Adam Chaplin

Adam Chaplin

Dans un pays imaginaire, à une époque indéterminée mais qu’on présume contemporaine, un homme, Adam, décide d’enquêter sur la mort suspecte de sa femme et découvre l’implication du boss de la mafia locale. Désirant se venger coûte que coûte mais ne pouvant combattre ce réseau criminel à lui tout seul tout en évitant de prévenir la police qu’il présume corrompue, Adam va alors passer un pacte avec un démon qui lui procurera une force surhumaine en échange de son âme. Le carnage peut alors commencer…

ADAM CHAPLIN | ADAM CHAPLIN | 2011

Si tu es fan de scénarios alambiqués à la "Inception", tu devras passer ton chemin. Ici, le script se résume juste à l’histoire d’un homme évoluant dans un monde affreux rempli de flics véreux, de monstres mutants et cherchant à châtier les meurtriers de sa femme. Il vendra pour cela son âme à une entité démoniaque. Si tu es également une groupie des acteurs en provenance de l’Actor’s Studio, tu peux tout de go revoir tes classiques à la Cinémathèque. Là, les comédiens sont tous mauvais (exception faite de celui qui interprète Adam, mais nous y reviendrons plus tard), à un point tel qu’on peut se demander si cela n'est pas totalement volontaire. Tous ou presque cabotinent à outrance ou bien jouent comme des billes et ne sont pas au niveau. On est ainsi pas loin de "Cradle of fear" de ce côté-là par son côté hyper amateur. Par ailleurs, les voix ne semblent pas naturelles et paraissent souvent modifiées, ce qui leur enlève toute expression, mais surtout toute crédibilité. La palme revenant au big boss dont la voix est similaire à celle d’un Daffy Duck sous amphétamines. Du grand n’importe quoi ! Si tu es en plus un adepte des dialogues ciselés et généreux d’un Quentin Tarantino au sommet de sa forme, il te faudra de même regagner tes pénates et ne point visionner ce métrage car celui-là ferait se retourner le grand Michel Audiard dans sa tombe tellement les dialogues sont indigents au possible. Et enfin, si tu adores par-dessus tout les prouesses de mise en scène, ce film n’est décidément pas pour toi. Sur fond de décors minimalistes, la réalisation est maladroite, les cadrages pas toujours bienvenus (on a d’ailleurs pas mal de gros plans pour tenter de cacher la pauvreté du décorum) et parfois l’image est trop sombre et certains effets de filtres relativement laids, ce qui rend le tout assez illisible. De plus, les sons ont un rendu vraiment médiocre. Outre les voix nasillardes de certains protagonistes, les effets sonores sont mal dosés. On entend en effet distinctement le bruit des pas lorsqu’un personnage déambule mais on n’entend plus rien quand celui-là même se prend un coup de fusil dans la tête!? Bref, cette entreprise frôle l’amateurisme à plein nez et on est plus près d’un Uwe Boll habituel que d’un John Carpenter des grands jours.

Pourtant, « rien ne peut vous préparer à ce combat extrêmement sanglant » qu’elle disait la jaquette américaine ! Eh bien elle avait raison, car si tu oublies tout ce qui a été dit avant, toi l’amoureux de scènes trash avec geysers de sang foisonnants, de barbaque et tripailles éparpillées çà et là, tu vas être servi, avec double ration même ! Première production cinématographique de Necrostorm, une boîte transalpine nostalgique des années 80/90 produisant jeux vidéo et autres métrages gore (comme "Taeter City" et "Hotel Inferno"), Adam Chaplin était pour moi un film mystérieux à la jaquette étrange avec un gars au teint blafard et aux yeux livides version "The crow" du pauvre (parlant également de vengeance), semblant comme possédé, mais qui me faisait de l’œil à chaque fois que je l’apercevais dans certains bacs de DVD d’occasion. Puis j’ai craqué et acheté cette production underground en provenance d’Italie réalisée par un illustre inconnu, Emanuele De Santi. Ce dernier porte pour l’occasion une quadruple casquette puisqu'il est aussi acteur principal, compositeur de la bande-son, scénariste et qu’il est accessoirement le frère de Giulio, le manager de Necrostorm jouant également dans le film. Dès le début de celui-ci, on sent qu’il s’agit-là d’une première œuvre et que le gros nanar qui tâche n’est pas loin avec les imperfections susmentionnées par ailleurs mais qui ne sont somme toute que les défauts habituels de ce genre de pellicule indépendante. Malgré tout, Adam Chaplin réussit tout de même à nous garder attentif par le sérieux de sa trame chétive et son ambiance assez glauque. Il faut dire que le long-métrage repose presque entièrement sur le personnage d'Adam qui est très charismatique et est parfaitement interprété par Emanuele De Santi, un bellâtre bodybuildé au jeu d’acteur monolithique rappelant « Ken le survivant ». D’ailleurs cette référence au manga japonais n’est pas un hasard. En effet, énormément de combats sont homériques car ultra sanguinolents avec des corps qui explosent littéralement rappelant tout aussi bien la série avec le combattant de l’école du Hokuto que "Story of Ricky", le chef d’œuvre du film de baston gore.

Vous l’aurez aisément compris, la grande force du métrage réside dans sa brutalité. Les scènes de combats s’apparentent à d’énormes boucheries avec des carcasses humaines qui implosent ou explosent à tout va et des litres de sang expulsés des blessures en jets d’hémoglobine puissants. Le gore est ainsi omniprésent : têtes défoncées d’un seul coup de poing, démembrement, empalement par l’anus et autres joyeusetés du genre. On n’a donc pas le temps de s’ennuyer, d’autant que les scènes de baston sont originales et bourrées d'énergie, réussissant, au final, à illustrer parfaitement la brutalité du personnage principal. Notons à ce sujet que les effets liés au sang ont été réalisés avec un tout nouveau procédé : le H.A.B.S. (pour « Hyper realistic Anime Blood Simulation »), propre aux De Santi. Par sa générosité et son côté exagéré Adam Chaplin amuse autant qu’il fascine et nous rappelle d’autres premiers films faits avec beaucoup de cœur et trois bouts de ficelle, à l’instar du formidable "Bad Taste" d’un tout jeune Peter Jackson, qu’on ne présente plus. Cette largesse cinématographique doublée d’un esprit potache assumé fait également écho à certains longs-métrages japonais, eux aussi peu avares en délires visuels saignants comme "Tokyo gore police" ou encore "Vampire girl vs Frankenstein girl".

Alors certes c'est moche (tous les acteurs mis à part Emanuele De Santi sont horribles physiquement), mal joué, les dialogues sont à gerber et le scénario n’est pas original pour deux sous. Mais, sous ses faux aspects de nanar, Adam Chaplin est un petit film d’une incroyable générosité nanti d’effets gore extrêmement convaincants au vu de son budget ridicule et de séquences de baston dynamiques comme on les aime. Plus d’une vingtaine de tués quand même au compteur ! Alors laissez-vous convaincre par ce métrage, idéal pour les fans de globules rouges suintant par tous les pores qui pourrait peut-être redonner ses lettres de noblesse au cinéma de genre italien.

ADAM CHAPLIN | ADAM CHAPLIN | 2011
ADAM CHAPLIN | ADAM CHAPLIN | 2011
ADAM CHAPLIN | ADAM CHAPLIN | 2011
Note
4
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Vincent Duménil