit par rendre certaines phases frustrantes, puisqu’il n’est pas rare de mourir ou de se faire repérer sans avoir fait le moindre bruit ni la moindre erreur. Difficile dans ces conditions de véritablement apprendre de ses échecs, sentiment renforcé par la gestion calamiteuse des points de sauvegarde : il vous faudra parfois repasser par de longues séquences vides entre deux points très éloignés, ou alors vous en trouverez toutes les deux pièces.
Bref, Alien Isolation est aussi agaçant que réjouissant dans ces phases d’infiltration, dont on sort parfois pour des séquences plus musclée, l’alien n’étant pas le seul occupant de la station (mais vous pouvez parfaitement choisir d’esquiver également tout autre affrontement) ou des sorties dans l’espace plutôt ratées. Même le fan-service du jeu, qui multiplie jusqu’au trop plein les clins d’œil et les références à la saga cinématographique, finit par lasser, nous ôtant trop souvent les surprises d’un scénario qui ne brille par ailleurs pas par sa finesse.
On regrettera enfin une bande son très inégale, entre une VF pitoyable (ne jouez surtout pas au contenu bonus « L’équipage peut être sacrifié », vous offrant la possibilité d’incarner les personnages du film originel, en français, c’est une horreur), des musiques pas toujours inspirées, mais des bruitages très réussis (l’éternel détecteur de mouvements, les bruits et réactions des ennemis, les mécanismes à mettre en route) et quelques emprunts bienvenus à la bande originale d’ « Alien le huitième passager ». Les graphismes souffrent également de ce grand écart entre le beau et le très laid, semblant trahir un jeu terminé dans la précipitation ou un manque de soin évident apporté aux détails.
S’il constitue une bien meilleure expérience que les « Alien vs Predator » et « Colonial Marines » de la même génération, Alien Isolation nous laisse un peu le cul entre deux chaises, nous faisant parfois miroiter un formidable potentiel, jusqu’à nous faire frissonner et stresser dans ce cache-cache avec le xénomorphe, pour mieux le gâcher par des mécanismes de gameplay pas assez soignés. Imparfait donc, mais on peut enfin espérer retrouver l’ambiance de la saga sur consoles si les développeurs choisissent de privilégier l’infiltration à la boucherie puérile !